Chaque semaine, Jacques Gaillard ouvre son dico perso et taille un costard (voire une soutane) aux mots à la mode.
« Ce que les gens racontent, disant que je transforme des missions gouvernementales en missions politiques, ne sont que des bobards. Et puis, pourquoi vous me reprochez des choses comme ça, alors que d’autres membres du gouvernement font pire que moi ? » Non, ce n’est pas Boutin qui cafte, c’est la ministre de l’Éducation de base, de l’Alphabétisation et des Langues nationales, Mme Sidibé Aminata Diallo. C’est sur Maliweb.net, vu que cela se passe à Bamako. À Paris, de telles choses sont absolument impossibles, et si notre Boubou s’est fait prendre en position de missionnaire, elle est formelle : elle ne fait pas ça pour l’argent. Encore moins par magouille politique. Non, son futur rapport sur la mondialisation, c’est juste pour caler un meuble.
Roland Barthes observa naguère que le fameux postulat « la France a en Afrique une mission » impliquait une sournoise métaphore qui nous ramène à l’Église et à l’évangélisation des sauvages. Mais, aussi, vu que ce mot ratisse large dans le champ des connotations, « mission » sent la caserne, le pied de légionnaire, la barbouze des agents infiltrés, les explorateurs cernés par les Pygmées, la chapelle de Fort Alamo et les chutes d’Iguazu avec De Niro, musique de Morricone. Car, une mission, souvent, c’est du cinéma. Futile comme la « feuille de route », ce GPS qu’on donne désormais aux ministres de peur qu’ils ne se paument entre Matignon et Saint-Tropez et fassent rien qu’à jouer au ping-pong dans leur salon, faute d’instructions du boss.
Pécresse, qu’on croyait cachée dans son congélateur depuis le 21 mars, exige soudain de la « transparence ». On avait des missions opaques, des intromissions à l’Intérieur, des compromissions à la con pour vrais pros, et on ne le savait même pas ! Gare, si ça continue, on va révéler à quoi servent Devedjian et Bockel, ce que bidouillent Nora Berra et Michel Mercier, et si Novelli a retrouvé sa TVA perdue…