Marianne, de l’autre côté de la meute

Pour relire le coup de boule d’hier « Marianne, du côté de la meute », c’est ici]

Moi je trouve ce coup de gueule plutôt sympa, il rappelle le bon vieux temps où on fumait encore dans les bistrots et où, après quelques verres, un gars de la bande un peu mûr déblatérait dans un coin.

Ici, le gars qui déblatère commence par dire qu’il « ne sait pas grand chose de l’hebdomadaire Marianne ». Bof, on croit à une figure de style. Mais non, ça se vérifie. Le pauvre zappe des lettres aux noms propres. Les directeur et directeur de la rédaction de Marianne sont Maurice SZAFRAN et Laurent NEUMANN, et pas Safran et Neuman (Oh, c’est inutile de vérifier maintenant, les correcteurs ont fini par rectifier le tir). Bah, ce sont des choses qui arrivent. Tout le monde peut se tromper.

L’ami Thoret poursuit. Maurice Szafran et Laurent Neumann sont « atteints d’un sarko strabisme amusant ». C’est un point de vue. Il a bien le droit de prendre la défense de Sarkozy après tout, et comme pigiste à Charlie-Hebdo, qu’il s’inspire de Philippe Val est plutôt normal. Mais c’est sûr, avec Jean-Baptiste Thoret, on n’a pas le même humour.

Moi, ce qui m’amuse, c’est qu’on s’en prenne au seul Marianne quand l’ensemble des « grands » hebdo d’information franco-français (le Point, l’Express, le Nouvel Obs) font, depuis des semaines, leurs unes sur Sarkozy-Bruni. La com’, à l’image des people Paris-Match, VSD, Voici, Closer et consorts.

Au passage, Marianne a consacré un dossier spécial qui n’était pas sur Sarko celui-là, mais sur l’obscénité que représente le mélange politique et people, mis en scène par les médias. C’était la couverture du n°565 du 16 au 22 février : « Politique, médias, people, l’obscénité jusqu’où ? » .

La une « Hier, ils se couchaient… Aujourd’hui ils le lynchent » fait référence à une expression de Jean-François Kahn, « ils lèchent, ils lâchent, ils lynchent ». Le sujet du verbe, c’est souvent les médias.

Marianne est l’un des seuls journaux à avoir critiqué Nicolas Sarkozy du temps où la plupart des autres se couchaient sans complexe. C’est entre autre le « fameux dossier »(du n°521, du 14 au 23 avril 2007) évoqué par Jean-Baptiste Thoret, où, selon lui, on nous expliquait que Sarkozy était fou. Ses auteurs, Jean-François Kahn, Philippe Cohen, Laurence Dequay et le service France de Marianne rappellaient simplement quelques trouvailles hallucinantes du père Sarko. Comme son coup d’annoncer vouloir « faire repérer chez les marmots de 2 ans les bourgeons de la délinquance », ou encore « l’annonce de la création, en cas de victoire de la droite, d’un “ministère de l’intégration et de l’identité nationale”, annonce (…) dont même l’extrême droite autrichienne de Jörg Haider avait tenu à dénoncer les “nauséeux relents”. »

Les auteurs du dossier « Le vrai Sarkozy » insistent sur la peur des journalistes et des politiques, de droite comme de gauche, face au « Petit César » à l’insulte facile et dont le rapport à la démocratie est ambiguë.

Mais je m’égare. Oubliant que je réponds à un lecteur de Marianne qui ne lit, en fait, pas Marianne : « Si j’en juge à ses couvertures, Marianne me fait penser à une sorte de Minute bas de plafond, qui a substitué à la peur du communisme la haine du sarkozyste ». Alors là, comparer Marianne à Minute, ça c’est fort. Minute… tout un symbole. Celui de la presse d’extrême droite. Pure calomnie !

Quant à la haine du journal pour le sarkozyste, deux choses. Primo, Marianne est certes un canard anti-Sarkozy et anti-sarkozysme (ouf, il en faut bien quelques-uns), mais certainement pas un canard anti-sarkozyste. Un exemple, les dernières phrases du fameux dossier Sarko-le-fou : « Voter Sarkozy n’est pas un crime. C’est même un droit. (…) S’il est élu, nous savons que nous pourrions en payer le prix. Nous l’acceptons. » Secundo, à ce que je sache, contrairement au sarkozysme, le communisme n’a jamais été au pouvoir en France. Ça fait une petite différence avec Minute.

En bon petit esprit lecteur du rot hebdomadaire, je vous salue bien.

P. S. : Un conseil de lecture, Les nouveaux chiens de garde, de Serge Halimi. Là, vous avez une vraie critique des médias.