RETOUR AU MAROC Mireille Duteil Le : 2009-10-29
« Finalement, nous regrettons tous secrètement de ne pas avoir un roi », me déclarait récemment, à ma grande surprise, un de mes amis tunisiens. Il m’avait toujours semblé farouchement républicain, jusqu’alors. Et il l’est toujours. Mais ces « républiques héréditaires » qui se mettent en place un peu partout dans le tiers-monde et surtout dans le monde arabe commencent à irriter. Car outre Bachar el-Assad le Syrien déjà en place, c’est Mouammar Kadhafi, le Libyen, qui prépare un de ses deux fils à lui succéder, sans qu’à Tripoli on ne sache trop lequel finira par l’emporter. En fait, le Guide n’a nullement envie de céder le pouvoir. Chez son voisin égyptien, c’est Hosni Moubarak qui met en orbite Gamal, son second fils, homme d’affaires, tout en affirmant le contraire. Et Alger bruisse de rumeurs sur le frère du président Abdelaziz Bouteflika qui, lui aussi, aurait quelques velléités de reprendre le flambeau. Après tout, quoi d’étonnant quand le très républicain président français, Nicolas Sarkozy pousse du col son rejeton encore étudiant pour en faire le grand patron de la Défense, le quartier parisien des affaires.
En France, le Maroc est toujours à la mode. Et ne s’oublie jamais totalement pour ceux qui l’ont connu un jour. C’est le cas d’Isabelle Vicaire-Crouigneau. Qui est-ce demanderez-vous ? Une « fassi de naissance » dont le rêve est de faire revivre à Fès, le souvenir de son père. Peintre et photographe, Marcel Vicaire, né à la fin du XIXe siècle, est arrivé au Maroc en 1923. Il est tombé sous le charme du pays, de ses paysages et de sa lumière. Et y est resté jusqu’en 1958 après y avoir fondé une famille.
Il est peu probable que dans la ville impériale certains anciens se souviennent encore de ce peintre orientaliste de talent, amoureux des arts marocains, et qui fut le conservateur du musée du Batha. Il a beaucoup peint et beaucoup photographié aussi. Le maréchal Lyautey, dont il était le conseiller, soucieux de conserver intact le patrimoine marocain et de revivifier les arts traditionnels, le nomma inspecteur des Beaux arts et des monuments historiques du Maroc. Puis Vicaire partira pour Rabat où il deviendra le conservateur du musée des Oudaïas. Sillonnant le pays, il a enrichi les collections de poteries, costumes, armes anciennes, qu’il y trouvait. Aux Oudaïas, ses successeurs travaillent encore sur les fiches muséologiques dont il avait élaboré la méthodologie, comme le rappelait cet été, à sa fille, Isabelle Vicaire, l’actuelle conservatrice du musée archéologique, Khadija Bourchour, qui n’a évidemment pas connu le vieux peintre. Emotion.