Le procès de Jérôme Kerviel, accusé d’avoir fait perdre 5 milliards d’euros à la Société générale, aura des conséquences pour le trader – qui risque cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende –, mais peut-être aussi pour la banque elle-même.
Dans les milieux politiques et financiers, on spécule depuis quelques semaines sur l’avenir de la Société Générale. Certains pensent qu’elle n’en a plus pour longtemps, mais tout le monde estime qu’il faudra sans doute attendre 2012 (après la présidentielle) pour voir le déclenchement des hostilités.
BNP Paribas se verrait bien avaler ce concurrent, qu’elle avait déjà essayé de croquer en 1999. Michel Pébereau, le président de BNP Paribas, qui était à la manœuvre à l’époque, suit toujours le dossier attentivement, et, le hasard faisant bien les choses, il a ses entrées à l’Élysée.
Mais BNP Paribas peut-elle prendre le contrôle de la Société générale avec les risques de casse sociale qu’un tel rapprochement peut générer ?
Pas de souci, les spécialistes y ont déjà réfléchi : BNP Paribas ne reprendrait que la banque de détail en France et à l’international (ce qui lui permettrait de devenir un vrai géant mondial) et laisserait la banque d’affaires (là où se trouvent les traders) au Crédit Agricole, qui contrôle déjà une filiale de gestion d’actifs avec la Société Générale. Les activités d’assurance, elles, pourraient intéresser Groupama, déjà actionnaire de la Société Générale (4,2 % du capital).
Selon les beaux esprits qui réfléchissent à ce meccano, il ne devrait pas être difficile de neutraliser le PDG de la banque, Frédéric Oudéa, et le pouvoir politique aurait tout intérêt à laisser la Société générale être démantelée par quelques groupes français plutôt que de la laisser partir à l’étranger. Mais qu’en pensent les salariés, qui sont aussi d’importants actionnaires ?