Si l’impôt sur la fortune agonise en France – bouclier fiscal oblige –, l’idée de taxer le capital gagne du terrain en Europe, notamment en Angleterre et en Allemagne, pays à la tradition collectiviste assez peu marquée…
Neuilly traverse décidément une sale période : non seulement on ne sait plus qui va en devenir le maire, mais on dispose désormais des résultats de la collecte 2007 de l’ISF. Or, cet impôt n’a jamais autant rapporté. Voilà de quoi rager. Avoir élu Sarkozy à l’Élysée pour arriver à un aussi piètre constat. 528 000 assujettis en 2007 contre 457 000 en 2006 !! 4,42 milliards d’euros récoltés contre 3,68 en 2006.
Certes, Bercy précise que ce résultat est le résultat brut, avant les remboursements liés au bien heureux bouclier fiscal à 50% mis en place l’été dernier.
À ce sujet, les instructions de l’Élysée sont claires : il n’est pas question de communiquer sur les remboursements en question. L’effet d’annonce des sommes renvoyées dans le XVIe arrondissement et autre quartier chic de Paris pourrait irriter inutilement la population et donnerait l’occasion à l’opposition de se refaire une santé à bon compte.
Quoi qu’il en soit, à l’UMP, de plus en plus de députés réclament que l’on en finisse. L’ISF est, avec les 35 heures, un abcès de fixation des tenants de la droite qui ne décolèrent pas contre cet impôt sur les riches. Ils ont, le concernant, les mêmes accents que naguère les détracteurs de l’impôt sur le revenu quand Joseph Caillaux voulait le mettre en place pour supprimer l’impôt sur les portes et les fenêtres. Le discours reste que le riche doit ses rentrées d’argent à son talent et à son dynamisme entrepreneurial si bien que le faire payer nuit à l’ensemble de la société.
Assez paradoxalement, cet argument est en train de nourrir la réflexion britannique en faveur de la création d’un impôt sur le capital qui serait un peu de la nature de l’ISF. Pour les conseillers de Gordon Brown, qui s’appuient aussi bien sur des textes d’économistes anciens que sur des travaux plus récents de l’Ocde, la fiscalité doit essayer de « réveiller l’argent qui dort ». La veuve méritante du général qui habite 200 m2 avenue Mozart et que la vindicte fiscaliste de l’ISF oblige à payer est la source d’une émotion permanente dans les rangs de la majorité. A Londres, elle est le symbole de l’argent stérilisé que l’on doit remettre de gré ou de force dans le circuit économique. Nos amis britanniques sont sans pitié et le célèbre paysan de l’île de Ré ne trouverait aucune sympathie chez eux.
Et le mouvement se propage en Europe toute l’Europe. Si les Suédois achèvent de détruire leur impôt sur le capital, les Allemands, pris d’une forme de folie proche de celle des Britanniques, réfléchissent à une interprétation nouvelle de l’arrêt de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe permettant de réorganiser la fiscalité sur le capital de façon à alléger celle sur le revenu.
A Paris, rien de tout cela n’est envisagé. L’ISF est à la fois plus vivant que jamais dans les articles des journaux de droite et largement entamé par le bouclier fiscal qui agit de façon discrète et voilée. Et on se réjouit d’entendre qu’à Londres, les opposants au projet de Gordon Brown, le décrivant comme un socialiste forcené, l’accusent d’aller chercher ses idées chez les socialistes français avec comme conséquence d’inciter les cadres et les talents à aller s’installer à Paris.
Pauvres talents, pourchassés à Paris, demain à Londres, après demain peut être à Berlin !!!
Article bien mal informé.
La tendance est plutot inverse en Europe. L’ISF a été supprimé en Allemagne il y a quelques années, il a été supprimé il y a quelques mois en Suède et le gouvernement espagnol, socialiste, vient de présenter un projet de suppression de l’ISF en Espagne. Et ça m’étonnerait fort que le Royaume-Uni l’institue.
Au total, seules la France et…..la Suisse( et oui !!) maintiennent l’impôt sur le capital en Europe…
La réalité, c’est que Sarko n’ose le supprimer en France pour des raisons de popularité, alors que tous les économistes lui conseillent de le faire.