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Critères de localisation des multinationales
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Auteur: Hervé LEHÉRISSEL (ENA Pierre Mendès-France 1978) Associé de Arthur Andersen International
Extrait de "L'investissement international en France" EnaMensuel août-septembre 1997
Les stratégies de localisation des firmes multinationales : les critères clés:Quels sont les différents critères qui font qu'une entreprise, qu'un investisseur s'installera ici plutôt que là-bas ? L'accès aux matières premières n'est plus le principal souci, en revanche l'accès au marché et les perspectives de croissance de celui-ci sont devenus primordiaux.
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0 GENERALITES
Au delà des débats souvent passionnés qui entourent le concept flou de " globalisation ", l'internationalisation croissante de l'économie mondiale est un fait. Qu'on s'en réjouisse, pour le surcroît de richesse créé par la division internationale du travail, ou qu'on le déplore, pour les conséquences sociales des ajustements qu'elle entraîne, cette tendance lourde est la donne avec laquelle les nations doivent désormais jouer leur avenir : la première question qui se pose à elles n'est plus "comment organiser l'activité productive sur leur territoire" mais "comment constituer un site attractif d'activité".
Il est donc important pour les responsables des politiques publiques de développement de connaître les critères clés guidant les décisions d'investissement des entreprises multinationales. Plus important encore, s'agissant de la France, qui occupe le troisième rang mondial pour l'accueil des investissements directs (après les États-Unis et le Royaume-Uni), et dont l'économie repose largement sur ses propres multinationales, qui n'échappent pas au mouvement général.
Le cru 1997 de l'enquête annuelle réalisée par le ministère de l'Économie et des Finances (Délégation aux investissements internationaux) et Arthur Andersen, avec l'appui de la Datar, du ministère de l'Industrie et de la DREE apporte, à cet égard, un éclairage qui va à l'encontre de certaines idees reçues.
Confirmant la poursuite de la croissance de la part des ventes et de la production réalisée à l'étranger par les firmes multinationales, l'enquête 1997 a sondé les responsables interrogés sur l'importance relative de treize motivations de l'investissement international couramment identifiées (cf. graphe ci-après).
Il en ressort une nette hiérarchie entre quatre séries de préoccupations qui sont par ordre d'importance croissante : l'accès aux ressources ; la qualité de la main d'ouvre et des infrastructures ; la qualité et la stabilité du contexte institutionnel ; et l'accès au marché.
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1 Les préoccupations d'accès aux ressources apparaissent comme les moins importantes
L'accès aux matières premières, longtemps préoccupation primordiale des entreprises, vient en dernière position des critères proposés. Il faut y voir l'effet conjugué d'une économie de plus en plus tertiaire et immatérielle, des progrès accomplis par les moyens de transport, et d'un marché international des matières premières de plus en plus fluide.
L'accès aux ressources financières est cité à l'avant dernier rang. Cet accès est bien entendu vital pour les entreprises mais, les capitaux circulant librement rien n'oblige à investir dans le pays de la ressource. Les capitaux collectés en Europe peuvent s'investir en Asie sans difficulté. Ce constat est plutôt rassurant pour la France, peu avantagée en termes de puissance financière de par ses techniques de protection sociale.
La peur du protectionnisme vient en troisième position et a tendance à régresser avec le recul des protections.
De manière plus surprenante, l'accès aux hautes technologies ne vient qu'en quatrième position sur quinze. Seraient-elles moins vitales pour les entreprises qu'on ne le pense couramment ou n'est-il pas nécessaire d'investir localement pour y accéder ? En tout état de cause, ce constat donne à penser que l'avance technologique ou les retards accumulés ne sont jamais définitifs, et ne dictent pas seuls la localisation des activités futures.
Enfin, le coût de la main d'oeuvre apparaît en cinquième position. Ce résultat infirme-t-il l'opinion souvent exprimé que le coût de la main d'oeuvre est la cause principale des délocalisations subies par les pays développés ? Oui et non :
Oui si l'on considère que ce critère vient en tout premier rang des préoccupations tenant à l'accès aux ressources, avant même l'accès aux technologies et aux ressources financières ; il faut donc prendre au sérieux le risque à moyen terme que prendrait une Nation qui laisserait déraper ses coûts salariaux ; mais, à l'inverse, le faible poids relatif de ces critères d'accès aux ressources par rapport à ceux développés ci-après donne à penser qu'un handicap dans ce domaine peut être compensé avec succès par d'autres atouts. |
2 Les préoccupations relatives à la qualité de l'environnement, des infrastructures et de la main d'oeuvre apparaissent en effet plus importantes.
De manière groupée, sont respectivement notée en sixième, septième et huitième position : l'environnement tertiaire et industriel ; la qualité des infrastructures ; la qualité de la main d'ouvre.
L'importance relative de ces critères tempère un certain alarmisme sur les risques de délocalisation massive vers le tiers monde.
L'accès à des partenaires et à des prestataires de qualité, à des moyens de communication rapides et à des collaborateurs aptes à résoudre les problèmes qui se posent l'emportent, dans l'esprit des investisseurs, sur l'attrait des ressources bon marché.
Ce constat est particulièrement encourageant pour la France, dont la qualité des infrastructures et de la main d'ouvre est soulignée régulièrement par les études comparatives. |
3 Cependant, la qualité et la stabilité du contexte institutionnel sont pondérés plus fortement encore.
L'environnement légal et réglementaire et la stabilité politique et sociale sont les neuvième et dixième critères les plus appréciés.
Ce segment de l'enquête mériterait sans doute d'être affiné au cours des prochaines années car il s'agit de préoccupations plus complexes que d'autres, où la psychologie et l'interprétation peuvent interférer fortement.
La stabilité politique et sociale reste un concept relativement simple. L'entreprise a suffisamment à faire pour affronter les défis de la compétition dans une économie mondiale en mouvement pour souhaiter limiter au maximum les risques d'accidents institutionnels ou sociaux.
Si les grandes démocraties occidentales sont aujourd'hui difficiles à départager en terme de stabilité politique et de quiétude des alternances, l'entretien d'un climat social agité, ne serait-ce que par le blocage périodique d'infrastructures majeures, peut certainement entraîner un handicap d'image durable.
La "qualité" de l'environnement légal et réglementaire est beaucoup plus complexe à interpréter. Mais l'observation de la vie internationale des affaires fournit là aussi quelques indications. Les pays anglo-saxons, qui ne paraissent pas souffrir de la comparaison à cet égard, se caractérisent par : une complexité parfois extrême de la règle de droit, qu'il faut presque toujours chercher dans une jurisprudence touffue ; une forte sécurité des positions juridiques des particuliers, à la faveur même de la place éminante de la jurisprudence dans les sources du droit, et de la faible inclinaison des pouvoirs publics à changer subitement les règles du jeu.
À cet égard, l'importance attribuée dans notre pays au thème de la simplification, alliée à une activité législative intense et souvent d'effet "rétroactif" (s'appliquant aux solutions antérieurement mises en place) n'épouse pas forcément les préférences des opérateurs et procède peut être d'un contre sens sur l'essentiel des attentes : le respect du "droit des gens" est plus important que la simplicité. |
4 Enfin, les préoccupations d'accès au marchè et de profitabilité apparaissent comme les plus importantes
Les trois critères les plus importants cités sont : la perspective de profits ; la taille du marché ; la croissance du marché.
Cette onzième place de la profitabilité peut être considérée comme un bémol à la faible importance du coût de la main d'ouvre. Des rémunérations salariales élevées peuvent condamner par ce biais aussi. Mais en même temps, cette aspiration naturelle des entrepreneurs au profit donne toutes leurs chances aux combinaisons complexes de main d'ouvre chère et d'environnement de qualité, comme le montre la résistance durable de l'Allemagne à son handicap à cet égard.
Mais l'enseignement principal de l'enquête demeure la prédominance absolue de la taille et de la croissance du marché certainement parce qu'ils déterminent la rentabilité attendue des investissements. Dans la compétition économique entre les nations, les consommateurs apparaissent ainsi comme les avant-centres, dont le poids et le comportement déterminent le succès de toute l'équipe.
Ce constat est par ailleurs enrichi par un autre constat de l'enquête : le recours croissant dans les investissements internationaux aux fusions acquisitions, alliances et "joint-ventures" internationales, au détriment de l'implantation directe par établissement ou filiale à 100 %. Il en résulte que la préoccupation essentielle de taille et croissance du marché s'étend au marché des activités productives c'est-à-dire à plus ou moins grande richesse du tissu productif et capitalistique. À cet égard, l'abondance et le dynamisme des PME est sans doute déterminant.
Le concepteur de politiques publiques peut-il tirer quelques enseignements de cette analyse des critères clés de l'investissement international ?
Tout d'abord, le tout premier facteur du succès économique des nations paraît être leur propre dynamisme, en tant que marché de consommation et en termes de richesse du tissu économique productif.
Si la prospérité ne se décrète pas, il est loisible aux États de remettre au marché, c'est-à-dire à libre initiative des hommes, toutes les fonctions qu'il n'est pas indispensable de collectiviser. De cette manière aussi, on peut faire croître le marché national. Plus généralement, les paris sur la prospérité sont sans doute plus payant que la stricte maîtrise des coûts.
En second lieu, la sécurité juridique et le respect du droit des gens sont un critère majeur de la compétition économique internationale. Il y a là un chantier considérable où des points peuvent être marqués relativement facilement par un pays comme la France, de culture juridique mixte, alliant des influences libérales et romano-germaniques.
Enfin, l'investissement en capital humain (adéquation, formation, santé...), dès lors qu'il développe effectivement la qualité et l'initiative des citoyens est sans doute plus important pour l'avenir que n'importe quelle politique industrielle. |
Le risque pays
Cartographie sur Internet L'information géographique en France et Europe
www.Business-in-europe.com le 1er portail dédié à l'implantation et au développement d'entreprises en France.
L'attractivité du territoire pour les sièges sociaux des grands groupes internationaux : rapport au Premier ministre Sébastien HUYGHE ; Premier ministre
Outils de geomarketing:
Cabinet d'expert en geomarketing http://www.arctique.com http://www.asterop.fr http://www.claritas.fr http://www.geoexpand.com
Postes d'Expansion Economique - DREE accès direct aux sites des PEE et des DRCE. COFACE : risques pays |
6 SECTEURS
Comment retrouver une entreprise?
Listes et monographies
Multinationales sur Internet
PME sur Internet |
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9 PERSPECTIVES |
C COMPLEMENTS
Olivier Bourbon-Olga: "Les nouvelles géographies du capitalisme: Comprendre et maitriser les delocalisations" Seuil 246 pages avril 2006". Pas de règle unique (réduction des coûts, profit immédiat) mais une multitude de facteurs et de représentations |
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