Paris est à 200 km, 56 euros aller et retour, et pourtant voilà ce que conseillent parfois les dentistes du Havre à leurs patients : « Allez à Paris, ou attendez deux ou trois mois pour avoir une consultation ». Dans les campagnes mais aussi dans certaines grandes villes, le désert médical gagne du terrain.
Il manque des dentistes au Havre mais aussi des médecins. Surtout des psychiatres (- 52 % par rapport à la moyenne nationale), des pédiatres, (- 21 %), et des infirmières (- 19%). Et la panne ne fait que commencer : 40 % des médecins généralistes de la ville ont plus de 55 ans et partiront sous peu à la retraite.
Il y a quelques jours, les spécialistes de la santé publique tiraient la sonnette d’alarme. « Il n’y aura bientôt plus que 40 dentistes pour 100 000 habitants, et alors ce sera la catastrophe ». Le Havre est déjà en dessous du seuil de catastrophe : la ville ne compte que 37 dentistes.
Pourtant le Havre n’est pas une petite ville. C’est la onzième ville de France, le premier port français sur la Manche, et l’un des ports européens les plus dynamiques (il a la plus forte croissance du rail maritime de l’Europe du nord).
Médecins et dentistes rechignent à s’y installer – pourtant, la ville n’est plus coco mais UMP ! Et ce n’est même pas une question d’argent : avantage de la pénurie, le revenu des professions de santé de la ville est bien supérieur à la moyenne nationale. Non, le problème réside dans l’image, négative, de la ville pourtant classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco (juillet 2005). À l’absence de soleil s’ajoute le mythe gris et triste de la cité ouvrière, industrielle. La ville portuaire est peu attractive pour les toubibs.
Cette situation remet en cause le principe de libre accès aux soins. Pourtant, elle est ignorée des instances nationales. Autant concernant la pénurie de médecins à la campagne, l’information a circulé, autant sur cette pénurie dans les grandes villes, c’est motus et bouche cousue.
Cette pénurie pose différents problèmes. S’il n’est pas possible aujourd’hui de constater ses conséquences sur la santé de la population, elle crispe les relations entre les médecins et leurs patients. Les files d’attente s’allongent. Les patients estiment que certaines douleurs ne sont pas prises en compte suffisamment rapidement. Et les hôpitaux publics doivent faire face à une surcharge de pathologies qui normalement relèvent de la médecine de ville.
Ce sont les professions médicales qui ont réagi les premières. Le docteur Luc Lecerf s’est, parmi les premiers, préoccupé du problème. Il parcourt les facs de médecine de Rouen et de Lille pour « vendre la ville ». Conscient que les médecins des autres villes ne souhaitent pas s’installer au Havre, il va chaque année dans les classes de terminale S de la ville pour inciter les élèves à se diriger vers les métiers de la santé. C’est difficile, les atavismes sont forts, « les Havrais préfèrent devenir ingénieurs ou commerciaux ».
Du côté de la municipalité, l’on commence à se mobiliser. D’une part parce que cette lacune médicale risque de freiner le développement de la ville. « Quelle entreprise accepterait de venir installer son siège social dans ce désert médical ? ». D’autre part pour défendre la santé des citoyens havrais – qui sont également des électeurs. Alors les autorités locales ont mis en place des packages de bienvenue pour les médecins. « On leur offre des facilités d’installation importantes », explique Édouard Philippe, un élu du Havre. « Par ailleurs, la ville leur offre un abonnement d’un an au théâtre et prend en charge les inscriptions de leurs enfants dans les clubs de sport ».
Ces efforts restent insuffisants. Même privilégié, le toubib ne s’installe pas dans une ville grise.
Bakchich propose qu’en plus, une fois par semaine, la mairie, voire la Sécurité Sociale pourquoi pas, offre aux épouses de médecins une journée de shopping à Paris. C’est pas une bonne idée ça ?
Ben oui, c’est la pénurie ma petite dame, 6 mois pour un rendez vous chez l’ophtalmo, 1 an et demi pour la visite annuelle chez le gynecologue.
C’est la guerre ? Mais non c’est du lobbying syndical et çà marche. Quand on vous demande un rendez vous, prenez le pour dans trois mois. Vous avez l’air occupé, débordé , vous êtes donc un bon médecin. Les urgences vous les ferez au tarif week end, Depuis que notre syndicat utilise cette méthode vous êtes augmenté tous les ans.
Le patient pense que vous travaillez tous les jours, qu’il continue, le mercredi c’est pour les enfants le jeudi c’est pour le golf. Arrivez tôt, partez tard , on ne vous demandera pas s’y vous êtes au cabinet dans la journée, ni si vous avez reçu des visiteurs médicaux pendant 2 heures.
Chez les contrôleurs aériens, on appellerait çà une grève du zèle. Dans le fonctionnariat libéral, c’est une forme de résistance civique pour préserver le meilleur système de santé du monde.
Alors ici, il faut être malin, brosser les dans le sens du poil, pour obtenir le rendez vous en urgence et à titre exceptionnel, à quatorze heures dans deux jours, parce que çà vous contrarierai fortement d’aller voir un médecin qui ne vous connait pas. Et remerciez bien bas la secrétaire qui elle aussi a besoin de considération.
Travailler plus pour gagner plus ? Pas forcément, quand on arrive à se faire payer le double les 35 premières heures, il n’est pas nécessaire de faire des heures supplémentaires.
Mais chut, ne le répétez à personne.
Ah j’oubliais, le message de prévention santé obligatoire :
Pour préservez votre santé, évitez de parler à votre médecin, çà risquerait de vous rendre malade.
Habitant du 74, ce ne sont plus les délais qui m’inquiètent, ce sont plutôt les refus clairs et nets d’accepter de nouveaux patients… C’est le cas des ophtalmos, des psys, etc.
Le pire, c’est d’en arriver à mentir pour simuler une urgence et être accepté aux consultations hospitalières. Là, vous tombez sur des médecins qui ne traitent pas les pathologies mais juste les symptômes les plus évidents afin d’aller plus vite et de ne plus vous revoir.
A quand les voyages médicaux organisés pour les pays du Maghreb ou l’Europe de l’est ?
Bakchich propose qu’en plus, une fois par semaine, la mairie, voire la Sécurité Sociale pourquoi pas, offre aux épouses de médecins une journée de shopping à Paris. C’est pas une bonne idée ça ?
Excellente, lorsqu’on sait le nombre de perturbations sur la ligne St Lazare- Le Havre…..