Une véritable tuerie, entre « 24 heures chrono » et la trilogie Jason Bourne. Avec Daniel Craig, qui confirme qu’il est le meilleur Bond depuis… Sean Connery.
Avec « Casino royale », on a découvert avec étonnement que James Bond pouvait être autre chose qu’un gros téléfilm pour retraités accros à « Derrick ». Grâce à la mise en scène speedée de Martin Campbell qui enchaînait les morceaux de bravoure, notamment la séquence d’ouverture avec le yamakazi volant. Et surtout grâce à l’épatant Daniel Craig, bad boy en costard, bombe à retardement qui explosait 24 fois par seconde. De fait, on n’avait pas vu cela depuis 1971 et « Les diamants sont éternels », à savoir un bon acteur (Sean Connery, of course) dans le smoking immaculé de l’agent double zéro. Dans « Quantum of Solace », Marc Forster remplace Campbell derrière la caméra sans que la donne change fondamentalement, mais Daniel Craig est toujours fidèle au poste. Et il n’est pas content…
James Bond est hanté par le souvenir de Vesper Lynd, la femme qu’il aimait, morte à la fin du précédent épisode. Au cours d’une séance de torture en Italie, 007 découvre l’existence d’une organisation très secrète de méchants très méchants, capables de faire ou de défaire les gouvernements. Dévoré par la haine et le désir de vengeance, James Bond remonte la filière du crime et tombe sur la piste de Dominic Greene, faux écolo mais vrai salaud qui veut mettre la main sur les ressources naturelles de la planète. En Autriche, en Italie, en Amérique du Sud, épaulé par la charmante Camille, Bond traque les nuisibles, correctionne, dynamite, disperse, ventile… Blond. My name is Blond !
Ce 22e Bond est une machine de guerre. Le film démarre sur des chapeaux de roue avec une poursuite monstrueuse entre l’Aston Martin de James Bond et des méchants en Alfa. Tout simplement anthologique, même si bousiller une si belle voiture en cinq minutes ne me semble pas véritablement humain. Présenté par le marketing comme « un des réalisateurs les plus talentueux et les plus éclectiques du septième art » (bah voyons), Marc Forster est capable du meilleur comme le formidable « À l’ombre de la haine », mais surtout du pire, voir les pathétiques « Neverland » ou « Stay ».
Ici, Forster – qui a la bonne idée de ne pas jouer la surenchère après « Casino royale » - semble avoir visionné en boucle l’intégrale de « 24 heures chrono » et la trilogie de Jason Bourne, avec lequel James Bond partage ici plus que les initiales. L’action est nerveuse, le montage cut, le film dure seulement 1h47 et si Forster n’est pas un formaliste aussi brillant que Paul Greengrass, il mène cette superproduction de plus de 200 millions de dollars à bon port, enchaînant les séquences obligées dont les longues palabres avec le méchant qui tient Bond à sa merci, les fausses pistes et les passages à vide, les James Bond Girls et les scènes de baston. Il abandonne néanmoins les aspects trop kitsch (exit les gadgets, les intermèdes touristiques, Q ou Moneypenny), plonge dans des abîmes de noirceur (un peu à la manière de « The Dark Knight ») et, comme dans « Casino royale », érotise un maximum Daniel Craig qui éclipse les créatures de rêve que sont Olga Kurylenko, Gemma Arterton et même Judy Dench, fringante septuagénaire qui ne laisse pas Bond insensible.
L’attraction principale de « Quantum of Solace », c’est bien sûr Daniel Craig. Repéré dans des rôles complexes (le boy friend du peintre Francis Bacon dans « Love is the Devil », le jeune amant d’une sexagénaire dans « The Mother »), Craig incarne à la perfection ce 007 torturé, sombre, perdu, juste capable d’avancer pour retrouver et éliminer le prochain salaud qui va le mettre sur la piste de l’assassin de la femme de sa vie. Trapu, musculeux, Daniel Craig a des yeux bleu acier, le visage dur d’un docker (ce que son père a été), des mains de boucher : il est le Bond parfait, une petite frappe en costard, une boule de haine (il laisse le cadavre d’un ami dans une benne) qui mérite vraiment son titre de double 0, la plus belle explosion pyrotechnique du film, qui en comporte pourtant quelques-unes…
Si on veut pinailler, on pourra néanmoins arguer sur la nullité de la chanson-titre du duo Jack White-Alicia Keys et le scénario acadabrantesque de Paul Haggis. Comme pour tous les Bond, l’histoire est embrouillée à souhait, voire franchement incompréhensible, pourtant, il s’agit une nouvelle fois de la lutte de Bond contre une société secrète, soit le même script dupliqué à l’infini depuis « Dr No ». De plus, Haggis fait commencer « Quantum of Solace » deux heures après la fin de « Casino royale » et a la fâcheuse tendance de faire constamment référence à l’épisode précédent, réintroduisant des personnages comme Mr White, Mathis ou Felix Leiter… Un conseil, revoyez vite fait « Casino », sous peine de planer grave ! Plus étonnant, on découvre ici le scientologue Paul Haggis farouchement anti-écolo : le méchant brillamment interprété par Mathieu Amalric qui s’appelle Greene, les piles à combustible, qui fonctionnent à l’hydrogène et qui font partie des énergies du futur, ne sont pas sûres et explosent… Alors Paulo, pas convaincu par Borloo ?
Malgré ces infimes réserves, on en sort le sourire en coin, tout content de retrouver un copain de 46 ans, certes lifté mais en pleine forme ! Content mais dubitatif quand même : au fait, ça veut dire quoi « Quantum of Solace » ?
Arrrrrrgh, dire que les autres James Bond n’exstent pas c’est quand même de la mauvais foi pure… Quid de Goldeneye ? voire, même pour moi qui haïssait Timothy Dalton, "Permis de tuer" qui était franchement pas mal et qui pour la première fois mettait en évidence la face noire de Bond…..
Craig, le seul James Bond… pfffffffff….. Pierce Brosnan for ever, mânne…
Djamé