La presse people s’assagit. Pour éviter de coûteux procès et attirer le lecteur, elle se rabat sur les demi—vedettes de la téléréalité. Et les logiciels de retouche photo tournent à plein pour gommer les vilains défauts.
Tout fout le camp ! Même la presse people n’est plus ce qu’elle était. C’est la crise et, là aussi, la tendance est à l’économie. Les publications judiciaires coûtent cher et défigurent les couvertures, notamment celles de Voici. « On s’est assagi avec le temps, mais on est toujours aussi mordants », assure un chef de rubrique. Les photographes ne sont plus les héros de cette presse-là.
« Ce qui est vrai pour Voici ne vaut pas pour Closer. Nous sommes plus jeunes et nous sommes leaders. Depuis le début on cherche à capter le plus de lectrices possibles, on ne cherche à être ni gentils ni méchants, c’est du cas par cas. Et ça marche », explique Laurence Pieau, la directrice de la rédaction de Closer.
Faire ami-ami avec les stars ou les demi-peoples de la téléréalité rameute en tout cas les lecteurs. Ainsi, la vague Secret Story a redonné de l’espoir à des rédactions moroses. Même les plus sages, comme celle de Gala, s’y intéressent. Jean-Claude Elfassi, le photographe qui a sous contrat la plupart des participants de l’émission, est un garçon heureux. Pour interviewer Romain, Angie et leurs petits camarades, le passage devant son objectif est obligatoire. Dans la bataille qui oppose les titres people, c’est Voici qui annonce le premier le mariage de Angie et Romain. Mais Closer, qui, lui, a zappé les services d’Elfassi, riposte. Et avance que cette histoire d’amour est bidon ! Grande interrogation métaphysique. Le coup de foudre de Romain aurait-il pu surgir après qu’il a vu Angie sous sa douche sur TF1 ? Le sexe a ses raisons que la raison ignore.
Cette tendance floue qui laisse croire aux gentils lecteurs qu’on piège les stars, qu’on les photographie à leur insu et qu’on dévoile des secrets qu’elles ne découvriront qu’en kiosques n’est pas vraiment une entourloupe récente. Ces mises en scène ont déjà été racontées par des vétérans de la presse people, comme Jacques Colin, l’ancien directeur de la rédaction de Voici, qui explique l’art et la manière de cette vérité-fiction dans Voilà ! 1663 jours dans les coulisses de Voici (éditions Ramsay).
La nouveauté, c’est que, Photoshop aidant, on retouche les clichés pour présenter les peoples sous leur meilleur profil. Un péché véniel, quand on se souvient qu’Étienne Mougeotte dans son Figaro a carrément effacé la trop chic bagouze de Rachida Dati.
Chez les peoples, on suit la doctrine de Paris Match : on efface les rides et disgracieux bourrelets, comme le magazine l’a fait pour Nicolas Sarkozy, un peu trop bien en chair, à l’été 2007. Le 1er août, Voici a délesté d’une petite bouée naissante sa plus belle prise de l’été, Patrick Bruel. Laurence Ferrari et son nouvel époux, le violoniste Renaud Capuçon, en vacances, ont eu droit à la même faveur.
Il faut croire que les photos du chanteur ont été prises contre son gré, puisqu’il demande maintenant des dommages et intérêts. Question existentielle : on se demande ce que cherche Voici en recréant un nouveau Bruel. « C’est un mythe pour midinettes, il se vend mieux avec son ancienne image de play-boy pour lycéennes », tente Jean-Pierre Agastin, un ancien agent retiré du show-business et qui a lancé la carrière de Patriiick. Limpide Y