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Micmacs à tire-larigot : le fabuleux rien de Dany Poulain

On s’fait une toile ? / mardi 3 novembre 2009 par Marc Godin
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Les tribulations d’une bande de chiffonniers en guerre contre de méchants marchands d’armes. Une pantalonnade kitsch et débile par le papa d’Amélie Poulain.


- Pas possible d’allumer la télé ces jours-ci sans voir la trogne de Dany Boon.

- Le cinéma français est financé par la télé. Pour cartonner en salles, les décideurs veulent absolument un comique capable de faire le show chez Denisot, Arthur ou Drucker. C’est pour cela que Jean Dujardin, Kad Merad, Gad Elmaleh, Franck Dubosc ou Dany Boon trustent maintenant le haut de l’affiche.

- Et Jamel ?

- C’est marrant que tu mentionnes Jamel, il devait être la vedette de Micmacs à tire-larigot. Deux mois avant le début du tournage, il a laissé tomber. Pour une fois, il avait peut-être lu le scénario…

- On dirait que tu n’as pas apprécié le Jeunet à sa juste valeur ?

- On peut dire ça comme ça.

- Alors, le pitch ?

- Bazil n’a pas de chance dans la vie. En plus d’avoir un look de clodo Jean Paul Gaultier, son papa a fait boum sur une mine et il a lui-même, logé à l’intérieur de son front, une balle qui peut le faire mourir à tout instant. Avec une bande de chiffonniers bas de plafond, il va se venger des méchants marchands d’armes.

- Et ?

- C’est tout !

- Arrête !

- Je t’assure. Comme il faut meubler les 1h 44, Jeunet invente deux ou trois péripéties pour ses caricatures de personnages : une contorsionniste se planque dans un frigo, Dany Boon espionne des malfaisants, passe à travers les cheminées, fait l’Homme-canon …

- Ca fait beaucoup de passages dans des conduits sombres et étroits… Où il veut en venir, J. P. J. ?

- Nulle part. Jeunet n’est pas un metteur en scène, c’est un enlumineur, un taxidermiste, M. Ripolin du kitsch. Le logo de sa boîte, Tapioca, c’est un opérateur qui tourne la manivelle de sa caméra. Son credo, le cinéma bricolo, le réalisme poétique, les films de Carné/Prévert, revus et corrigés par le numérique. Jeunet fait dans l’esthétique-toc : un diable devant le Moulin-Rouge, les pavés luisants devant un pavillon de banlieue, le canal Saint Martin… Un Paris qui n’existe plus, ou seulement dans le cœur des touristes japonais et des pubards, avec des couleurs Photoshop. C’est parfait pour une pub Chanel, un peu court pour du cinéma.

Lourd, moche et sans grâce

- Et Micmacs, qu’est-ce que ça raconte ?

- Rien, et c’est ça le problème. La filmo de Jeunet est d’une consternante vacuité. Si Delicatessen pouvait faire illusion, il n’y avait rien dans La Cité des enfants perdus ; Alien la Résurrection, dans lequel Sigou affronte un suppo géant, était une cata ; Un long dimanche de fiançailles, une trahison du beau roman de Japrisot, et le triomphal Amélie Poulain, une histoire d’amour factice et insipide sur fond de poésie à deux balles. Avec Micmacs, Jeunet revisite la série Mission : impossible qu’il transpose dans l’univers rétro-nostalgique-cucul d’Amélie, avec une pincée de slapstick. Son modèle, le cinéma muet. On se poursuit, on tombe, on s’envole… Jeunet rêve de Chaplin et de Keaton mais fait du cinéma à la tronçonneuse, comme Albert Dupontel. C’est lourd, moche, sans grâce et surtout sans âme. La poésie, c’est plus dur à maîtriser qu’un logiciel.

- Bah, pas de quoi s’énerver quand même ? Jeunet n’est pas le seul mauvais réalisateur français ?

- On ne peut lui tenir rigueur de son manque de talent. Mais ce qui me débecte profondément, c’est sa mégalomanie. Depuis le triomphe d’Amélie Poulain, Jeunet ne se sent plus. Comme Luc Besson ou même Sarko, il voudrait être reconnu pour son génie. Alors dès qu’il peut, il passe ses nerfs sur les critiques, des ignares, des jaloux, incapables de reconnaître son talent. Comme Kaganski, régulièrement qualifié de « merde »…

- Conclusion ?

- Pour un film qui commence avec le générique du Grand Sommeil, on baille beaucoup…

Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet avec Dany Boon, Julie Ferrier, Yolande Moreau, Jean-Pierre Marielle. En salles depuis le 28 octobre

Retrouvez une chronique ciné inédite signée Marc Godin chaque mercredi dans Bakchich Hebdo, en vente chez tous les marchands de journaux.

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17 MESSAGES
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Forum

  • Micmacs à tire-larigot : le fabuleux rien de Dany Poulain
    le jeudi 26 novembre 2009 à 09:59, Claire Caquel a dit :
    Il me semble que dans son irrésistible, jouissive envie de "descendre" le dernier film de Jeunet, Marc Godin sape surtout sa crédibilité de critique cinéma ! Son article (ô combien pauvre en arguments pour attaquer le film) pourrait se résumer en un minable "j’aime pas Jeunet, et en plus il se la pète, faisons redescendre ce mec sur Terre ! Et puis quitte à passer mes nerfs aujourd’hui, je n’aime pas non plus Dupontel ni Sarko !". PIRE qu’un commentaire sur Allociné, moi je dis !
    • Micmacs à tire-larigot : le fabuleux rien de Dany Poulain
      le vendredi 4 décembre 2009 à 10:51, Marc Godin a dit :

      Bonjour très chère Claire,

      D’abord les insultes. "Pire qu’un commentaire sur Allociné". Alors là, ça fait mal.

      Quant à mon "irrésistible envie de descendre" un film, non, je ne fonctionne pas de la sorte. J’aime le cinéma et l’idée principale est de vibrer pendant de deux heures : rire, frissonner, pleurer, tomber amoureux…

      Je n’aime pas le cinéma de Jeunet, pour des raisons exposées dans mon papier, si, si, relisez-le. Je résume néanmoins : pas de scénario, des persos artificiels, tout pour la forme (une invraisemblable esthétique jaune pisse), rien dans le fond (les marchands d’armes sont trop méchants). J’ajoute, car je connais le bonhomme, que Jeunet (comme Besson ou Sarko) ne supporte pas de ne pas être reconnu comme un génie et méprise copieusement les journalistes qui ne vénèrent pas comme ils le devraient. Une attitude très intelligente…

      Sans racune, mais surtout arrêtez d’aller lire les commentaires sur Allociné et revenez plus souvent sur Bakchich.

  • Micmacs à tire-larigot : le fabuleux rien de Dany Poulain
    le dimanche 8 novembre 2009 à 19:49, jfb a dit :
    Je trouve le commentaire sur le film de Jeunet injuste, en tous les cas exagéré. On peut penser ce que l’on veut du film, mais être désagréable et gratuit n’est pas toujours justifié. En tous les cas ce n’était pas nécessaire. Un critique qui saque un film devrait s’abstenir. Regarder plutôt les commentaires des spectateurs (site d’allociné), eux se trompent rarement. Tire-larigot n’est peut-être pas un immense film (quoique, de toute façon c’est le futur qui le dira), mais on en ressort heureux, heureux d’avoir vu un monde imaginaire et drôle, avec des acteurs qui assurent. Moi je dis, au contraire : aller voir ce film, c’est du bon cinéma. Du très bon cinéma. jfb
  • Micmacs à tire-larigot : le fabuleux rien de Dany Poulain
    le vendredi 6 novembre 2009 à 15:36, Mallory a dit :
    Bon va peut’ être falloir se calmer un tantinet, c’ est très bien de critiquer, jeter le pavé dans la marre, dire ce qu’ on pense, et qu’ on pense pas somme tout le monde, sauf que le but dans cette histoire c’ est d’ avoir un discours concret, intéressant et qui nourrisse l’ atmosphère humaine, et là pardonnez moi mais on en est loin. Pire que tout on sombre dans la caricature dont on en expurge nos critiques …. oui ce film ne sent pas bon, certes, mais pour ce qui est des autres Delicatessen, Cité des enfants et autre Alien, je suis persuadé que vous comme nous tous les avez grandement appréciés … si si si, voyons un peu d’ honnêteté, il y a plus de dix ans …. ne me faites pas croire l’ inverse, non vous voyez tout le danger est là : la Tendance, le pseudo Contre courant, ce sont de bien jolis prédateurs dont les griffes acérés bercent notre pauvre besoin d’ être en accord avec soi même, belle conneries que cet " Accord avec soi même ". Ce qui ne m’ empêche pas de penser qu’ Amélie Poulain sonna le glas d’ une certaine créativité poétique. That’ s life.
  • Article à tire-larigot : le fabuleux rien de Marc Godin
    le mercredi 4 novembre 2009 à 21:50, frylone a dit :
    Cher auteur, votre critique est des plus facile, parce qu’àprès l’avoir lu, je n’ai pas appris grand chose sur le film par contre sur Jean-pierre Jeunet, j’en sais un peu plus sur sa filmographie. Au final, le parti pris du dialogue pour parler du film, c’est un peu les soi-disant "couleurs Photoshop" de Jeunet, c’est beau en apparence et "C’est tout !". Bref, si vous avez une dent contre monsieur Jeunet, écrivez-lui mais ne vous servez pas de ce journal pour le mordre en publique. En critiquant de cette manière, vous faites passer les gens qui ont aimé ce film pour des personnes "Lourd, moche et sans grâce". J’ai rien contre vous, mais soyez respectueux du travail effectué et des personnes qui l’apprécient même si il n’est pas à votre goût. Y’à d’autres façons d’en parler. Et n’oubliez pas que le cinéma est un divertissement et pas une prise de tête.
    • Article à tire-larigot : le fabuleux rien de Marc Godin
      le vendredi 6 novembre 2009 à 15:34, Godin Marc a dit :

      Bonjour Frylone,

      Comme vous l’avez compris, je n’aime ni Jean-Pierre Jeunet, ni son cinéma. Mais je ne porte aucun jugement sur les spectateurs qui aiment (ou n’aiment pas, d’ailleurs) ses films. Je n’ai pas le monopole du bon (ou du mauvais) goût. Alors que Jeunet est largement encensé en France depuis le triomphe d’Améile Poulain, je voulais faire entende une voix différente : la mienne. Mais bon, je crois que sur ce coup là, je n’ai pas été le seul à descendre Micmacs à tire-larigot (quel titre mon dieu !).

  • Micmacs à tire-larigot : le fabuleux rien de Dany Poulain
    le mardi 3 novembre 2009 à 17:57
    j’ai vu le film, j’ai passé un très bon moment, j’ai même ri ,j’ai trouvé très réussie la rencontre de tous ces acteurs à "bobines", mais je dois avouer que c’est un film qui ne laisse aucune trace…
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