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CULTURE / Jeux vidéo

Un chef-d’œuvre qui sent le soufre

Grand Theft Auto IV / samedi 24 octobre 2009 par Camille Grandjean
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Retour sur le jeu vidéo le plus controversé de l’histoire à l’occasion de sa réédition en gamme "budget".

Depuis sa création en 1997 par le studio écossais Rockstar North, la série des "GTA" (pour Grand Theft Auto : délit de vol de véhicule en anglais) est emblématique du traitement réservé à l’industrie du jeu vidéo depuis 20 ans : des jeux toujours traités sous l’angle du fait divers, jamais sous celui de la création ; des productions faisant toujours l’objet d’un discours moral et jamais d’une analyse critique ; un loisir toujours marginalisé et jamais reconnu comme une forme de divertissement de plus en plus populaire.

Sur le plan économique, la sortie de GTA IV en 2008 est venue mettre les pendules à l’heure : GTA IV est entré dans le Guinness des Records comme le bien culturel le plus vendu de l’histoire sur 24H avec 3,6 millions d’unités vendues soit 310 millions de dollars de recettes le jour de sa sortie (contre 210 millions pour le dernier "Harry Potter", ancien détenteur du record).

Aujourd’hui, 14 millions de copies du jeu ont trouvé preneur et GTA IV est considéré aussi bien par la presse que par les joueurs comme l’un des meilleurs jeux de tous les temps.

14 millions de joueurs ne peuvent pas se tromper

Avant d’être un phénomène de société et le symbole du poids économique grandissant de l’industrie du jeu vidéo, GTA IV est surtout un excellent jeu et une œuvre sans équivalent.

Le jeu vidéo doit à la série GTA deux concepts révolutionnaires qui sont aujourd’hui des lieux communs de l’industrie.

Premièrement, le concept de sandbox game (le jeu "bac à sable"), c’est-à-dire un jeu dans lequel les concepteurs créent un environnement extrêmement riche pour le joueur, lui fournissent une palette d’actions et le laissent ensuite explorer le monde à sa guise.

Deuxièmement, l’ancrage de ce bac à sable dans un environnement urbain, crédible et résolument mature à l’opposé total des mondes fantastiques et enfantins qui dominaient jusqu’alors le jeu vidéo. GTA IV reprend ces deux concepts clés et les pousse jusqu’à leur paroxysme.

Grâce à la puissance des consoles next-gen, le studio Rockstar est parvenu pour la première fois à créer un environnement vivant d’une effarante complexité : Liberty City, double fictif de New York permet au joueur d’explorer librement une surface de jeu correspondant à l’intégralité de Manhattan, de Brooklyn et du New Jersey avec une architecture urbaine totalement réaliste.

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La taille du terrain de jeu impressionne mais moins que tous les petits détails qui achèvent de rendre ce monde crédible : des milliers de passants qui vaquent à leurs occupations, un cycle jour/ nuit qui affecte le trafic routier, des cabarets où se produisent de vrais comiques en stand up, un faux Internet avec des milliers de pages à consulter…

La liste est infinie et le défi pour Rockstar a été de garantir que le joueur ne soit jamais perdu au sein d’un univers aussi vaste. Une série de missions pour divers commanditaires fait office de fil rouge et permet au joueur de se familiariser avec les différentes possibilités et facettes du terrain de jeu. La plupart des missions reposent sur des variations autour de deux mécanismes : la conduite et le combat. Ce schéma impose une certaine répétitivité heureusement éclipsée par la variété des missions annexes et la qualité du scénario et des dialogues qui se hissent sans problème au niveau des meilleures séries policières comme « The Wire » ou « The Shield ».

Une œuvre morale

Contrairement à tout ce qu’essaient de faire croire ses détracteurs plus ou moins bien informés, GTA IV est un jeu profondément moral aussi bien sur la forme que sur le fond.

Sur la forme, il laisse le joueur libre d’agir à sa guise dans un environnement ouvert mais dans lequel chaque action a des conséquences : agresser un badaud fera immédiatement intervenir la police, attaquer un policier entraînera l’apparition des forces d’intervention spéciale condamnant le joueur à une mort quasi-certaine.

Mais le plus important, c’est que sur le fond, GTA IV constitue une condamnation morale sans appel de l’Amérique. Il suffit d’écouter une des nombreuses stations de radio où des républicains belliqueux et des démocrates à côté de la plaque se livrent à des joutes hystériques sur la réforme du système de santé entre deux pubs invitant l’auditeur à refuser un enfant « non génétiquement parfait » pour comprendre que GTA IV offre une version satirique de l’Amérique déformée par ses propres excès.

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La violence de GTA IV, c’est la violence d’une société individualiste où règne la loi de la jungle avec le crime comme seul ascenseur social ; la violence de GTA IV, c’est la tragédie d’individus aux abois incapables de communiquer avec les autres et prisonniers d’un système qui les broie. Ou comme le résume l’anti-héros du jeu, Niko Bellic venu d’ex-Yougoslavie avec l’espoir de commencer une nouvelle vie dans « le pays des opportunités » : « Je croyais que tout était différent ici, maintenant je réalise que c’est bien le cas : tout est pire que là bas. »

Jaquette GTA IV PS3 Grand Theft Auto IV

Développé par Rockstar North et édité par Take Two

Disponible sur Xbox 360, Playstation 3 et PC

Prix de vente : 35€

C’est pour vous si vous avez aimé : Saints Row, Crackdown, Les Sopranos, The Shield, The Wire.


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2 MESSAGES

Forum

  • Merci !
    le lundi 26 octobre 2009 à 15:42, Louka a dit :
    Ah ca fait du bien de lire un article sur le jeu video qui ne sente pas le geek prémature !! C’est vrai que GTA a créé un univers de liberté, c’est ptete pour ça que les gamins sclérosés par la busherie l’ont plebiscité… Une dernière chose : gamer de longue date, (CPC 6128) je dois dire merci pour les références, Camille !
  • Un chef-d’œuvre qui sent le soufre
    le lundi 26 octobre 2009 à 09:19
    Quel plaisir de lire ces lignes pleines d’objectivité, enfin un regard critique sur une œuvre majeur du jeu vidéo. A chaque époque ses divertissements, le jeu vidéo est un vecteur fondamental du 21 eme siècle ! Il faut faire avec miantenant.
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