L’industrie high-tech veut nous faire changer le lecteur DVD acheté il y a 4 ans à peine. Son successeur désigné s’appelle le Blu-ray.
Blu-ray ? Simplement la dernière arme de divertisse-ment massif que les Philips et autre Sony, veulent nous refour-guer. "Le Blu-ray est le complément naturel de l’écran haute dé-finition", nous assurent les promoteurs de ce format vidéo réunis au sein d’une association, Blu-ray Partner. Comprendre : maintenant que vous avez une télé capable d’afficher une image parfaite (2 millions de pixels contre 500 000 sur les vieux tubes cathodiques), il faut un format vidéo qui puisse stocker les films qui affichent 1,5 million de pixels de plus par image. Et ça le bon vieux DVD en est incapable. Mais le Blu-ray, oui. Le "vieux" lecteur acheté en 2005 peut rejoindre le magnétoscope dans le placard. L’industrie a trouvé de quoi générer de la crois-sance. Le marché du DVD est moribond, le taux d’équipement en lecteurs stagne à 75% en France depuis 2 ans, les ventes de films ont encore chuté de 6% en 2008. La bérézina. La faute au téléchargement, illégal ou pas, contre qui le fier Hadopi veut ferrailler.
Sauf que la réalité n’est pas si rose pour le disque bleu. Les in-dustriels s’attendaient à l’explosion des ventes de Blu-ray fin 2008. Raté. "Je lui donne cinq ans à vivre, pas plus", assurait même il y a quelques mois, Andy Griffiths, le directeur de la fi-liale britannique de Samsung, le numéro 1 mondial de l’électro-nique grand public. L’avenir serait à la dématérialisation, aux films stockés sur les disques durs ou à la vidéo à la demande (qui propose de la HD) qui arrive directement sur sa télé grâce à sa box ADSL.
Selon Médiamétrie, 10,5 millions de Français uti-liseraient déjà ces services de vidéo en ligne quand parc de lec-teurs Blu-ray atteindrait péniblement les 230 000 unités en France. "Le grand public ne comprend pas ce que ça va lui ap-porter, assure François Ruault, le directeur de la division Enter-tainment de Microsoft France. Le DVD marquait une vraie rup-ture par rapport à la cassette vidéo, le Blu-ray non."
Pour rattraper le coup, les Blu Ray Partners (Sony, Panasonic, Philips, Walt Disney, Warner ou Fox Pathé ), promettent des campagnes de pub titanesques pour Noël, ferraillent avec la grande distribution pour qu’elle se montre plus coopérante et propose davantage de lecteurs Blu-ray et de films… Il faut que ces ânes de consommateurs (à peine plus d’un Français sur trois aurait déjà entendu parler du Blu-ray) en achètent maintenant, ça a assez duré. Mais peut-on réellement faire boire des ânes qui n’ont pas soif ?