Une sarabande désopilante de phrases, de trouvailles littéraires et sonores. Un régal.
Cela se passe au théâtre (du Rond-Point), donc c’est du théâtre. Mais c’est aussi autre chose, quelque chose comme une sarabande de phrases un peu cinglées, un peu tordues, où la langue jouerait avec l’oreille, avec l’œil aussi, et la mémoire. Cet objet théâtral bizarre a pour titre « Oulipo : pièces détachées ». C’est la pièce composée par Michel Abecassis à partir de fragments des textes des oulipiens.
Oulipo ? Oui : pour « Ouvroir de littérature potentielle », le groupe fondé en 1960 par François Le Lionnais et Raymond Queneau. Ceux chez qui le nom ravive un souvenir ajouteront « Perec », voire « Duchamp » ou « Calvino ». Certes, certes. Mais ces membres sont « excusés aux réunions pour cause de décès », quand l’Ouvroir est encore actif, ô combien.
C’est parmi les vivants, les forces vives d’aujourd’hui que Michel Abecassis a surtout pioché, de Roubaud à Bénabou, Grangaud ou Monk, de Fournel à Mathews, Jouet ou Le Tellier. S’il y a toujours du jeu dans les œuvres oulipiennes, il y a parfois du tragique. Ici, le metteur en scène a fait le choix du rire.
Le résultat est une plongée désopilante dans un univers de trouvailles littéraires et sonores. C’est étonnant, c’est époustouflant, c’est musical comme sait l’être le langage. Pour soutenir la virtuosité des textes, Abecassis a jeté dans l’arène trois comédiens, non moins virtuoses, de véritables trapézistes de la diction, qui font fi du signifiant et du signifié : Nicolas Dangoise, Pierre Ollier, et Olivier Salon – de l’Oulipo lui aussi. La mise en scène, réglée au millimètre, est lumineuse. Ça dure quoi, à peine plus d’une heure ? C’est vraiment vif, drôle, intelligent.
« Oulipo : pièces détachées » au Théâtre du Rond-Point du 22 janvier au 24 février 2008 à 18h30 du mardi au dimanche, relâche lundi