Le studio Naughty Dog ambitionne de figurer parmi les voleurs de spectateurs avec "Uncharted 2 : among thieves".
Le studio Naughty Dog appartient indiscutablement à la short list des meilleurs studios de développement. Véritables orfèvres du jeu de plate-forme ("Crash Bandicoot", c’était eux), les développeurs de Naughty Dog avait fait partie des premiers studios à donner à une vraie claque next-gen avec "Uncharted : Drake’s Fortune" en 2007 sur Playstation 3 avec un succès aussi bien critique que public (2,5 millions de jeux vendus).
Deux ans plus tard, double défi pour "Uncharted 2" : d’une part aller au bout de l’ambition clairement affichée par le studio dès le premier épisode : concurrencer le cinéma grand spectacle hollywoodien sur son propre terrain. D’autre part combler les manques du premier épisode et en corriger les défauts.
Sur le premier point, le contrat est magistralement rempli : le jeu enfonce à plate couture la concurrence cinématographique. Oubliez Indiana Jones, Jason Bourne ou James Bond, pour ne citer que les sources d’inspiration les plus évidentes, il n’y a rien sur le marché qui arrive à la cheville d’"Uncharted 2" en termes de grand spectacle total et survitaminé : casse d’un musée turc, combat à mort sur les toits de Katmandou avec un hélicoptère, exploration d’un glacier dans les profondeurs de l’Himalaya, jeu du chat et de la souris avec un tank dans un village tibétain… on enchaîne les morceaux de bravoure sans aucun temps mort avec un sens du rythme et de la mise en scène qui n’ont rien à envier aux références cinématographiques du genre.
Sur le plan ludique, Naughty Dog a su conserver tous les éléments qui faisaient du premier "Uncharted" une expérience de jeu aussi jouissive qu’efficace et supprimer les rares défauts qui subsistaient. Le mélange plate-forme/ combat se marie encore mieux avec des environnements plus ouverts offrant une plus grande diversité dans la gestion des situations avec notamment la possibilité de privilégier la discrétion sur le combat frontal. Côté contrôles, on évolue avec aisance et souplesse dans la partie plate-forme et on se bat de manière fluide grâce à un système de couverture toujours aussi efficace et un mode de combat au corps à corps plus dynamique.
Mais surtout, "Uncharted 2" bénéficie enfin du mode multijoueur qui faisait cruellement défaut au premier épisode. Coup d’essai pour le studio et coup de maître avec des options de jeu variées en compétitif ou en collaboratif, le tout soutenu par un système bien pensé de matchmaking et de progression par niveaux avec des récompenses à débloquer.
Côté technique, Naughty Dog accomplit de véritables prouesses que ce soit dans la taille des environnements, la finesse des textures, la qualité des animations ou l’intelligence artificielle des ennemis. La plupart de ces améliorations sont loin d’être tape-à-l’œil mais elles contribuent grandement à améliorer la qualité globale de l’expérience.
Sur la forme, on peut regretter qu’"Uncharted 2" ne décolle vraiment qu’à partir du chapitre 6 (sur 26) mais en vérité, le principal reproche que l’on peut formuler à son encontre -et à la série en général- repose sur son postulat : tenter de battre le cinéma à son propre jeu, se situer plus près de l’expérience cinématographique interactive que du pur jeu avec le risque de transformer un médium riche en possibilités uniques en une simple extension interactive du divertissement populaire.
Inattaquable sur la forme, "Uncharted 2" va au bout du programme qu’il s’est fixé et pose en définitive une seule question : ce jeu vidéo-là représente-t-il l’avenir pour le grand public ?
Uncharted 2 : Among Thieves
Développé par Naughty Dog et édité par Sony Computer Entertainment
Sortie le 15 octobre sur Playstation 3 uniquement.
Version française intégrale
Prix de vente : 70€
C’est pour vous si vous avez aimé : Uncharted : Drake’s Fortune ; Assassin’s Creed ; Tomb Raider Underworld ; Batman Arkham Asylum
Bnjour Remiz,
Vous avez raison d’évoquer Fahrenheit et Heavy Rain concernant le mélange jeu vidéo et cinéma, cependant il existe une importante différence entre ces titres et Uncharted.
Uncharted cherche à copier le cinéma Hollywoodien alors qu’Heavy Rain cherche, selon son créateur David Cage, à utiliser le jeu vidéo pour transmettre des émotions complexes, raconter des histoires riches et susciter une empathie vis à vis de personnages aux multiples facettes.
Pour schématiser, on pourrait dire qu’il s’agit de la différence entre le blockbuster et le film d’auteur, sauf que Farhenheit et Heavy Rain ont peu ou prou les mêmes moyens techniques et économiques qu’Uncharted. C’est là que la question de l’auteur et son but entre en jeu.
Uncharted la récuse, Heavy Rain va tenter de l’imposer. Affaire à suivre.
Cordialement
Quand on me parle d’un jeu qui veut détrôner le cinéma, je ne peux que penser à Fahrenheit qui jouissait d’une excellente réalisation. Maintenant, on ne peut qu’attendre avec impatience la sortie de Heavy Rain.
Bien à vous !