Nicole Kidman et Hugh Jackman s’aiment dans l’Outback australien. Une purge, quelque chose comme l’Everest du nanar.
Australia est une aberration, un truc insipide, nul, d’une laideur et d’une bêtise absolues. Voilà. Il n’y aurait même pas besoin de développer sauf que cette chose a été écrite et réalisée par Baz Luhrmann, réalisateur flamboyant de Romeo + Juliette avec Leonardo DiCaprio et du formidable Moulin rouge, qui accumulait frénétiquement les morceaux de bravoure, remixant Toulouse-Lautrec et Nirvana. Ici, il n’y a plus rien : ni inventivité, ni humour, ni délire. Australia pue la recette et ressemble à une grosse meringue dégoulinante, calibrée pour séduire les fillettes pré-pubères qui vibrent devant High School Musical et autres niaiseries made in Disney.
Les problèmes commencent dès le scénario. Soit Lady Sarah Ashley (Nicole Kidman), caricature d’aristo britannique corsetée. Elle débarque en Australie avec toutes ses malles qui s’ouvrent devant la population médusée (gag !) et découvre que son ranch est convoité par une bande de nuisibles. Flanquée d’une caricature de petit garçon aborigène trop mignon, elle va s’associer à un « drover », caricature de cow-boy local (Hugh Jackman), pour convoyer son troupeau de 1500 têtes à cornes. A Darwin, nos deux caricatures de héros découvrent finalement qu’ils sont faits l’un pour l’autre, avant d’être séparés par un bombardement de Japonais décidemment trop fourbes. Tout le monde se retrouve pour un final lacrymal, avec roulage de pelle et violons. Ze End !
La chose dure une éternité et pour tenter de ranimer le spectateur menacé d’accident vasculaire cérébral, Luhrmann bâcle quelques séquences d’action. La grâce, la fougue, la démesure de Luhrmann, tout semble évaporé sous le soleil australien ou sous le poids de la production (on parle de 130 millions de dollars). On se doute que le réalisateur a dû faire des concessions (Jackman à la place de Russell Crowe, Luhrmann, qui avait fait mourir son héros, contraint par la Fox de trouver un happy end…), mais on ne comprend pas comment il a pu à ce point brader son talent. Tout est kitsch, moche, repompé sur Out of Africa, African Queen, Autant en emporte le vent, Lawrence d’Arabie ou Le Magicien d’Oz…
Dans une Australie de carte postale, Luhrmann enfile les clichés : les kangourous, les étendus désertiques de l’Outback, les abos en équilibre sur une jambe qui jouent du biniou local… Pour masquer le vide, Luhrmann entonne un couplet anti-raciste et, entre deux bisous fougueux, tente d’évoquer la « génération volée », ces jeunes aborigènes qui étaient arrachés à leur famille puis envoyés dans des camps. Accessoire et pathétique ! Les acteurs principaux ne sot pas non plus à la noce. Comédienne épatante quand elle doit jouer les fêlures, les névroses, la Kidman change de tenue à chaque plan et tente d’insuffler un peu de vie à cet ectoplasme qui se décoince au contact d’un mâle mal rasé mais tellement sexy. Quant à Hugh Jackman, comment croire une seconde à son personnage de cow-boy itinérant, censé arpenter le bush affamé, mais qui est bronzé, huilé et musclé comme un culturiste crypto-PD. Au secours !
Pour finir sur une note humoristique, je vous recommande la lecture de ce grand magazine d’investigation qu’est « Studio », qui va dorénavant être couplé avec cet autre sublime magazine qu’est « Ciné Live ». Avec pour couverture Australia, « Studio » propose un grand papier de publi-reportage sur le tournage, avant d’avouer que la rédaction n’a pas vu le film. Quelle déontologie ! Encore plus marrant, la publication du « journal intime » de Nicole Kidman dont je ne peux résister à la tentation de vous citer deux extraits quasi philosophiques. « Mon ventre a pris du volume, je mange trop de muffins et de sucettes. » Plus fort, en apprenant la mort de son ami Sydney Pollack, elle couche sur le papier : « La vie est si fragile, si courte. Lorsque je regarde les étoiles, je réalise à quel point nous sommes insignifiants. » C’est beau comme du Marc Lévy.
Je vous trouve aussi très dur. En effet le film est long et pas forcement bon mais de la a le descendre de cette manière…
Pour les "grandes étendu" etc, pour avoir vécu dans le pays il le film plutôt bien, les aborigènes sur un pieds ? il y en a encore et a l’époque du films cela devait être assez courant.
La génération volée : une bien triste réalité dont les Australiens ne parlent pas encore très ouvertement. Certe le film tombe largement dans l’excès de bon sentiments mais je pense que le réalisateur savais très bien ce qu’il faisait : une fresque facile a regarder pour toucher le plus grand nombre… Je l’ai regardé avec plaisir pour une majeur partie