Les Français ont tendance à consommer de plus en plus de produits locaux. Les publicitaires rattrapent le coup comme ils peuvent.
Ils aimaient bien, pourtant, avant, voyager par l’esprit. En Inde, en achetant du riz basmati, en Norvège, avec du saumon atlantique… Et aujourd’hui, paf, l’exact contraire. Les Français ont tendance à consommer de plus en plus de produits locaux. Comme ça, sans prévenir. Les publicitaires, et autres experts du marketing, qui n’aiment pas se sentir dépassés par une tendance qu’ils n’ont pas vu venir, rattrapent le coup comme ils peuvent. Ils conceptualisent le phénomène, donnent un nom à ces gens étranges qui souhaitent consommer du « made in France » : ce seront donc les « locavores ». Pas très joli, sans doute, mais toujours plus que les « repliés », ainsi que les qualifient Ethicity et Aegis Media Expert, deux cabinets spécialisés en marketing et en comunication, dans une récente étude sur la typologie des consommateurs.
« Repliés »… Et pourquoi pas bouseux tant qu’on y est ?! Salauds de pauvres ! Jamais contents, jamais constants. Car c’est bien de cela dont il s’agit : de vulgaires pauvres, touchés par la crise, qui obéissent au bon vieux principe du « les amis de mes amis sont mes amis. » Il y a certes un engagement écologique derrière tout cela, avec la volonté de diminuer la fameuse empreinte carbone. Mais il y a en effet surtout un argument économique. Si les Français font jouer la fibre patriotique, c’est aussi pour sauvegarder ce qui peut l’être. Un seul exemple.
Destination Plougastel, en Bretagne. Là est le royaume de Savéol, une grande coopérative rassemblant plus de 150 maraîchers. Chacun, dans les environs, connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui travaille pour, ou avec, Savéol. Et chacun, donc, est fort logiquement enclin à n’acheter que des fruits et légumes signés de la marque. Les magasins ne se posent même pas la question : tous leur rayon est à base de produits Savéol. Ainsi, ils sont sûrs de vendre et, par la même occasion, de se faire bien voir en communiquant sur leur attachement, forcément indéfectible, à leur terroir. Les industriels, eux non plus, ne sont pas les derniers à retourner le problème en leur faveur : c’est l’exemple d’Orlait, avec son « lait d’ici », qui vient de sortir. Ou de Mousline, qui défend la patate française, via un logo apposé sur le packaging. Et de Lustucru, qui vante son riz « semé, cultivé, cueilli et emballé en France. » C’était déjà le cas avant, et c’est sans doute bien de le dire maintenant. Mais s’ils pouvaient surtout baisser leur prix, ce serait mille fois mieux.
"les autres savent produire bien ,beau,mieux, moins cher" …
Une note dissonante à cette assertion : . Produire bien : ils produisent souvent au mépris du droit social ou environnemental qu’ils reconnaissent peu ou pas . Produire beau : en termes de beauté, rien ne vaut le travail d’un artisan appliqué . produire mieux : ce qui est produit à grande échelle est rarement durable. Seul l’électro-ménager de haut de gamme dure plus de trois ans et/ou s’avère réparable (par ex) . produire moins cher : les français ne paient pas trop de charges, les autres en paient trop peu car leurs salariés n’ont que peu ou pas de droit (maladie, retraite, temps de travail, age de travail, etc)
La relocalisation de l’activité me paraît une carte à jouer pour lutter contre les excès de la mondialisation.