Monographie de la Librairie du Congrès 

Dans un Moyen-Orient instable, l'Arabie saoudite reste l'un des principaux alliés de l'Occident. Mais l'absolutisme de la famille régnante commence à lasser le pays. L'Arabie est aujourd'hui face à une crise qui pourrait figurer les prémices de son déclin. L'Arabie saoudite occupe une place centrale et très singulière dans le contexte du Moyen-Orient. Ce royaume islamique, relativement récent puisque formé dans les années vingt, est le "gardien" des deux plus importants lieux saints de l'Islam, la Mecque et Médine. A ce titre l'étendue du pays est un horm, c'est à dire un territoire sacré interdit en principe à tout non-musulman et à l'exercice de toutes autres religions. Comme il est écrit dans le Coran, la Mecque est ainsi le lieu de l'immense pèlerinage des croyants, venus de tout les pays musulmans (plusieurs millions par an), pour prier Allah dans cette région aride. Ce qui confère à l'Arabie saoudite une influence incontournable dans l'oumma musulmane, que Riyadh veut conserver jalousement et que d'autres pays, comme l'Iran chiite, contestent de plus en plus fortement. Théologiquement, la monarchie saoudienne est régie par l'austère doctrine Wahhabite, encore strictement appliquée dans l'ensemble du pays. Mais la manne pétrolière a transformé les puritains saoudiens en jouisseurs impénitents. Cette contradiction provoquent de grandes réactions en dehors du pays. Les Chiites par exemple ont ainsi récemment demandé que les lieux saints soient placés sous le contrôle de représentants de la communauté islamique et non plus sous celui de la dynastie saoudienne dont ils dénoncent l'hypocrisie et la dépravation. Premier producteur mondial de pétrole, l'Arabie saoudite utilise ses richesses énergétiques pour garder son leadership régional et jouer un rôle politique sur la scène internationale. Le pays est tout d'abord la tête de pont du dispositif militaire des Etats-Unis dans le Moyen-Orient, installé notamment en direction des "frères" musulmans d'Iran ou d'Irak, dont les influences grandissantes, au sein de la communauté musulmane, déplaisaient fortement au régime saoudien. Dans le même temps, Riyadh finance divers mouvements islamistes présents dans de nombreux pays (Algérie, Soudan...) et constamment montré par Washington comme étant des organisations terroristes. Ce paradoxe est clairement visible depuis la guerre du Golfe de 1991. Ce conflit a démontré qu'au sein d'un monde musulman dont elle est le phare théologique, l'Arabie saoudite est esseulée et ne peut être défendu que par les Etats-Unis, qui sont avant tout les alliés d'Israël, alors que l'Etat Hébreu subit régulièrement les opérations terroristes du Hamas, soutenu par les fonds saoudiens. Une situation interne fragilisée. Avec un quart des réserves pétrolières mondiales, c'est un véritable trésor que foulent chaque jour les 15 millions de Saoudiens. Mais cette richesse est en grande partie accaparée par la famille royale et ses quelques milliers de princes qui la gère sans aucun contrôle extérieur possible. En Arabie, la frontière entre argent public et revenus princiers est des plus ténus, voire quasi-inexistante. Pour ne pas devoir partager, le pactole pétrolier fourni par les plus grands gisements du Moyen-Orient, la dynastie saoudienne a choisi l'immobilisme politique, en gardant entre les mains tout les leviers du pouvoir, sous la bénédiction des oulémas wahhabites alliés traditionnels de la monarchie. Mais sur la scène intérieure du pays, ce strict conservatisme commence à engendrer une contestation. Tout d'abord celle d'une certaine jeunesse saoudienne, formée dans les universités anglo-saxonnes et qui aspire à davantage de liberté et de modernité. Ensuite, celle des partisans d'un islam moins corrompu par l'argent et fidèle aux valeurs puritaines du Coran. Cette fraction a dernièrement manifesté son désaccord en organisant des actions terroristes à l'encontre de la présence américaine dans le pays. Autre source d'inquiétude sur un plan interne, la richissime Arabie saoudite connaît actuellement un phénomène dont elle pensait être préservée: la crise économique. La guerre du Golfe, a coûté cher au royaume (environ 55 milliards de dollars), et a largement ponctionné les réserves de devises du pays. La situation économique n'est certes pas dramatique, mais les princes vont devoir apprendre l'austérité. Et les dépenses militaires du pays sont encore trop élevées pour une stabilisation des finances. En 1995, elles représentaient encore un tiers des dépenses budgétaires saoudiennes. L'assise du pouvoir de la dynastie des El'Saoud, fondatrice du royaume est donc sérieusement ébranlée. D'autant plus, que l'état de santé du roi Fahd, âgé de 74 ans s'est sérieusement dégradée, mettant à jour les querelles de succession entre les divers princes prétendants au trône. Si la stabilité du pays ne semble pas être menacée à court terme, cette situation interne à haut risque n'est pas de nature à rassurer les partenaires occidentaux du royaume. Derrière la façade rutilante des pétrodollars, la maison saoudienne montre les premiers signes de fissures qui pourraient lui être fatales, au risque de révolutionner la géopolitique du Moyen-Orient.Olivier Caslin (1997)

Note du 28/08/2002:

	Irak: IRAK assouplissement par l'ONU du régime des sanctions économiques. George Bush veut faire la guerre à Saddam Hussein: pourquoi? http://usinfo.state.gov/francais/irak/homepage.htm
	ARABIE SAOUDITE  Emirats du Golfe : ils apparaissent  comme les principaux fournisseurs (malgré eux?) de ressources et d'hommes au groupe Al Qaida (15 sur 19 "pirates" étaient saoudiens) . Des victimes du WTC attaquent en justice les financiers saoudiens, y compris des hauts dignitaires. Le Royaume refuse d'appuyer militairement l'éventuelle campagne américaine contre l'Irak.
	L'Amérique est choquée par ces rumeurs concernant son plus fidèle allié économique et stratégique. L''opinion américaine découvre que l'Arabie est un des régimes les plus retardataires et intolérants. Le consultant (français) de la Rand , Laurent Murawiec, estime au Pentagone que l'Arabie saoudite doit être considérée comme un ennemi à sanctionner. Pour certains, cette éventualité expliquerait en outre que les Américains veuillent, en éliminant Saddam Hussein, récupérer la source irakienne de pétrole. Encore un épisode des contre-relations entre l'Amérique et ses alliés musulmans
	Is it goodbye, Saudi Arabia? America seeks alternatives to its awkward ally STUDENTS of the vast, barren expanses of Saudi Arabia and the secretive ruling Al-Saud family assumed in the last couple of months that King Fahd bin Abdul Aziz, who had languished in a clinic in Geneva for quite some time, was about to die. They were wrong. [Jane's Foreign Report - first posted onto www.foreignreport.com on 20 August 2002]
	fin janvier 2003: Une centaine d'intellectuels arabes demandent au prince héritier Abdallah ben Abdel Aziz d'instituer

COMPLEMENTS

	Moyen Orient sur Internet
	USA: Diplomatie    USA-Middle East
	Stéphane Marchand: "Arabie Saoudite: la menace" http://www.editions-fayard.fr