Bertrand et les Sarkozy

Dès qu’il débarque place Beauvau, Nicolas Sarkozy n’aura de cesse de se débarrasser de Bertrand. Les compétences du flic ne sont évidemment pas en cause mais dans la dernière ligne droite de l’élection présidentielle, Sarkozy ne veut pas dépendre d’Yves Bertrand dont la longévité exceptionnelle ( 12 ans) atteste que l’homme des RG roule d’abord et avant tout pour lui même… Lorsqu’il succède à Sarkozy place Beauvau, Dominique de Villepin qui nourrit aussi des ambitions élyséenne aura le même réflexe. Celui de ne pas se mettre « dans la main » d’Yves Bertrand. Bien qu’appartenant au même camp – chiraquien – Villepin l’ignore et le tient à distance.

Au moins pendant un certain un temps…

Toujours est –il que lorsque Sarko prend possession de l’Intérieur il écarte Bertrand au profit de son adjoint Bernard Squarcini. Officiellement, le patron c’est toujours Bertrand, mais les affaires sensibles sont confiées au « Squale ». Bertrand vit des heures alors particulièrement pénibles et ce d’autant plus que Cécilia joue alors les chefs de cabinet du ministre. Elle donne toute la sainte journée du « Bernard » par ci et du « Bernard » par là tandis qu’elle n’adresse pas la parole au vilain « Grincheux ».

Ça ne va guère mieux avec Claude Guéant le patron de la police qui expliquera lui aux journalistes que : « L’époque d’Yves Bertrand est révolue c’est une conception des RG qui ne correspond plus aux nécessites actuelles ».

Grincheux encaisse mais ne reste pas tout à fait inactif. Un beau jour il « croit bien » reconnaître Cécilia sur des photos de Coco Girls, ces jeunes femmes à demi-nues qui entourait Stéphane Collaro. Ca pourrait se tenir. Cécilia n’a t’elle pas épousé Jacques Martin le mentor de Collaro ? L’air de rien le patron des RG s’ouvre de cette découverte, de ce « scoop » a quelques relations journalistes. Enquête menée ceux-ci découvrent qu’« hélas » c’est pas Cécilia. Commentaire de Bertrand faussement contrit. « Ah bon ! Vous êtes sur ? étonnant ! qu’est-ce qu’elle lui ressemble pourtant … »

Entre temps le scoop a fait le tour de Paris et c’est toujours ça de pris…

Toujours est-il que dans son livre Yves Bertrand écrit pour expliquer sa mise à l’écart que Sarkozy avait le souci de s’entourer d’hommes qui lui fussent « personnellement fidèles ».

Et de préciser « des collaborateurs spécialement “formatés » pour le servir ». Avant d’ajouter quelques lignes plus bas : « On peut être loyal à un homme sans être à son service personnel. Sinon, il n’y aurait plus de République ».

Des considérations démocratiques qui feront certainement chaud au cœur à l’homme qui lui a succédé à la tête du renseignement – un ami de 15 ans – Bernard Squarcini.

Mais que pèse l’amitié lorsqu’il s’agit de conserver le fauteuil six mois de plus ? En 2003, Squarcini est pourtant quasiment assuré de succéder à Bertrand. Jusqu’à ce qu’il se laisse imprudemment entraîner par son patron dans une invraisemblable interview au Journal du Dimanche [1]. Au cours de celle-ci Bertrand prend l’initiative d’annoncer qu’il a choisi son adjoint pour lui succéder !

Une maladresse tellement énorme ( Il n’appartient pas au patron des RG ni de « choisir » son successeur ni procéder à une de telle annonce) qu’elle interdit la nomination de Squarcini…

Comme dans la fable ce dernier jura un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus…