La synthèse de vos commentaires sur l’article Besancenot chez Drucker ou l’illusion de la radicalité
La sieste dominicale, cette fois-ci, fut écourtée pour beaucoup. Il fallait regarder le zoo Drucker et son drôle d’animal-invité, le petit facteur de la révolution, à la gouaille sympathique et aux propos radicaux. On ne sait pas si la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) avait, un jour, songé à ce « plan-média » pour son leader télégénique, mais en tout cas, il était difficile d’échapper au tam-tam du Besancenot, avec son défilé de rebelles en tous genres, sur le sofa soft de Michel Drucker. Et notre article sur l’émission, assez critique, vous a énervés, amusés, intrigués, en tous cas inspirés. Voilà une séance télévisuelle qui provoque de sacrées prises de bec !
Certains ont apprécié la plume mordante de notre chroniqueur Jean-Baptiste Thoret. Tel Aslan, qui remarque que « Le mauvais esprit est bien là et bienvenu, même s’il manque d’humour. » Philippe, lui, semble s’être régalé : « Cet article, malgré ses fautes d’orthographe déjà relevées, comme maréchaussée, est un régal d’humour satirique parce qu’il montre Olivier Besancenot tel qu’il est dans la réalité : un révolutionnaire de salon à l’aise sans malaise dans la "starisation" absolue qui lui grossit un ego qui commence à ressembler à une baudruche surgonflée. » D’autres, au contraire, n’ont pas aimé. Luc y a vu un « chef d’oeuvre de mise en abîme : un collage de clichés pour dénoncer une émission truffée de clichés. »
Plus sévère, Julianito, trouve que JB Thoret a du mépris de classe, alors que les thèses de la LCR progressent : « Et oui, Besancenot n’est pas là pour faire plaisir à ces Messieurs journalistes ou cadres sup et leur donner du frisson en vendant des pin’s du Che. Il est là pour défendre le nouveau prolétariat. Mais vous le sauriez si vous habitiez dans les quartiers populaires où beaucoup de militants de la LCR, du PCF, de LO sont présents !!!! »
Camille estime que Thoret déteste de toute façon tout ce qui est populaire : « Certes, la présence de Besancenot sur le canapé de Drucker, nous confirme que le facteur neuilléen accepte sans rechigner le rôle peu honorable de "nouvelle Arlette", éternel contestataire, et bonne conscience de notre société schizophrène. On peut dénoncer le spectacle qui nous a offert, la manière dont il instrumentalise les luttes pour s’attirer des suffrages, sans faire preuve d’un élitisme assez rance. »
Un anonyme ajoute : « ce papier a autre chose d’affligeant : la petite moue de dégoût et de condescendance de quelqu’un qui prend la forme pour le fond (en faisant croire le contraire). C’est un discours de mépris facile, très pauvre (et donc très répandu) ».
Et, au fond, que pensez-vous de la prestation télé du facteur ? Là, la gamme des opinions est aussi variée que les couleurs de l’arc-en-ciel. Dany juge que Besancenot dit « des vérités qui ne sont pas bonnes à entendre pour certains qui se sentent visés. l’UTOPIE c’est bien.Elle fait avancer le monde et permet de réver. » Anarchosaurus est ravi que « Besancenot essaie de toucher l’électorat populaire de la manière la plus efficace, c’est tout. Il est bien moins ringard qu’on ne le dit et il ne recule pas sur ses idées. »
Un anonyme estime que le jeune leader a eu raison d’accepter l’invitation, pour délivrer sur les antennes « un discours qui est accessible à tous, qui n’exclue personne et qui, pour etre entendu de tous doit pouvoir etre prononcé en des lieux, aussi hypocrites, criticables et critiqués que le plateau de vivement dimanche. »
Pitoune59 a également apprécié : « J’ai bien aimé (même si je n’ai pas de comparaison vu que je ne regarde jamais cette émission) ainsi que ma mère (81 ans). Il a le mérite de "déringardiser" la gauche, n’en déplaise à ses détracteurs. »
Cet argument de gauche est également mis en avant par Le Papoteur, toujours en verve, qui défend l’invité de Drucker : « Révolution ou pas, il est temps d’avoir une vraie opposition de gauche, tout simplement. »
Mais le spectacle n’a pas fasciné tout le monde. Gougou93, par exemple, y a vu une banale opération de com de Drucker ! « Beaucoup de bruit pour peu de chose. Drucker n’a fait que traiter poliment son invité qui n’a fait que rabacher ses slogans longuement répétés à la maison. Dans le fond avec ses initiales OB, Drucker n’a fait fait que l’utiliser comme un tampon périodique avant le festival de Cannes et le Grand prix de Monaco… ! faut bien meubler. »
Certains y ont vu la marque d’une vérité moins glorieuse, tel Philippe, qui juge que Besancenot s’est prêté à un jeu dangereux : « la médiatisation lui est fatale car elle l’a révélé dans sa vérité nue et cela peut coûter cher à son organisation, la LCR. Son "idole" publique s’avère être en fait un politicien médiatico-Drucker compatible, ce qui sonne comme une éloge funèbre politique pour l’invité d’un jour. »
Les critiques ne s’arrêtent pas là. Un anonyme allume Besancenot, qui cherche une popularité qu’il n’a pas trouvée dans les urnes : « aux dernières élections, la LCR a fait un bide dans les quartiers populaires (…) Sans aucune chance de le récupérer, cela va de soi, la LCR ne dupe plus grand-monde chez les plus démunis. Elle ne l’ignore pas, mais elle s’en moque. Les pauvres et leurs soucis quotidiens ne l’intéressent pas. Elle les utilise pour conquérir un autre public. »
Cactus renchérit : « A l’heure où une grande majorité de la population partage un creuset commun d’idéaux environnementaux, humanistes et d’aspirations sociales (liées notamment à la lutte quotidienne pour le pouvoir d’achat), la pensée de Monsieur Besancenot paraît effectivement très limitée, pour ne pas dire totalement dépassée. »
Babush va même plus loin en s’interrogeant sur la responsabilité d’une chaîne de télévision qui invite dans une émission-phare un tel dirigeant : « Quand notre chère intelligentsia aura compris qu’Olivier Besancenot est un danger pour la societe au même titre que l’etaient tous ces "heros" du communisme révolutionnaire, on pourra peut-etre commencer à avancer. »
Et Magali assène la charge la plus sévère à l’encontre de OB, jugé dangereux pour une gauche de plus en plus fragmentée : « En 2007, on aurait pu avoir une gauche "sois belle et tais toi", on eu "sois bête et parle beucoup". En 2012, on aura la gauche la plus divisée du monde. Les leçons de Mitterrand n’ont pas été oubliées par tout le monde. Les contradictions entre les propos ré-bobo-lutionnaire de OB et ceux d’un PS, qui ne peut plus dire n’importe quoi devant ses potes européens, ne pourront être tues. OB c’est Le Pen de gauche, et si le PS ne le tue pas politiquement, l’UMP a de beaux jours devant elle. » Capucine, enfin, s’étonne « des commentaires unanimement négatifs sur tous les sites » (elle n’a pas du lire tout ceux de Bakchich !). Et de s’interroger. « Dans quel but ? Que de procès d’intention et de dérision… BO ferait-il peur au point qu’il faille le descendre en flamme ? Si sa prestation est tellement négative, pourquoi ne pas l’ignorer tout simplement ? »
On pouvait effectivement l’ignorer. Eteindre sa télé, cultiver son jardin, rêver ou boire un coup avec ses copains. Le dimanche, y’a pas que Drucker et Besancenot, zut, quoi !
Besancenot chez Drucker c’est le dernier coup tordu de Sarkozy contre le PS…
Car s’il peut via le jouflu facteur affaiblir le PS par sa partie extrême, c’est bon pour le lui !
Il suffit de voir comment la Presse de droite (Le Figaro, le JDD, etc.) lui a déroulé le tapis rouge. Le tohu-bohu médiatique grotesque.
Même Libération qui le met à la UNE aujourd’hui ne le comprend pas ! Mais il faut dire que dépuis que Laurent Joffrin est à la tête de ce canard, c’est du grand n’importe quoi !
La UNE du Parisien de ce matin, par exemple, m’a beaucoup touché encore : reservé aux français qui fouillent les poubelles. Un genre de UNE que n’a plus fait Libé depuis bien longtemps ! Laurent Joffrin préfère faire des UNE avec des spéciales écrivains, photographes, historiens, etc. Mais plus rien sur des vrais sujets de gauche : la misère dans ce pays !
C’est vraiment triste. Je leur ai déjà balancé mon abonnement dans la gueule.
