La conconfesse de Fogiel

Abandonne tout espoir toi qui pensais qu’ « À mon tour d’être sur le grill » serait une confession honnête, franche et courageuse sur le parcours de Marco, le Lucien de Rubempré de la télé. Non, tu es juste invité à participer à une très prosaïque opération de communication, censée préparer son retour cathodique. Le lancement du livre a donc été confié à Michèle Sebbag, l’une des meilleures attachées de presse de Paris.

Sa parution a été avancée, apprend-on, sans doute pour brûler la politesse au bouquin de son ex-copine Bardot qui revient longuement dans ses pages sur un « On ne peut pas plaire à tout le monde » de sinistre mémoire. Le soir où, ensemble, il auront façonné l’un des plus laids moment de l’histoire de la télé. Une sortie avancée aussi pour cause de litige juridique avec certains ex-salariés de « PAF Presse/PAF production » sa boîte de production revendue à Endemol pour 31 millions d’Euros. Un souci évoqué page 92 : « Lorsque je suis parti de Canal Plus avec toute mon équipe, je suis devenu le « vrai »patron et mon rapport avec mes collaborateurs a changé (…) Alors que je n’avais pas changé et que les salariés avaient conservé un salaire et des avantages identiques, l’atmosphère n’a plus tout à fait été la même » et de conclure avec un classieux « On vous en veut toujours des services que vous rendez ». Salauds de pauvres en somme…

Prudent, Marco a pris soin de contacter ses anciens potes de Canal pour un déjeuner en souvenir du bon vieux temps. Mais entre la poire et le dessert, il a prévenu qu’il se pourrait que certains journalistes viennent leur poser quelques questions eu égard à la sortie du livre. Que ce serait cool de ne pas raviver les vieux (et mauvais souvenirs). Le risque est faible. Car seuls quelques grands titres de presse télé, triés sur le volet, auront eut l’infime honneur de recevoir « A mon tour d’être sur le grill ». Avec une nette préférence pour les publications du groupe Lagardère dont Marco est également salarié (il est en charge des matinales d’Europe 1).

À preuve, un portrait écœurant de flagornerie, paru dans le JDD du 20/09 où Fogiel qui se dit, sans rire, tenté par la politique et l’humanitaire conclut par un hilarant « Je me vois très bien dans une municipalité m’occupant du secteur social. » À part ça, le livre est un hommage appuyé aux décideurs de tous poils qui pourraient le faire bosser dans un proche avenir. Marc Tessier ? « Un vrai grand patron de France Télévisions ». Rachel Kahn la responsable du divertissement sur France 3 ? « Une rencontre comme on en fait peu ». Nicolas de Tavernost et Thomas Valentin ? « Un duo historique qui est l’un des clefs du succès d’M6 ». Et que je te flatte Alexandre Bompard (Europe 1), Axel Duroux et Nonce Paolini (TF1), Didier Quillot (Lagardère Active), Arnaud Lagardère, Bertrand Delanoë, Frédéric Mitterrand et surtout, Nicolas Sarkozy, cité à chaque chapitre.

Les piques, il les réserve pour Ségolène Royal, qualifiée de dépensière (admirez le bon vieux cliché de la femme qui jette l’argent par les fenêtres) pour une simple histoire de taxi, Ardisson son meilleur ennemi (« Il fait du divertissement, moi du journalisme » nanananèreuh…), Philippe Bouvard (80 ans) ou Jean-Luc Delarue Pas un mot en revanche sur le soir où, avec l’élégance qui le caractérise, il avait interrogé Michel Serrault sur la mort de sa fille. On n’est pas près d’oublier le visage pétrifié du comédien. Et ce regard compatissant à l’égard de son jeune bourreau qui semblait dire « Pardonne lui Seigneur, il ne sait pas ce qu’il fait ». Non, Marco préfère se répandre sur son amitié avec Claire Chazal et donc Renaud Donnedieu de Vabres, Philippe Chazal (frère de et directeur des projets d’Arte), l’auteur mineur Philippe Besson, Laurent Ruquier, Dave, Alain Delon etc., sur sa psychanalyse et son envie, peut-être un jour, d’avoir un enfant parce que « la transmission c’est important ». Mais transmettre quoi au juste ?