Deux scientifiques donnent vie à une créature mutante et sexy. Deux truands kidnappent une jeune fille pleine de ressources. Deux séries B d’été explosives.
L’été est enfin arrivé, avec son cortège de nanars, de séries B, voire de séries Z. En attendant la rentrée, voici deux séries B passionnantes qui jouent avec les codes du genre et les nerfs du spectateur.
Splice est un petit film d’épouvante sous l’influence de David Cronenberg. Deux scientifiques parviennent, en mixant l’ADN d’êtres humains et d’animaux, à créer une créature mutante, mystérieuse et sexy. Le cinéaste canadien Vincenzo Natali (Cube) joue sur la peur des manipulations génétiques et s’engage sur des sentiers peu fréquentés avec des scènes de sexe, de mutilation, d’inceste. Dommage qu’il se fourvoie avec une dernière partie qui évoque des navets comme la Mutante, quand le monstre se met à boulotter tout ce qui bouge. Plus grave, Splice dégage une morale assez douteuse – la même que dans le Frankenstein de 1930 ou dans la Mouche de Cronenberg –, à savoir : le scientifique qui se prend pour Dieu doit être puni de mort à la fin. Beuuurk !
La Disparition d’Alice Creed est nettement plus passionnante. À l’origine, une contrainte : comment réaliser son premier long-métrage avec le budget café de Shrek 4 ? À 33 ans, le réalisateur britannique J. Blakeson imagine une histoire de kidnapping, ce qui sous-entend unité de lieu et peu de personnages. Soi t deux hommes qui enlèvent une jeune fille, Alice Creed. Bâillonnée, déshabillée, Alice est menottée sur un lit, en attendant la rançon du papa. Pourtant, rien ne va se passer comme prévu… S’il n’a pas de budget, J. Blakeson a des idées. Il imagine donc un scénario à tiroirs, avec un rebondissement tous les quarts d’heure. L’écriture est virtuose, et Blakeson vous cloue à votre fauteuil avec une réalisation sèche, très seventies. Si on reconnaît un bon réalisateur à sa capacité à goupiller un bon casting, on notera que Blakeson a du nez avec son formidable trio : Eddie Marsan (Miami Vice), Martin Compston (Sweet Sixteen) et Gemma Arterton (Prince of Persia). Un scénario malin et retors, une mise en scène au cordeau, des acteurs en état de grâce : vous pourriez rater ça ?