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MONDE / GÉOPOLITIQUE IRANIENNE POUR LES NULS

Invasion américaine en Irak et émergence du Chiisme

lundi 14 mai 2007 par Mehdi Dadsetan
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Cinquième volet de notre saga « géopolitique iranienne pour les nuls ». Ou comment l’invasion de l’Irak par les Américains a paradoxalement favorisé l’émergence du Chiisme. De là, la réponse Sunnite ne s’est pas faite attendre.

La région du Moyen Orient est la zone la plus convoitée par les pays industriels pour son importance énergétique et ses gisements pétroliers. Un survol de l’évolution du facteur chiite dans les différents pays qui constituent la majorité de leur population nous permettra de mieux connaître la nature et la réalité des conflits qui opposent la population de cette région à la suprématie des grandes puissances industrielles.

Invasion américaine de l’Irak

En Irak, les Chiites du sud revendiquent leur part dans le nouveau pouvoir installé par les Américains et ne renoncent pas à leur hégémonie tant attendu grâce à leur poids démographique. 75% de la population iranienne, 65% de la population irakienne, 40% celle du Liban, 70% de la population du Bahreïn, et une bonne proportion de la population de la région du Golfe Persique sont des Chiites. Malgré leur nombre, les Chiites ne constituaient jamais un pouvoir hégémonique en dehors de l’Iran.

Sous le régime de Sadam Hossein, les Chiites subissaient les pires exactions. Après la première guerre de l’Irak (1991), la zone kurde avait réussi, avec l’aide et le soutien de la communauté internationale, à s’extraire du pouvoir du Baas. Mais la révolte des chiites au sud de l’Irak n’a rencontré aucun soutien de la part des pays occidentaux (par peur de l’influence grandissante du voisin chiite iranien) ; isolée, cette révolte a été sauvagement réprimée par l’armée irakienne, et des centaines de chiites ont été tués. Une partie de cette population avait réussi à fuir et à aller se réfugier en Iran. Au cours de ces années entre 1991 et 2003, le régime de Sadam avait continué la répression contre la population chiite irakienne. L’invasion de l’Irak par les Américains avait mis fin à un pouvoir sunnite et permis aux chiites, pour la première fois dans leur histoire, d’arriver au pouvoir en Irak.

Prise du pouvoir par les Chiites

Cette prise du pouvoir, a propulsé les autres populations chiites sur le devant de la scène politique dans tous les pays de la région. Cette nouvelle position leur a permis non seulement de revendiquer leur droits bafoués depuis toujours, mais aussi leur a donné une identité qui dépasse les frontières nationales et leur donne le sentiment d’appartenance à une communauté confessionnelle à l’échelle régionale. Ce réveil chiite donne non seulement une position incontournable au pouvoir politique iranien, mais il joue aussi le rôle de « gestionnaire », de « concepteur », celui qui « façonne » les croyants de cette religion dans cette partie du monde. Une bonne partie du revenu pétrolier de l’Iran va être utilisée dans le financement des organisations de « partisanes », des personnalités « proches » qui constituent les principaux piliers idéologiques et les bases logistiques du régime islamique dans des zones de tension du Moyen-Orient. C’est lui qui distribue des cartes et c’est lui qui essaie de déterminer les règles du jeu. C’est d’ailleurs l’une des raisons de l’accueil favorable du régime islamique et des chiites irakiens : au début, lors de l’invasion américain, l’Ayatollah Sistani, (le religieux d’origine iranienne et le plus en vue des chiites en Irak), les avait encouragés à suivre et à soutenir la politique américaine en Irak. Qui pouvait croire qu’un jour le rêve de l’Ayatollah Khomeiny, (le guide de la révolution iranienne en 1979) de voir un régime chiite installé en Irak, pourrait se réaliser à l’aide et au prix des sacrifices des soldats de ses pires ennemis, les Américains ?

Les chiites avec les kurdes ont participé d’une manière très active au processus de « démocratisation » : l’organisation des « élections », la constitution du premier gouvernement et celui issu de l’élection de 2005, la participation des chiites dans la police, et à tous les niveaux de l’administration étatique.

Mais, les sunnites se sont sentis très vite trahis non seulement en Irak, mais aussi dans tous les pays de la région où le pouvoir politique est aux mains des Sunnites. Ils se sont sentis fragilisés par une volonté évidente des Américains dans l’affaiblissement de leur pouvoir au profit des chiites et surtout favorisant ainsi le pouvoir régional iranien où la majorité des dirigeants irakiens avait passé de longues années de leur vie en Iran et sous tutelle des religieux iraniens. Les membres de « Sépah-é Badr » (l’armée de Badr), le bras armé du parti Al Dawa, chiite, ont été formés, équipés en arme, par la branche de « Qods » des Passdarans (armée idéologisée et contrôlée par les religieux iranienne), et ses membres financés par l’institution du guide iranien, Khamenei. Les imbrications des éléments iraniens avec ceux des irakiens sont tellement complexes qu’il est impossible de mesurer le niveau de l’influence des religieux iraniens sur la scène politique irakienne. Les liens familiaux, crées par le mariage, entre les religieux irakiens et les femmes iraniennes et vice versa, ne datent pas d’hier. Les exils forcés et successifs des Irakiens en Iran, et leur long séjour sur la terre iranienne, ont créé un attachement affectif qu’il serait difficile de ne pas prendre en compte dans une analyse des jeux politiques et d’influence dans la situation actuelle en Irak.

La réponse des Sunnites

La violence des sunnites contre l’armée américaine, en particulière au début de cette invasion, peut être comprise dans ce sens, et elle se reflète aussi dans des attaques violentes et meurtrières contre les quartiers chiites à Bagdad, ainsi que dans la montée du sentiment anti iranien de plus en plus souligné dans les pays arabes et majoritairement sunnites. La violence des deux premières années de la guerre de l’Irak contre les forces américaines étaient organisées par les sunnites. Un certain nombre de tribus, d’anciens officiers sunnites de l’armée irakienne, de combattants jahadistes et salafites étrangers venus un peu de partout et surtout de l’Afghanistan, de l’Algérie, de l’Egypte (soutenues souvent sur le plan logistique et financier par l’Arabie Saoudite), les anciens membres du parti Baas, se sont retrouvés unis autour d’un même objectif : obliger l’armée américaine à quitter l’Irak et à empêcher la constitution d’un gouvernement chiite soutenu par les Etats-Unis d’une part, et par l’allié du gouvernement iranien d’autre part. Leur objectif était de renverser la situation au profit d’un pouvoir politique sunnite.


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1 MESSAGES

Forum

  • Invasion américaine en Irak et émergence du Chiisme
    le jeudi 17 mai 2007 à 11:18, willy a dit :
    les choses simples paraissent parfois trés compliquées et vice versa. On a l’impression que l’armée US est dépassée par les evénements alors que c’est tout le contraire. Lorsqu’on construit des bases permanentes dans ce pays ,ça n’est pas pour partir la queue entre les jambes. Les attentats quotidiens dans ce pays sont pour 90% l’oeuvre de services spéciaux US ou alliés. Le chaos justifie le maintien des troupes. Que des insurgés attaques l’envahisseur ça se comprend mais l’aider à justifier son occupation en alimentant une guerre civile est stupide. La présence US découle de plusieurs mensonges dont le premier fut le 11septembre.Voir http://www.reopen911.info Aprés, tout le reste parait limpide.Attention au réveil brutal !!
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