Le vénérable Guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, a-t-il une filiation corse ? Selon une légende vivace dans l’Ile de Beauté, il serait le fils d’un aviateur corse, héros de la France Libre, envoyé en mission en Libye pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pas de preuve irréfutable mais un faisceau d’indices très troublants qui ont même mobilisé ces dernières années des officiers de l’armée de l’Air. « Bakchich » a mené l’enquête et en propose le fruit dès aujourd’hui, après publication dans notre hebdo du vendredi, en lecture libre.
Les photos de Mouammar Kadhafi et Albert Preziosi, cliquez ICI
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« Vous savez que vous êtes dans le village natal du père de Kadhafi ? » Les rares « pinsouts » du continent faisant escale à Vezzani, charmante petite bourgade de Haute-Corse à flanc de montagne, sont d’emblée mis dans le bain. Pas peu fiers, les habitants se livrent volontiers : de mémoire de villageois, le colonel Mouammar Kadhafi, chef de l’État libyen, est le fils d’un aviateur corse répondant au doux nom d’Albert Preziosi.
Ah, Albert ! Son ombre plane encore sur Vezzani. Dès l’entrée du village, une plaque de marbre apposée sur le bâtiment de la Poste rend hommage à ce capitaine né en 1915 et mort en 1943 dans le ciel de Russie, aux commandes d’un appareil de l’escadrille Normandie-Niemen. Quelques virages plus loin, un monument aux morts commémore ce héros « tombé glorieusement au cours d’un combat aérien au nord-est de Karachev » et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Même dans le bureau de la Mairie, la photo sous verre du jeune Albert en tenue militaire occupe plus de place que le portrait de l’omniprésident Sarkozy…
À l’instar de ses administrés, le maire de Vezzani, Jean-Pierre Pagni, n’est guère surpris lorsqu’on évoque devant lui la « légende » d’une filiation corse de Kadhafi. Il en a même « toujours entendu parler ». Mais, comme tous, il n’a jamais eu en sa possession « d’éléments permettant de l’étayer ou… de la contredire ». Montrant du doigt le portrait de l’aviateur (voir les photos en cliquant ici), il ne peut s’empêcher de remarquer : « la ressemblance entre Mouammar Kadhafi, jeune officier, et Albert Preziosi est très frappante. Vous ne trouvez pas ? Cela, évidemment, ne prouve rien, mais c’est une belle histoire ». Et si la « légende » venait un jour à être confirmée, cela ne lui poserait aucun problème : « la commune est toute disposée à offrir un terrain à M. Kadhafi, où il pourrait planter sa tente, ou construire une maison » !
Comme les villageois de Vezzani, les notables de l’Ile, eux aussi, se passionnent pour cette « légende ». Et chacun voit midi à sa porte. Pour Alexandre Alessandrini, conseiller général du canton de Vezzani et conseiller à l’Assemblée de Corse, des faits politiques pourraient légitimer la filiation de l’ami Kadhafi : le soutien libyen aux nationalistes corses, au début de leurs actions violentes dans les années 70. Sans ciller, il affirme que « des nationalistes ont été invités à des stages d’entraînement au maniement d’armes et d’explosifs dans des camps libyens ». Preuve, pour le conseiller, que le Colonel aurait un petit faible pour ses cousins révolutionnaires.
Mais les temps ont changé. Kadhafi est aujourd’hui devenu persona grata sur le continent. Dommage, d’ailleurs, que « l’enfant du pays » n’ait pas « profité de sa visite officielle en France pour séjourner en Corse : il y aurait reçu le meilleur accueil ». Voire un meilleur accueil…
Mêmes convictions chez François Quilichini, retraité fringant des Renseignements Généraux à Ajaccio et ancien de la « coloniale » de 1967 à 1977. Il exerçait alors la fonction de chef du bureau renseignement-sécurité auprès du président du Niger. Et se souvient avec précision de la première visite officielle du jeune chef d’Etat libyen auprès de son homologue nigérien, Hamani Diori.
« En janvier 1974, le président Diori a reçu le colonel Kadhafi à Zinder (dernière ville saharienne du Niger avant la frontière libyenne). J’étais présent. Le soir, le président Diori m’a confié que j’avais serré la main d’un compatriote ! J’apprends alors que Kadhafi avait un père corse ». Sur le moment, « je n’ai pas cherché à en savoir plus, et je le regrette. Mais il faut bien reconnaître que l’hypothèse n’est pas dénuée de sens, au vu de la présence d’Albert Preziosi en Libye dans les années 40. Et puis, dans la coloniale, ceux qui frayaient le plus facilement avec les autochtones, c’étaient les Corses… »
Vu de Vezzani, la légende d’une filiation corse de Kadhafi est si tenace qu’elle a fini par s’inscrire dans l’imaginaire collectif de l’Ile de Beauté. Pourtant, hormis une transmission orale, elle n’a pas laissé de traces écrites. A ce jour en tout cas. Pas une biographie d’Albert Preziosi ne mentionne la naissance d’un enfant, fruit d’une romance avec une Libyenne. Ou ne le dément.
Du reste, peu de documentation existe sur le pilote. Lorsqu’on contacte le service historique de l’Armée de l’air, situé à Vincennes (94), qui centralise l’ensemble des documents et sert de référence aux biographes et aux historiens de la guerre, force est de constater que le dossier « Preziosi » est plutôt mince : quelques éléments biographiques tirés de la presse spécialisée ainsi que des compilations de dossiers de l’armée. Même un article de l’hebdomadaire d’extrême-droite Minute, publié en 1977 sous le titre « Kadhafi serait-il le fils d’un capitaine corse ? », qui avait fait grand bruit dans l’Ile, n’y figure pas. Exit donc les archives de l’Armée de l’air, pour l’instant.
Seul espoir à ce stade de l’enquête : retracer par soi-même les pérégrinations d’Albert Preziosi en Libye. Objectif : vérifier si ces dates coïncident avec celle de la conception de Mouammar Kadhafi. Officiellement, le Guide est né le 19 juin 1942 à Syrte, dans une famille de bédouins de la tribu Senoussi, originaire de la région du Fezzan, à la frontière avec le Niger et le Tchad. Logiquement, il a donc été conçu entre septembre et octobre 1941.
Où se trouvait donc le bel Albert à ce moment précis ? Las ! Les quelques écrits existants sur le pilote (brochures sur l’histoire de l’escadrille Normandie-Niemen, dictionnaires de l’aviation, chapitres de manuels d’Histoire…) s’accordent certes sur la présence régulière du pilote en Libye mais avec des divergences de dates et de lieux.
Pour autant, parmi les nombreuses hypothèses d’itinéraires libyens de Preziosi, une piste sort du lot : que le pilote ait suivi la colonne Leclerc dans sa conquête du Fezzan. Les Français se sont en effet implantés dans cette région dans les années 1940, avant de l’administrer à partir de 1943 et ce, jusqu’en 1951. Les faits historiques abondent dans ce sens.
En effet, le Général Leclerc est parti d’Afrique pour couper les arrières des armées italiennes et allemandes. Le premier contingent de la colonne a embarqué, depuis l’Angleterre, le 30 août 1940, en direction du continent africain. Or, deux compagnons de route de Preziosi – Jacques Soufflet et Yves Ezanno – sont partis de France en juin 1940. La logique voudrait donc que, comme eux, Preziosi soit ensuite remonté avec la colonne Leclerc par le nord du Tchad, qu’il ait ensuite traversé la Libye par le sud, pour rejoindre l’ Égypte puis Rayak, où il arrive à la fin 1941 (voir la carte détaillée en cliquant ici)
Au vu de ces dates, le pilote a effectivement pu rencontrer une femme libyenne dans la région du Fezzan au moment de la procréation de Mouammar Kadhafi. Preziosi pourrait donc être l’un de ces aviateurs qui, en temps de guerre, plongent dans l’anonymat pour mieux assurer le succès de leurs missions.
Légende du Guide suprême de la révolution libyenne oblige, Mouammar Kadhafi a (aussi) un père libyen. Officiel celui-là. Ses différentes biographies mentionnent un certain Abou Meniar Al Kadhafi, bédouin éleveur de chèvres de la région de Syrte. Mais, mystère et boule de gomme, on ne retrouve pas de traces ni de la date de naissance d’Abou Meniar, ni de celle de son mariage avec Aïcha, la mère de Mouammar. Il n’est jamais précisé non plus si Aïcha a été la seule et unique épouse d’Abou Meniar. L’état civil dans la Libye sous colonisation italienne étant fort aléatoire, le flou entourant la famille Khadhafi n’en est que plus grand.
En témoigne le nombre, fluctuant, des frères de Kadhafi. Selon certains biographes, le leader libyen serait fils unique. Pour d’autres, il serait le dernier d’une nombreuse fratrie. Enfin, d’après le journaliste américain John Cooley, qui lui a consacré un ouvrage très documenté paru en France en 1982, Vent de sable sur la Libye, Mouammar aurait un frère, Sayed Kaddam…
Dans ce contexte, les témoignages des rares compagnons de combat d’Albert Preziosi encore en vie devraient apporter une aide précieuse. Ils sont après tout les seuls encore à même de raccrocher les chaînons manquants.
Le capitaine Georges Masurel est justement l’un des derniers Français Libres à pouvoir témoigner de leur épopée. Mécanicien devenu mitrailleur puis pilote, il a rencontré pour la première fois Albert Preziosi en Libye en 1942 au sein du groupe Alsace. Puis il l’a accompagné comme mécanicien au sein du « Neu-Neu », le groupe Normandie-Niemen dans le jargon des anciens.
Validant la thèse du paternel corse de Mouammar Kadhafi, il affirme que « Preziosi était certainement avec l’équipe de la colonne Leclerc » avant de rejoindre, fin 1941, la base de Rayak pour y assurer la formation des pilotes. « Le groupe Alsace provenait d’ailleurs pour beaucoup des hommes qui avaient “fait l’Afrique” et qui sont donc passés par la Libye ». Georges Masurel aurait-il donc eu vent d’une liaison entre son compagnon de route et une Libyenne ? « Oui », confirme-t-il mais à partir d’un autre fait. Un incident étonnant, qui aurait déclenché toute l’affaire…
Pendant l’été 1942, alors que les forces françaises bataillent contre les Italiens et les Allemands à Bir Hakeim, au nord-est de la Libye, Masurel et ses camarades d’escadrille apprennent que l’avion piloté par Preziosi, qui doit rallier Tobrouk, n’est pas arrivé à destination. « Pour nous, il était porté disparu. Et plus d’un mois après, il est revenu à la base ».
Surprise ! Abattu en plein vol, le jeune Albert raconte alors à ses camarades qu’il a été recueilli par une tribu libyenne qui l’a récupéré et soigné, tout en le cachant des Allemands. « Il a vécu ainsi avec eux pendant au moins trois semaines. C’est à partir de là que certains ont commencé à parler d’une liaison avec une Libyenne pendant son séjour dans le désert ».
Et qu’en disait le principal intéressé qui avait eu vent de ces rumeurs ? Réponse pudique de Georges Masurel : « vous savez, c’était la guerre. On avait d’autres priorités. Et puis Albert n’est pas resté longtemps une fois rentré. Je l’ai perdu de vue pendant un bon moment car il était très malade et a été renvoyé à l’hôpital au Caire. On s’est retrouvé ensuite pour le Normandie-Niemen à la fin 1942 ».
Créée le 15 mars 1941 à Ismailia (Egypte), la première escadrille de chasse (EFC1) rassemble les premiers aviateurs ralliés à la France Libre en juin 1940. Elle est engagée en avril 1941 dans la défense de Tobrouk assiégée par l’Afrikakorps (corps d’armée allemand envoyé en Libye pour soutenir les forces italiennes face aux Britanniques). Après le repli allié, l’escadrille se consacrera aux attaques au sol et à la protection des convois en mer.
Fin 1941, elle part pour la Syrie où elle est dissoute pour laisser la place au Groupe de chasse « Alsace » ( GC1). Placé sous les ordres du commandant Jean-Louis Tulasne, puis du commandant Joseph Pouliquen, le nouveau groupe est d’abord chargé du convoyage des avions neufs. Après avoir été employé dans la défense de Bir Hakeim (juin 1942), il participe a la défense d’Alexandrie.
En septembre 1942, le Commandant Pouliquen est chargé de constituer un nouveau groupe de chasse appelé à combattre sur le front de l’Est pour soutenir les forces soviétiques, qui deviendra le Groupe de chasse « Normandie » (GC3). Constitué à partir d’un groupe de pilotes de chasse et de mécaniciens français, tous volontaires, dont une grande partie provenait du groupe Alsace, il quitte la base aérienne de Rayak en novembre 1942 pour la Russie.
A. G.
Si on se base sur la date de naissance officielle de Mouammar Kadhafi – juin 1942 – le séjour d’Albert Preziosi au sein d’une tribu libyenne aurait en fait permis à l’heureux papa d’assister à la naissance de son fiston. Et non de le concevoir. A moins que les biographes officiels du Guide ne se soient emmêlés les pinceaux entre le calendrier georgien et le calendrier musulman…
Et, pour corser le tout, en novembre 1978, à l’occasion du Nouvel an musulman, Kadhafi a mené une révolution calendaire. Il a décrété que le calendrier musulman ne devait plus débuter en 622 de l’ère chrétienne (date de l’émigration du Prophète vers Médine et qui sert de référence calendaire dans le monde musulman) mais en 632, à sa mort… Ce qui, après de savants (et hasardeux) calculs, pourrait signifier que le petit Kadhafi serait né plus tard. Voire en 1943, neuf mois après que Preziosi ait vécu dans une tribu libyenne.
Autant de conjectures sur lesquelles les anciens compagnons d’escadrille du bel Albert ne s’attardent guère. Et pour cause ! À les entendre, toute l’escadrille était au courant et partageait LE secret.
Lorsque le commandant Pierre Lorillon rejoint Normandie-Niemen à la fin 1943, Albert Preziosi avait déjà trouvé la mort en héros cinq mois plus tôt. Il se souvient très bien des discussions qu’il avait alors avec les autres pilotes du groupe. Pour lui, la filiation Preziosi/Kadhafi ne fait aucun doute. « On savait tous qu’Albert avait eu une copine “grande tente” libyenne, c’est-à-dire une fille noble de la haute bourgeoisie. Mais c’est une histoire qu’on ne connaît pas bien. On savait juste qu’il lui avait fait un enfant et que l’oncle de cette femme l’avait pris en main, et envoyé étudier à l’étranger pour calmer les esprits et préserver la réputation de la tribu. On a toujours évité d’en parler. Qu’un Européen fasse un gosse à une Libyenne, cela pouvait causer des problèmes, y compris à Albert. Ce genre de chose n’était du reste pas bien vu par les Anglais ». Une vraie bonne raison qui, une fois érigée en prétexte, a permis à la Grande Muette de ne pas l’ouvrir…
Restait à savoir ce que pensait la famille Preziosi des certitudes des anciens compagnons de son pilote prodige. Une tâche difficile quand on sait que la plupart des Preziosi ont embrassé une carrière militaire ou baigné dans le milieu. Né d’un père gendarme, originaire de Fontana en Castagniccia et marié à une fille Paoli, de Nocario, à quelques virages de là, Albert avait un frère, de quatre ans son aîné. Jean a choisi la même voie que son père et a accédé au rang de Général de gendarmerie. Sa veuve le représentait le 28 juillet 1997 à la première cérémonie commémorative de la disparition, cinquante-quatre ans plus tôt, d’Albert.
Ces commémorations se sont déroulées au village corse de Vezzani, sur initiative du commandant de la base aérienne 126 de Ventiseri-Solenzara qui porte justement le nom du capitaine Albert Preziosi. Les membres de la section régionale de l’Association nationale des officiers de réserve de l’armée de l’air (ANORAA) s’étaient particulièrement mobilisés pour préparer l’événement. Surtout l’un d’entre eux, un certain François… Preziosi.
Contact pris, François est fils d’un cousin d’Albert. Officier réserviste, il a contribué à rassembler des éléments biographiques sur son grand-oncle pour son association, en recensant les documents disponibles et ouverts. « Je connais depuis toujours cette histoire de filiation avec Kadhafi et j’ai essayé d’en savoir plus » reconnaît-il. « J’ai même demandé à une connaissance d’interroger un de ses vieux copains de 50 ans qui était à l’époque en fonction dans le Fezzan pour les “affaires indigènes” ». Même pour lui, la réponse est tombée, sans appel : « secret professionnel ». Comme si un voile opaque devait continuer d’envelopper cette affaire. François Preziosi se souvient pourtant de cette scène où, dans les années 70, la mère d’Albert postée devant le petit écran, s’est écriée : « Mais, c’est Albert ! » Le reportage montrait des images du jeune leader libyen.
« C’est cette ressemblance physique entre les deux hommes qui a créée toute cette histoire », relativise Jacques-Antoine Preziosi, un des neveux d’Albert, avocat à Marseille. « Il n’existe aucun élément d’aucune sorte pour attester ce lien de parenté. Nous n’avons aucun document qui en parle et Albert n’a laissé aucun courrier. Donc, pour nous, les descendants directs, c’est un non-événement ».
Soit, mais a-t-il essayé d’entrer en contact avec Mouammar Kadhafi ou son entourage ? « Nous n’avons jamais demandé quoi que ce soit, c’est très impudique. Et très déplacé. Vous vous voyez aller en parler à Kadhafi ? Toucher ainsi à l’image de sa mère ? Si j’étais lui, je le prendrais extrêmement mal. Et puis il y a de quoi risquer de se faire embastiller ».
Pourtant Jacques-Antoine reconnaît que de nombreuses personnes l’ont contacté pour lui demander si son oncle était le père du colonel Kadhafi. Parmi elles, il y a quelques années, les représentants d’un industriel dont il taira le nom. Jacques-Antoine a alors vu tout rouge : « il croyait quoi cet industriel ? Qu’il pouvait utiliser cette histoire pour décrocher des contrats ? »
Ces hommes n’étaient visiblement pas les seuls « gros calibres » à s’enquérir du paternel de Mouammar. En 1999, un officier supérieur français interrogeait par écrit le chef du service historique de l’Armée de l’air, le Général Silvestre de Sacy, pour savoir si la piste corse était la bonne. Lequel service a enterré la demande (voir l’encadré en cliquant ici). Motif invoqué : pendant la campagne de Libye, les officiers français n’avaient pas de contacts avec les autochtones et encore moins avec les femmes. Les survivants de Normandie-Niemen témoignent du contraire.
Le sujet de la filiation corse de Kadhafi n’est donc pas clos. Loin de là, même si la seule preuve intangible serait un test ADN. Et de là à effectuer un prélèvement sur le Colonel…
Anne Giudicelli (avec Francis Christophe)
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Je lis cet article qui a déjà été publié il y a un certain temps en passant par hasard sur ce site. Ma première réaction en le découvrant est : "ça y est, l’info est publique". L’hitoire de la filiation du fringant aviateur et du guide de la Révolution Libyenne m’est en effet connue depuis l’enfance.
J’appartiens à la famille d’un ancien pilote de Normandie-Niemen, compagnon d’armes de Preciozi. Cet homme s’appelle Nicolas Benedetti. Il est né en 1908 dans le petit village corse de Monacia d’Aullène. Ayant survécu à la guerre, il a poursuivi sa carrière et est devenu général aviateur. Je l’ai toujours entendu dire que Préciozi avait été son meilleur ami au sein de l’escadrille (il est vraisemblable que leurs origines communes aient favorisé leur rapprochement). La filiation avec Khadafi était pour lui une absolue certitude, à telle enseigne qu’il s’exclamait immanquablement à chaque apparition télévisée du chef d’état : "Ah, voilà mon neveu !" (le fils de son frère d’armes). Le but était de provoquer notre consternation amusée, ce qui réussissait à chaque fois.
Je pense pouvoir affirmer qu’AUCUN aviateur de l’escadrille contemporain des faits n’a jamais douté de cette histoire.
Voilà le témoignage personnel (bien modeste et indirect, il est vrai) que je peux apporter à l’appui de cet article. Je ne le donne que pour ce qu’il est, de la "seconde main", mais au moins est-il sincère.
D.F