Décidément, les relations entre Gérard Mestrallet, le PDG de GDF-Suez, et Albert Frère, premier actionnaire privé (avec 5% du capital) après l’État, sont toujours aussi compliquées.
Le baron milliardaire belge, qui cherche surtout à arrondir sa galette, selon son expression poétique, a essayé dans le passé de virer le patron du groupe à chaque fois que le cours de bourse chutait un peu. Il se plaint de nouveau de l’ancien haut fonctionnaire passé par le cabinet de Jacques Delors. Il y a la faiblesse du cours, qui accuse une baisse de 12% depuis le début de l’année. Mais il y a surtout les choix stratégiques.
Officiellement, Albert Frère soutient le projet de Mestrallet d’essayer de racheter le groupe anglais International Power, à qui GDF-Suez veut apporter des actifs internationaux en échange de la majorité du capital. Mais cela donnerait à GDF-Suez deux filiales cotées (Suez Environnement et le nouveau International Power donc). De quoi justifier, selon les boursiers, une décote de holding de l’ordre de 10% à 15%. Et ce n’est pas tout. Frère, qui a ses entrées à l’Élysée, se rend compte que Mestrallet n’a pas de contact avec Super Sarko contrairement au PDG d’EDF, Henri Proglio.
Conséquence : le rapport de l’ex-PDG d’EDF François Roussely sur la refonte de la filière nucléaire française ne cite qu’une seule fois le nom de GDF-Suez et retoque tous ses projets de centrale de nouvelle génération en France. Albert est d’autant plus furieux que les centrales nucléaires rapportent gros.
Selon ses proches, Mestrallet s’est planté en soutenant notamment la patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, lui promettant même de développer en commun un réacteur nucléaire de moyenne puissance. Or Lauvergeon s’est mis à dos EDF et l’Élysée sur toute une série de questions et ce avant même l’arrivée de Proglio à la tête de l’électricien.
Bref, GDF-Suez a fait les mauvais choix au mauvais moment. De quoi énerver le baron, qui n’en est pas encore à vouloir virer Mestrallet. Mais il ne se prive pas de faire connaître son mécontentement, ce qui ne peut pas vraiment être considéré comme un soutien amical.