Les logemens sociaux, version PS : un cadeau fait au patronat pour l’encourager à sous-payer moult caissieres et travailleurs pauvres, ceux dont la France a tant besoin ?
L’appellation "logement social" est pour moi énigmatique. Dois-je comprendre logement à loyer raisonnable réservé à ? Les classes moyennes dont le budget logement dépasse régulièrement le 1/3 des revenus auront t-elles droit au doubles-vitrages ?
Pourquoi ne pas réguler en légiferant sur le montant des loyers et les conditions de plus en plus drastiques demandées par les agences immobilières ?
En tout cas ce serait une bonne nouvelle que le PS s’intéresse aux français et à leurs nécessités quotidiennes (manger, se déplacer, se loger). Bienvenue au XXIeme siècle.
Ce sont plus de 40 mesures, issues d’un travail de longue haleine depuis des mois, qui esquissent une véritable alternative aux attaques et fausses solutions de la droite. votre article est caricatural et bien mal informé. cordialement,
Claire
l’article qui a eu l’honneur de vous faire réagir est certainement "caricatural", mais en quoi serait-il "bien mal informé" ?
Il y est dit que le PS se réveille bien tard : après 10 ans de boom immobilier, au moment où les prix s’orientent enfin à la baisse. Ce que vous confirmez à votre manière en indiquant que la proposition de loi évoqué regroupe "plus de 40 mesures, issues d’un travail de longue haleine depuis des mois".
Notons au passage que le programme du PS aux présidentielle, législative et municipale comportait un volet logement important, une première depuis plusieurs décennie dont il faut certes se féliciter. Toutefois, les cogitations du groupe parlementaire socialiste autour de cette proposition de loi ont été si intenses, est-ce à dire que le programme élaboré par le PS pour les échéances de 2007/2008 n’était qu’une ébauche ? Risque-t-on d’entendre Ségolène Royal avouer qu’elle ne croyait pas à cette partie aussi de son programme ?
Oui, le PS a pris sont temps. La loi SRU est dénaturée depuis des années, le pic des ventes à la découpe a été atteint vers 2004 et la loi Robien fonctionne sous divers avatars depuis 2003. Bien sûr, les élus du PS ne sont pas restés les bras croisés, mais avouez que la "véritable alternative aux attaques et fausses solutions de la droite" arrive bien tard.
Vous en conviendrez certainement avec Jean-Marc Ayrault, le patron des députés PS, qui confessait sa grande honte, lors de la séance du 18.01.06 : "Ayons l’honnêteté de reconnaître que, sur tous les bancs de cette assemblée, nous n’avons pas pris la complète mesure de la crise du logement". Par comparaison, Jaurès estimait que « le bon logement, [était] la condition indispensable à la liberté humaine ». Donc pas question de négliger la question.
Enfin, on ne peut que saluer une proposition de loi qui reconnaît enfin que « le parc de logements est insuffisant », que la « crise [est] devenue générale », que « le bilan des six dernières années est sans appel ». On ne peut que s’extasier devant « la volonté de consacrer une part plus importante du budget de l’État à (…) la production de logement abordable ». Une idée défendue dans des termes très proches il y a quarante ans par Pierre-Mendès France .
Pendant 150 ans, les socialistes ont su que répondre à la pénurie de logements engageait la société toute entière et qu’il ne suffisait pas d’emboucher une trompette pour que le mur de Jéricho de la spéculation immobilière s’écroule.
Pour le britannique Robert Owen, le pionnier du socialisme, « le bon logement n’est pas un produit de l’économie capitaliste ». L’envie d’alternative est ici, vous en conviendrez peut-être, beaucoup plus clairement exprimée.
Owen, Mendès, Jaurès, mériteraient d’être redécouverts par nombre d’élus et de militants de gauche. Cela empêcherait au minimum les ténors de la Droite de les citer à leur place.
(revoici une réponse dans un français légèrement meilleur, même si le ton donneur de leçon est resté)
L’article qui a eu l’honneur de votre réaction est certainement "caricatural", mais en quoi serait-il "bien mal informé" ? Il y est dit que le PS se réveille bien tard et, dans le domaine du logement, le dicton ‘‘mieux vaut tard que jamais’’ n’a pas beaucoup de sens au regard des souffrances qu’il recouvre.
C’est un fait : le boom immobilier se prolonge depuis 10 ans. La hausse a été si forte que même les prix n’en peuvent plus de grimper. En outre, ce n’est pas d’hier que la loi SRU est dénaturée ; tandis que le pic des ventes à la découpe a été atteint vers 2004 et que la loi Robien poursuit ses dégâts, sous divers avatars, depuis 2003.
En matière de réactivité, il y a mieux. Sur ce point, le risque d’être démenti est nul. Vous évoquez vous-même une proposition de loi qui regroupe "plus de 40 mesures, issues d’un travail de longue haleine depuis des mois".
Bien sûr, les élus du PS ne sont pas restés les bras croisés. simplement, le logement n’était pas une de leurs priorités. Vous en conviendrez certainement avec Jean-Marc Ayrault, le patron des députés PS, qui a confessé sa grande honte, lors de la séance du 18 janvier 2006 : "Ayons l’honnêteté de reconnaître que, sur tous les bancs de cette assemblée, nous n’avons pas pris la complète mesure de la crise du logement".
Ce bien maigre lot de consolation permet de mesurer la distance d’avec Jaurès. Ce dernier estimait, hâtivement sans doute, que « le bon logement, [était] la condition indispensable à la liberté humaine ». En tout cas, l’agrégé de philosophie ne négligeait pas, lui, une question aussi triviale.
Notons au passage que le logement a bénéficié d’une place de choix dans les programmes du PS aux présidentielle, législative et municipale qui se sont déroulées en 2007/2008. Un honneur qu’il n’avait pas connu depuis plusieurs décennie.
Il faut néanmoins croire que l’effort, tout méritoire qu’il soit, était loin de suffire sinon comment expliquer qu’il ait encore fallu déployer au groupe parlementaire socialiste un « travail de longue haleine » sur cette question au lendemain de ce cycle électoral ? Eclairez-nous : Ségolène Royal risque-t-elle d’avouer qu’elle ne croyait pas non plus à cette partie de son programme ? Qu’il est doublement impossible de loger un smicard à 1.500 euros ?
Vraiment, on ne peut que s’extasier devant une proposition de loi qui s’attaque aux choix de la Droite depuis 2002. « Le bilan des six dernières années est sans appel », est-il écrit dans l’exposé des motifs. On peut, simultanément, être surpris par l’effronterie soudaine d’un parti politique qui ne cesse de prôner l’’’opposition constructive’’ et dont le summum de la critique est de réclamer à Nicolas Sarkozy l’application du programme sur lequel il s’est fait élire. Tout son programme, dans toute sa rigueur… vivement 2002. Non, 2012 !
Bien sûr, il est doux de lire enfin que « le parc de logements est insuffisant » et que la « crise [est] devenue générale ». Quel baume ! De même, « la volonté de consacrer une part plus importante du budget de l’État à (…) la production de logement abordable » se doit d’être appréciée à sa juste valeur, c’est-à-dire savourée. L’idée n’avait plus guère été défendue depuis Pierre-Mendès France- et avec quelle force ! -, il y a quarante ans.
J’exagère ?
On ne va pourtant pas applaudir, la coulpe d’Ayrault ne suffit pas. Et-il faux de dire que la Commission européenne est en conflit avec les Pays-Bas au motif que son parc HLM entretien une concurrence déloyale avec le parc privé ? La même Commission cherche des poux dans notre Livret A, l’outil qui finance nos logements sociaux. Qui va l’arrêter ? Le PS, dont une grande partie des élus a appelé à voter le TCE et qui a ratifié à notre place le Traité de Lisbonne, prépare-il une autre proposition de loi ?
Pendant 150 ans, les socialistes avaient compris que le combat contre la pénurie chronique de logements qui frappe la France depuis la révolution industrielle engage la société toute entière. Il ne suffit donc pas d’emboucher une poignée de trompettes, fussent-elles « 40 », pour que le mur de la spéculation immobilière s’écroule.
Pour le britannique Robert Owen, le pionnier du socialisme, « le bon logement n’est pas un produit de l’économie capitaliste ». Avouez que la nécessité, l’envie, l’utopie d’une "véritable alternative aux attaques et fausses solutions de la droite" s’exprime ici beaucoup plus clairement.
Owen, Mendès, Jaurès - pour ne citer qu’eux -, leurs enseignements mériteraient d’être redécouverts par nombre d’élus et de militants de gauche. Pour s’en convaincre, il suffit d’assister à des réunions locales et de relire les déclarations de ses dirigeants, quand elles existent. Cela empêcherait, au minimum, d’entendre les ténors de la Droite les citer à tord et à travers, à leur place.
Cordialement, itou.