Les bolchéviques ont pris d’assaut l’hebdo de Pinault. Et la prochaine réunion de négociation salariales, prévue pour le 13 février, a des chances d’être très chaleureuse, tant l’ambiance est à la franche camaraderie entre la rédaction et sa direction.
Du jamais vu au Point ! Pour la première de son histoire et en 35 ans d’existence l’hebdomadaire (né d’une scission avec l’Express) vient de vivre une grève, le 5 février. Un arrêt de travail en fait de deux heures. Mais un mardi, jour très symbolique du bouclage. Une véritable révolution pour nos confrères, dans un news magazine à la culture très libérale. Un mouvement qui a totalement surpris la direction, laquelle après avoir tenté de mater les mutins par diverses manœuvres d’intimidations est aujourd’hui en passe d’enclencher la marche arrière à toute vapeur.
Comme l’a rapporté Bakchich, le premier acte s’est déroulé le 30 janvier, lorsque Pinault en personne a « invité » tous les chefs de services (certains venus de Chine !) à une petite sauterie pour les féliciter de leur travail.
Une soirée amicale au cours de laquelle le message implicite est clair : « Je compte sur vous. Tenez-vos troupes ». Deuxième acte : la direction fait savoir que ces deux heures de grève seront retenues sur les salaires. Là aussi, le message est limpide : les grévistes seront nominativement identifiés et à bon entendeur, salut. Selon des sources internes, une secrétaire que par charité confraternelle nous ne nommerons pas, a bien reçu l’ordre de relever le nom des « rouges ».
Problème, ce mardi 5 février, et en dépit des intimidations, ils étaient très nombreux à s’êtres rassemblés dans l’Atrium. 70 environ, soit près de 40 % du personnel. À l’origine de cette flambée de colère la décision de bloquer les augmentations générales. Ceci au profit d’augmentations individuelles soigneusement ciblées à la tête du client…
Une décision qui s’inscrit dans un contexte bien plus large, celle de l’introduction de méthodes managereriales « à l’américaine » avec « open space » sous haute surveillance et évaluation « poste par poste » de la productivité des uns et des autres. Alors que le Point fait des bénéfices (500 000 euros cette année), les conditions de travail se sont considérablement durcies ces deux dernières années.
Dans un journal longtemps réputé pour son ambiance « familiale et bon enfant », ceux qui refusent de travailler plus pour gagner moins sont désormais brutalement invités à prendre la porte. C’est particulièrement le cas à la rédaction où les « gros salaires » sont poussés vers la sortie au profit de jeunes journalistes moins payés et surtout bien souples d’emploi.
Dans un communiqué daté du 6 février, les délégués du personnel ont ainsi dénoncé les « pressions » et autres mesures « d’intimidation » exercées par la direction à l’encontre des salariés grévistes et soulignent que les demandes consistant à « dresser des listes » ont été ressenties comme de la « délation ».
Réponse de Cyril Duval n°2 du journal et grand manitou du productivisme cité par les délégués : « le procédé était une erreur totale ». Ces listes étaient « circonscrites à la rédaction , à la demande de la direction de la rédaction » apprend-on encore. À noter le grand absent de ce premier conflit social : Ponce Pilate, alias Franz-Olivier Giesbert, le patron de la rédac, qui a pris grand soin de sécher toutes les réunions sur les négociations salariales. Prochaine réunion le 13 février.
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Une soirée amicale au cours de laquelle le message implicite est clair : « Je compte sur vous. Tenez-vos troupes ». Deuxième acte : la direction fait savoir que ces deux heures de grève seront retenues sur les salaires. Là aussi, le message est limpide : les grévistes seront nominativement identifiés et à bon entendeur, salut. Selon des sources internes, une secrétaire que par charité confraternelle nous ne nommerons pas, a bien reçu l’ordre de relever le nom des « rouges ». ce mardi 5 février, et en dépit des intimidations, ils étaient très nombreux à s’êtres rassemblés dans l’Atrium. 70 environ, soit près de 40 % du personnel. À l’origine de cette flambée de colère la décision de bloquer les augmentations générales. Ceci au profit d’augmentations individuelles soigneusement ciblées à la tête du client…
L’unité fait la puissance.