L’adaptation d’une BD à succès, un filmage à l’américaine : un film d’action bling bling, con comme du Besson.
D’après la critique, Largo Winch n’aurait « rien à envier aux superproductions hollywoodiennes » et serait la réponse française aux films d’action US. Du gros, du lourd, du puissant. En fait, Largo Winch, c’est la déclinaison des recettes marketing de Luc Besson : faire du cinéma bling bling, du la série B crétine qui singe la production américaine avec héros musclé, gonzesses, bastons, paysages exotiques et variés. A l’arrivée, Largo Winch n’est qu’une grosse production sans âme, une machine à fric pour racketter les fans de la BD et les autres (impossible d’échapper à la promo Largo sur toutes les chaînes, sur le net, à la radio).
Donc Tomer Sisley est Largo Winch (c’est la pub qui le dit). Bardé d’abdos comme un spartiate de 300, il arbore un sublime coiffé/décoiffé l’Oréal et tente de retrouver, armé de son couteau à cran d’arrêt, les assassins de son père, roi du CAC 40 (un Bernard Madoff qui n’aurait pas encore fait faillite, quoi).
L’empire du papa étant menacé par des requins de la finance, le fiston coolissime mais torturé par son passé va tenter de récupérer la multinationale des griffes de méchants russes (ah oui, pour l’originalité du scénar, vous repasserez), d’Asiatiques fourbes et de femmes forcément fatales. On se menace donc d’OPA et de contre-OPA et, entre deux ronflements, on entend des dialogues aussi énormes que « Je suis majoritaire à 65% » (c’est boooo comme du Jean-Marc Sylvestre !), « Le premier milliard est toujours suspect » ou le déjà anthologique « Je vous cède l’intégralité de mon Anstalt ». Pour masquer le vide, le réalisateur Jérôme Salle, déjà responsable d’un Anthony Zimmer de sinistre mémoire, fait de beaux plans illustratifs mais inutiles. Il filme au moins dix fois la baie de Hong Kong la nuit (super pour la bande annonce), mais se montre incapable de réaliser une séquence originale dans cette ville sublimée par Johnnie To ou Wong Kar-waï. La mise en scène de Salle, c’est l’esbrouffe. Il multiplie les plans à l’hélico, c’est chic, mais il ne filme rien. Pour l’action, c’est encore pire. Lors de la baston finale entre Largo et le super méchant, Salle alterne les plans très serrés entre les deux combattants (donc on ne voit rien de la baston, ni de l’enchaînement des coups) qu’il monte cut et les plans large à l’hélico. Résultat, un final décoratif, emphatique, sans suspense, mal filmé, mal monté. C’est juste pathétique. Il y a bien sûr d’autres scènes spectaculaires tournées aux quatre coins de la planète, mais on est loin d’un Jason Bourne pour l’efficacité ou d’un 007 pour la précision de la mise en scène.
L’autre gros problème de Largo Winch, c’est la distribution. Tomer Sisley, qui répète en boucle lors des interviews qu’il a « réalisé lui-même toutes ses cascades », affiche deux expressions : la mâchoire serrée quand il doit se bagarrer, le rictus dominateur quand il croise une femme ou un adversaire. L’immense Gilbert Melki attend que ça passe, le méchant russe (incarné par Karel Roden) a le visage vérolé et roule des yeux comme un acteur du muet. Plus inquiétant encore, les femmes du film sont – comme chez Besson – des saintes ou des putes (ah, vous allez vous régaler avec la scène avec cette femme en tailleur dans les toilettes, la petite culotte en bas des chevilles, on se croirait dans Taxi). Kolossale rigolade !
Sponsorisé par Canal +, Caisse d’Epargne, MSN.fr, Audi, NRJ, Cathay Pacific, SFR, Dupuis et Mastercard (qui fait de très beaux placements de produits pendant tout le film), Largo Winch est un film d’action kitsch qui semble tout droit sorti des colonnes du « Nouvel Economiste », un truc de parvenu qui étale ses 24 millions d’euros de budget comme preuve de qualité, une grosse série B asthmatique, vaine et plutôt momolle. Bref, c’est un film qui parle de milliards mais qui ne vaut pas vos 10 euros.
Largo Winch de Jérôme Salle avec Tomer Sisley, Kristin Scott Thomas, Miki Manojlovic, , Mélanie Thierry, Gilbert Melki
Sortie en salles le 17 décembre
Morte de rire et j’imagine bien à quoi ça doit ressembler, en particulier la bagarre mal montée … Excellente plume très cher . après la critique de Marianne j’aurais peut être jeté un oeil mais là , je n’irai pas voir le film d’une part parce que je n’aime pas cette BD , qu’en plus , je n’aime pas Tomer Sisley en héro et qu’enfin si je vous en crois, c’est mal filmé !! rien de pire que de passer un film à se dire que c’est filmé avec les pieds ……..
lafleur
D’autres ont dû voir aussi le scénariste Van Hamme sur le plateau de Canal + lors de la promo de la déclinaison télé de XIII.
Il disait grand mal de cette adaptation de Largo Winch.
Pas aussi méchant qu’ici tout de même, il avait quand même touché un gros chèque. Pas assez gros visiblement pour se taire !
Apparemment pour l’auteur de cette critique, il est inconcevable de sortir un film traitant d’une histoire d’argent en cette période de crise. C’est à mon sens la seule explication à donner à cette critique nulle sous tous les bords. Ca sent l’aigri, le mesquin, sans jamais parler du film en soi-même. La vieille excuse "ça ressemble à du Besson" montre d’ailleurs le niveau de l’auteur : c’est un film français avec de l’action, donc tout de suite faut comparer avec les films de Luc Besson. Oh ben oui bien sûr…
Je suis un fan de la première heure de la Bande dessinée et j’ai bien aimé cette adaptation, qui n’en est pas une à proprement parler mais plutôt une version différente, alternative, plus moderne de l’oeuvre originale. Le scénario diffère donc beaucoup de celui de la BD. Et c’est tant mieux ! Si c’était juste pour faire une version cinéma de la BD, le travail du réalisateur et des scénaristes aurait été inutile. Pour ma part, j’espère vivement une suite rapide !
C’est drôle de voir qu’à aucun moment dans la critique l’auteur ne fait référence à la BD dont le scénario tourne autour du groupe W de son héritier largo Winch et des histoires de gros sous, d’actionnariat, de minorité de blocage et de multinationale…
Evidemment que le film traite de ces sujets et pas de la manière de faire du compost avec les pelures d’oignons…
Par ailleurs pour les paysages variés et exotiques, le réalisateur ne fait que reprendre la BD dont l’action se déroule un peu partout dans le monde.
J’ai un peu de mal a comprendre la virulence de cette critique. Si l’auteur n’a pas apprécié la BD (mais l’a t-il au moins lue) qu’il s’abstienne d’en critiquer la version ciné, ce n’est pas très honnète intellectuellement.
Cette critique laisse transparaître un positionnement idéologique très anticapitaliste et compagnie, soit, c’est respectable.
Maintenant je pensais avoir trouvé dans Bakchich un site qui faisait passer l’analyse objective de l’information avant le déballage d’opinions mal dégrossies.
Fort surpris de voir un tel article sur Largo Winch que j’ai trouvé effectivement assez proche des James Bond et companie mais plutôt agréable et plus réaliste que les plupart de ces films.
Le cinéma est fait pour se divertir et passer un bon moment, j’avais hésité à aller voir ce film mais influencé par une bonne critique du Canard j’y suis finalement allé.
Honnêtement les amateurs du genre se régaleront pour les autres, ils n’y a pas de raison pour qu’il n’apprécient pas ce film effectivement placé dans un contexte à forte connotation capitaliste mais plutôt réussi…