Appelez-là NKM. C’est plus chic. Réservé aux initiés. Pour les autres, elle s’appelle Nathalie Kosciusko-Morizet, un nom imprononçable. Et sur les photos du gouvernement Fillon 2, c’est l’une des jeunes femmes, aux yeux perçants, nommée secrétaire d’État à l’Écologie, en charge du futur « Grenelle de l’Environnement » annoncé pour l’automne, sous la coupe du chiffonné Borloo. Elle, NKM donc, 34 ans, est toujours BCBG, joli tailleur, chevelure soignée. Et c’est surtout une surdouée, au point qu’elle plaît à ses ennemis et agace souvent ses amis. Primo : NKM a la politique dans les gènes, grâce à un arrière grand-père maire SFIO de Boulogne-Billancourt, un grand-père gaulliste et ambassadeur, un père maire de Sèvres (Hauts-de-Seine). De quoi faire quelques jaloux dans les rangs de l’UMP, d’autant que Chirac l’a couvée dès son entrée à l’Assemblée en 2002. Deuxio : NKM est polytechnicienne, diplômée du génie rural des eaux et forêts. Elle est donc incollable sur les eaux et les forêts, et sur plein d’autres sujets scientifiques ardus et assez barbants. Comme elle aime bien dire haut et fort à ses interlocuteurs, surtout ceux de son camp, qu’elle est incollable, cela peut finir par énerver. Tertio : elle s’y connaît en écologie davantage que bien des écologistes, ayant négocié les accords de Kyoto pour la France, inspiré la Charte de l’Environnement inscrite dans la constitution en 2005, rédigé un rapport parlementaire sur l’effet de serre et réuni tous les experts possibles lors de conventions de l’UMP.
Résultat : sur bien des sujets (les cancers environnementaux, les taxes écolo chères à son copain Nicolas Hulot, etc), NKM est plus radicale que les Verts, qui en restent coi. Au risque de heurter certains des caciques de l’UMP, peu habitués à éteindre les lampes quand il sortent de leurs bureaux ! Il n’est pas sûr qu’elle réussisse à leur faire adopter toutes ses idées. Alors, (trop ?) sûre de ses talents originaux, NKM a longtemps attendu le poste ministériel de l’Écologie. En juin 2005, elle y croyait ferme. Mais ce balourd de Villepin lui avait préféré la brave Nelly Ollin, sénatrice UMP du Val d’Oise, parfaitement ignorante des choses de la planète. NKM pestait contre cette erreur de casting. Pour emporter la mise cette fois-ci, cette chiraquienne a dû se forcer un peu pour rallier Sarkozy. Rameuter Nicolas Hulot pour qu’il explique calmement au candidat de l’UMP les enjeux du réchauffement climatique. La jouer modeste aux côtés des poids lourds qui guignaient le titre ronflant de ministre d’État chargé du développement durable, Juppé, Borloo, Barnier en tête. Ne pas se laisser distraire par les affaires d’EADS, dans lesquelles est mêlé son ami Jean-Pierre Philippe, ex-membre de cabinets socialistes et proche de Jean-Paul Gut, dirigeant sur le départ. Se faire réélire avec 56 % des voix comme députée de l’Essonne. Et attendre le coup de fil de l’Élysée… NKM a réussi son coup. Mais, maintenant, il y a un Grenelle qui attend…