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Les tribulations de RSF au Maroc

Maroc / vendredi 5 mai 2006 par La princesse enchantée
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Entre le royaume du Maroc et Robert Ménard, le patron de Reporters sans Frontières (RSF), c’est "je t’aime moi non plus". Et, comme la saga du Journal Hebdomadaire, ça se joue en plusieurs actes.

Des années durant, la vaillante ONG n’a pas ménagé ses efforts pour dénoncer les vacheries et autres coups bas du régime monarchique contre la liberté de la presse. L’un de ses faits d’armes reste incontestablement la tenace campagne menée pour la libération du journaliste Ali Lmrabet, embastillé pour s’être moqué de sa Majesté M6.

Communiqué sur communiqué, relais auprès des grands médias internationaux, manifestation musclée au bas des pistes de ski de Courchevel où M6 se prélasse… Tout est bon pour faire libérer Ali Lmrabet. Robert Ménard se mouille. Il cogne dur et on le lui rend bien par médias interposés. Un hebdomadaire marocain réputé pour inventer des histoires à partir de procès-verbaux d’une police abonnée aux rapports d’Amnesty International ose même la rime « Ménard-connard ». Amis de la poésie, bienvenue au Maroc !

Mais qui aime bien châtie bien. Robert Ménard a peut-être la dent dure contre le royaume mais il y passe ses vacances, surtout à Fès, où il a ses habitudes et de bons amis. Les petits moustachus de la Direction de la Sécurité du Territoire (DST) le suivent bien à la trace et insonorisent les chambres d’hôtes - WC inclus - où il pose ses bagages mais il est toléré du bout des lèvres. Ménard Ainsi allaient donc les relations entre RSF et le Maroc que les aficionados suivaient en se tordant de rire. Jusqu’au printemps 2006 où l’heure de la réconciliation sonna. Ce n’est bien sûr pas que le royaume montre de meilleurs sentiments à l’égard de sa fragile presse indépendante - les procès en diffamation pleuvent tout comme les amendes les plus farfelues - mais plutôt que les censeurs royaux semblent avoir enfin intégré que mieux vaut avoir RSF dans sa poche que contre soi.

Ménard serre des papattes et on lui déroule le tapis rouge

C’est un lobbyiste français, apôtre méconnu du Maroc en mouvement et nuisible partisan de la culture de la diffamation qui rabibochera les deux ennemis. Par son lumineux intermédiaire, Robert Ménard rencontre dans le plus grand secret (le tout-Paris en a bien entendu été immédiatement informé) le nouveau patron de la télévision publique marocaine. Et d’une et de deux ! Quelques semaines plus tard, Robert Ménard déboule au Maroc où on lui déroule le tapis rouge : mamours avec le ministre de la Communication, blabla avec le syndicat de journalistes, les patrons de presse…

Bien sûr, il aurait aimé serrer la papatte du Premier ministre mais il est en déplacement en Scandinavie. Il aurait aussi voulu rencontrer tous les éditeurs de journaux mais un quotidien crachant sa haine pour qui ne lèche pas les babouches de sa Majesté à s’en râper la langue refuse de manger de ce pain. Qu’importe le Ménard Tour au Maroc est un succès et se termine en apothéose dans un hôtel de Casablanca lors d’une conférence de presse. RSF y explique que non, elle ne déteste pas le Maroc, que non elle n’a jamais appelé au boycott touristique du pays, que oui les lignes rouges ont reculé mais que oui il y a encore de gros problèmes. Et Ménard de citer cette loi scélérate qui envoie encore au trou pour des délits de presse, ces chaînes de télé qui bidonnent leurs reportages, ces manifs de faux-barbus montées de toutes pièces par le ministère de l’Intérieur devant des journaux un peu rebelles… Sans oublier de conseiller à sa Majesté de faire preuve de modernité en accordant enfin des interviews à la presse marocaine. Dans la salle, les journalistes prennent des notes et la DST des photos à l’aide de téléphones portables. La routine, quoi.

Persuadés que Robert Ménard a enfin rejoint la tribu des amis du Maroc, les journalistes aux ordres présents s’empresseront d’écrire que si RSF considère que les choses ont progressé alors tout va pour le mieux dans le plus beau des royaumes. C’était méconnaître l’ami Ménard. Rentré en France, il demande au journaliste du Monde Jean-Pierre Tuquoi, considéré par les sbires de sa Majesté comme l’ennemi n°1, de pondre un article pour la revue Médias, à laquelle est associée RSF. Un article sur les malheurs du Journal Hebdomadaire, l’ennemi n°2 pour l’entourage royal. Que les cocus lèvent le doigt…


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