A 172 euros le numéro, « l’Huma dimanche » a eu des visions de Cac 40…
Vous ne rêvez pas. Il est bien écrit 172 euros. Ce n’est pas une erreur de virgule. Les responsables de l’Humanité Dimanche ont eu des visions de Cac 40. Et ont cru trouver la pierre philosophale, le remède miracle pour sauver les journaux du marasme économique : faire passer les lecteurs à la caisse en augmentant légèrement le coût de l’hebdo, fixé jusqu’ici à 2,70 euros pièce.
Non ! C’est seulement Lounis Ibadioune qui risque de payer la douloureuse. Ce militant du PC s’est vu dresser par la police un PV en février 2007, dans le quartier de la Goutte-d’Or de Paris, pour avoir procédé à « la vente de marchandises sans autorisation sur la voie publique. » La marchandise en question, c’est l’hebdomadaire l’Humanité Dimanche et le quotidien L’Humanité que Lounis vend à la criée. Pour avoir refusé de payer l’amende, de 172 euros, il est convoqué le 18 février prochain au Tribunal de proximité rue de Cambrai.
Depuis 20 ans, pourtant ce militant politique distribue, tracte et colle des affiches sans relâche quasiment chaque dimanche sur ce coin de trottoir, vers la rue Dejean. Un engagement profond pour cet ouvrier du Livre aux Nouvelles Messageries de la Presse parisienne, également militant associatif au Secours Populaire. Ce n’est pas la première fois que des policiers viennent, dit-il, « lui chercher des histoires ». En 2006, déjà il avait été verbalisé pour les mêmes raisons. Il avait refusé de signer le PV et de régler l’amende de 45 euros et n’en avait plus entendu parler. Cette fois-ci, encore, il a cru l’affaire réglée grâce à l’envoi d’un courrier à la Préfecture de Police de Paris. L’amende de 172 euros est arrivée chez lui en mars 2008. « Je me suis déplacé au Tribunal de proximité à 2 reprises puis au Trésor Public. A chaque fois, on m’assurait qu’il s’agissait d’une erreur qui allait être rectifiée… ». Pas question, bien sûr, de payer l’amende, c’est « une vraie atteinte aux libertés publiques et à la liberté d’expression politique. »
Après l’ultime courrier, une convocation au Tribunal de proximité arrivée en plein mois de décembre, la moutarde est montée au nez de ses compagnons de route. Un comité de soutien s’est créé. Et, depuis dimanche 18 janvier, une pétition est proposée aux habitants du quartier. Un groupe s’est aussi monté sur le réseau social Facebook. Le but : faire le plus de bruit autour de cette affaire devenue un symbole dans « un climat propice à la remise en question de nos libertés », estime Lounis.
Tenace, et même remonté, il était encore là dimanche, au coin de la rue, à vendre ses journaux. Quel sera le jugement final ? Lounis n’en a pas la moindre idée. « L’amende sera peut-être alourdie. » On n’ose imaginer la somme. Entre les 45 euros du premier PV, en 2006, dressé pour le même motif, et les 172 euros du second, la culbute est impressionnante. On rêverait d’une telle augmentation de salaire…
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