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CULTURE / Jeux vidéo

"Medal of Honor" : la guerre n’est pas un jeu

On se console / vendredi 12 novembre 2010 par Camille Grandjean
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Medal of Honor, version 2010, un témoignage exemplaire de l’immaturité du jeu vidéo.

2007 : Quartier Général d’Electronics Arts

Réunion du comité de validation

- Bon les gars, ça ne va pas ! Activision vient de sortir Call of Duty 4 : Modern Warfare et ils sont en train de l’écouler par containers ! Avec Medal of Honor, on est devenu des has-been !

- Je vous avais bien dit que les gens en avaient marre de la seconde guerre mondiale ! Ils veulent du combat moderne avec des gadgets high-tech et des drones predators !

- Ok, ok, vous avez deux ans pour me dépoussiérer Medal of Honor mais il ne faut pas trop donner l’impression de copier Call of Duty. Des idées ?

- On pourrait faire Medal of Honor : Corée du Nord ! Le but serait de renverser Kim Jong-il qui menace la planète avec des cyborgs nucléaires contrôlés à distance par des zombies ninjas !

- Non, il faut quelque chose de plus authentique !

- Et l’Afghanistan ? C’est bien non l’Afghanistan ? On pourrait dégommer du Taliban, chasser Ben Laden et promouvoir la démocratie !

- Euh, pas trop de politique, ce n’est qu’un jeu ! Mais on mettra des soldats barbus. Le poil, c’est un vrai truc de guerrier !

- Vendu ! Mettez un de nos studios sur le coup !

Je résume sans doute un peu brutalement mais difficile de voir dans la résurrection de la vieillissante franchise d’Electronic Arts sous des atours modernes autre chose qu’une manœuvre opportuniste pour surfer sur le succès de Modern Warfare.

Le problème quand on copie les bonnes idées des autres, c’est qu’il faut être à la hauteur pour pouvoir soutenir la comparaison.

Un échec ludique

Même dans la définition la plus étroite possible, celle du jeu de tir à la première personne pour adolescents mous du bulbe mais excités du pad, Medal of Honor ne tient pas vraiment la route.

Son seul point fort consiste en une certaine authenticité dans les méthodes d’engagement et les situations de combat avec une abondance de termes militaires techniques pour faire plus vrai. Pour tout le reste, c’est un jeu de tir mou et guère inspiré qui ne possède ni la flamboyante maîtrise du script pour dynamiser les affrontements ni le sens du rythme et du crescendo too-much qui caractérisent la série des Call of Duty. En clair, ce Medal of Honor cherche à boxer hors de sa catégorie sans en avoir vraiment les moyens ou l’ambition, sans parler d’un des finals les plus plats jamais vus dans un FPS de ce genre.

Une opportunité manquée

En vérité, le plus rageant est de constater, à travers son choix de traitement d’un conflit actuel, à quel point Medal of Honor est représentatif de l’immaturité du jeu vidéo et de son manque de courage artistique. L’idée de situer le jeu en Afghanistan et de mettre en scène les combats entre les forces de la coalition américaine et les Talibans n’est pas mauvaise en soi. De nombreuses œuvres qu’elles soient littéraires, cinématographiques ou même picturales n’ont pas hésité à inscrire leur action dans un conflit passé ou en cours pour donner corps à leur vision : « Apocalypse Now », « Johnny s’en va t’en guerre » ou « Misères de la Guerre » de Jacques Callot. Toutes ces œuvres, et bien d’autres, ont en commun d’utiliser la guerre comme révélateur dramatique de la folie ou de la grandeur des hommes et des états. Elles ne cherchent pas à diminuer la violence physique, psychique ou politique de la guerre ni à éluder les questions qu’elle pose à l’individu ou au collectif.

Or, c’est exactement ce que fait Medal of Honor version 2010.

La guerre n’est pas un jeu

« Nous avons toujours considéré ce jeu comme ne parlant pas de la guerre elle-même. Ce n’est pas un jeu à propos de l’Afghanistan ou d’Al Quaïda. Ce n’est pas un jeu à propos des Talibans[…] C’est un jeu à propos d’individus faisant leur travail, un hommage à nos soldats » - Gred Goodrich, producteur de Medal of Honor 2010

On ne saurait être plus clair.

Ce traitement vise précisément à exclure toutes les questions légitimement posées par la guerre et sa représentation dans une œuvre artistique ou de divertissement.

Toutes les problématiques sont évacuées par ce traitement dont une des manifestations concrètes est l’absence totale de civils dans les zones de combat ou de références aux enjeux politiques de la guerre.

Le jeu n’a même pas le courage d’utiliser les contraintes réelles (ambigüité de la population locale, rôle trouble du Pakistan, motivations des Etats-Unis) pour en faire d’intéressants éléments de gameplay. Medal of Honor n’est donc rien de plus qu’un mauvais jeu de tir aux pigeons enturbannés qui, mû par l’opportunisme mercantile le plus vil, réduit la guerre en Afghanistan à un argument marketing de plus. C’est tout simplement irrespectueux, détestable et la meilleure preuve de l’immaturité totale de l’industrie du jeu vidéo.

Medal of Honor 2010

Développé par Danger Close

Édité par Electronic Arts.

Prix public : 60€ environ

Disponible sur PC, Xbox 360 et PS3

Site web

Vidéo :

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3 MESSAGES

Forum

  • "Medal of Honor" : la guerre n’est pas un jeu
    le mercredi 17 novembre 2010 à 01:15
    je comprends pas toute cette haine envers ce jeu …. je suis fatigue de tous ces pro-call of duty c est pas le jeu de l’annee mais ca reste un bon fps avec un bon scenario
  • "Medal of Honor" : la guerre n’est pas un jeu
    le dimanche 14 novembre 2010 à 18:17

    Medal of honnor est vraiment un super jeu.

    jeu de poker

    • "Medal of Honor" : la guerre n’est pas un jeu
      le lundi 15 novembre 2010 à 23:25
      tu parle d’une propagande !!!!!
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