En 2002, au sommet de Johannesburg, tous les pays présents avaient décrété qu’ils parviendraient à "stopper l’érosion de la biodiversité d’ici 2010". Aucune des 110 nations n’a réussi à tenir le moindre engagement.
Provinciaux de tous les pays, unissez-vous ! En France, la protection de la nature est entre les mains de gens – parfois très estimables – qui pensent à leur échelle. La dernière farce en date est celle du Grenelle de l’environnement, dont le principe fut simple. On s’assoit autour d’une vaste table, avec tous les copains et les coquins de la place, et l’on discute. De la Beauce. Des camions 38 tonnes entre Mâcon et Lyon. Du Marais poitevin… Par ailleurs, comme on croit au Père Noël, on se fait ridiculiser à l’arrivée par les lobbies, car les lignes de force d’une société sont une chose, et les naïves rêveries, une autre.
Cette vision nationale et même provincialiste de l’écologie n’a évidemment aucun rapport avec la réalité des écosystèmes. Un écosystème, mais oui, est une chose compliquée. La forêt amazonienne par exemple, l’Atlantique, le fleuve Congo, le cycle de l’eau ou du carbone se moquent résolument des petites frontières mentales et administratives imaginées par les humains.
Un « machin » de l’ONU , qui s’appelle « convention sur la diversité biologique », publie régulièrement des rapports, que personne ne lit. Le dernier vient de sortir et constate avec (une fausse) stupéfaction que les objectifs ne sont pas au rendez-vous. En 2002, au sommet de Johannesburg, tous les pays présents avaient décrété qu’ils parviendraient à « stopper l’érosion de la biodiversité d’ici 2010 ». Aucune des 110 nations n’a réussi à tenir le moindre engagement.
Commentaire d’Ahmed Djoghlaf, responsable onusien : « Les nouvelles ne sont pas bonnes. Nous continuons à perdre la biodiversité à un rythme jamais vu dans l’histoire – le taux d’extinction étant estimé jusqu’à 1 000 fois plus élevé que le taux historique connu jusqu’à ce jour. » Ou ce constat est vrai, et les associations françaises doivent aussitôt envoyer promener Borloo and co, et chercher enfin une stratégie efficace, fatalement internationale. Ou il est faux, et nous avons tout le temps d’avaler encore une coupe de champagne dans les palais ministériels. Il y a des candidats.
Mais les acteurs « écolos » du Grenelle, eux, assurent que cela va très, très mal, et continuent de blablater comme s’ils avaient mille ans devant eux. Est-ce cohérent ? Mes aïeux, non.