D’où viennent les écoutes ? Comment espionner son voisin ? Quelles excuses sort le pouvoir pris la main dans le combiné ? Les vidéos de l’Ina répondent à nos appels.
Des fritures sur la ligne Fillon-Sarkozy… D’après France Info, Matignon a rappelé au ministère de l’Intérieur la loi en matière d’écoutes téléphoniques en octobre dernier. Comme le note Bakchich Hebdo dans son édition de jeudi (11 novembre), « Nicolas Sarkozy et Claude Guéant se sont toujours intéressés de très près à la vie médiatique » (nous publions d’ailleurs le rapport commandé en 2008 par le secrétaire général de l’Élysée à une officine privée sur Bakchich). Pourtant : « Pas un président de la Ve République qui n’ait cédé à la tentation », rappelle-t-on dans l’article de l’hebdo.
Les écoutes sauvages, ça ne date pas d’hier. En 1973, l’ORTF consacrait un sujet sur cette « pratique dont la simplicité technique d’application nécessite un cadre légal et défini », d’après certains parlementaires. Comment s’y prenait-on pour écouter autrui avant la formidable ère du numérique ? Explications très détaillées dans ce reportage présenté par… Jean-Marie Cavada, aujourd’hui député européen (Nouveau Centre).
Le Canard Enchaîné rappelle dans son dernier numéro avoir été espionné sous Pompidou en découvrant « des micros posés dans (leurs) locaux en 1973 par une équipe de branquignols de la DST ». Le 14 décembre de cette année-là, les députés se réunissent pour mettre en place une commission d’enquêtes sur les écoutes téléphoniques (qui finira par démontrer l’existence des écoutes illégales). Le socialiste Gaston Defferre se plaint que l’affaire d’espionnage sur le Canard Enchaîné ne figure pas à l’ordre du jour et demande les explications du ministre de l’Intérieur de l’époque, Raymond Marcellin. « Contre toute attente (…) monsieur Marcelin entre dans l’Hémicycle », commente le journaliste François Bonnemain. Et le sieur est remonté : « À la vérité, vous voulez me démolir (…) Mon idéal, c’est la France, et la France, c’est l’État ! » La suite paraît très ambigüe : « La seule question qui se pose, est de savoir (…) si nous sommes de taille à lutter contre toutes les formes de la subversion ! Oui, nous sommes de taille ! Et nous gagnerons ! (…) Je continuerais ma lutte avec ténacité (…) pour la paix publique et la sécurité de l’État, et je ferais qu’elles seront assurées » À mots à peine couverts, le ministère de l’Intérieur accuse le journal subversif de nuire à la paix publique et la sécurité de l’État…
Magnifique déclaration de Valéry Giscard d’Estaing en conseil des ministres six mois plus tard : VGE annonce qu’il interdirait les écoutes téléphoniques… « au cas où elles existeraient » ! Et ce quelques jours avant la destruction d’archives de ces écoutes sauvages… Reportage dans le centre d’écoutes téléphoniques de l’avenue de Tourville (7e arrondissement). Centre installé par l’armée allemande d’occupation.