Longtemps isolée du reste du continent par la forêt équatoriale, l'Afrique Australe, est cependant devenue un pôle stratégique. Ses richesses minières exceptionnelles et sa situation à la pointe du continent ont attiré européens et africains depuis le seizième siècle. De plus en plus, cette zone a été le terrain de manoeuvres géopolitiques et militaires. Les bouleversements politiques amorcés depuis 1989 en Afrique du Sud , l'amorce de pacification en Angola et au Mozambique depuis 1994, posent aujourd'hui une question : celle du rôle futur de la région la plus riche d'Afrique sur la scène mondiale.

Dans le contexte africain, la population de la zone est très originale : noirs (en majorité), blancs et métisses se partagent le territoire. Ils ne sont unis ni par la langue, ni par la religion ou une mentalité commune : vingt-cinq langues y sont parlées, et dix religions professées.

Le partage politique de l'Afrique Australe est aussi très complexe. Les frontières sont héritées pour une grande part des rivalités coloniales européennes. Le territoire de l'Afrique du Sud comprend un grand nombre d'enclaves, dont deux Etats indépendants, le Lesotho et le Swaziland. La Namibie a été, jusqu'en 1990, pratiquement annexée par Prétoria.

La complexité des enjeux dans la région a longtemps été marquée par le système d'Apartheid en Afrique du Sud . Ce système de « développement séparé », officiellement abandonné en 1992, est né de la crainte des Boers de voir augmenter le métissage des populations. Il a maintenu les noirs dans une situation de citoyens infériorisés jusqu'en 1989.

A cette date, le Président F. De Klerk a pris des mesures d'atténuation du régime. Puis, avec Nelson Mandela, il a entamé la refonte des institutions du pays. Les premières élections multiraciales de 1994 ont permis la victoire de M. Mandela et son accession à la présidence d'un gouvernement d'Union. Une nouvelle constitution a été adoptée et le gouvernement provisoire a mis en place un programme de reconstruction et de développement (PRDP). Cependant, la normalisation du régime, le nouveau découpage territorial et la neutralisation (provisoire ?) des opposants extrémistes ne masquent pas d'autres difficultés : la population est très touchée par le chômage, la montée de la criminalité. Le premier défi pour « la nation en arc-en-ciel » est donc la traduction en termes économiques et sociaux du bouleversement politique.

Le second défi, tout aussi important, est la définition du rôle continental du pays. L'Afrique du Sud a fait montre d'un interventionnisme actif dans les pays voisins y compris du temps de l'Apartheid. Cependant la fin de son isolement international appelle une re-définition de son leadership.

La diversité des richesses minières de l'Afrique Australe a favorisé une forte convergence régionale dont l'Afrique du Sud est le pôle d'attraction dominant.

La dépendance de ses voisins par rapport à ce pays décroît en fonction de leur proximité géographique : un premier cercle comprend le Lesotho , le Swaziland , et le Botswana . Etats enclavés, ils tirent l'essentiel de leurs ressources de l'émigration vers les pôles industriels sud-africains, ou des entreprises minières créées sur leur sol par les sud-africains. Le Botswana est le quatrième producteur mondial de diamants , exploités pour moitié par une multinationale sud-africaine. Le Mozambique joue le rôle de débouché maritime et de réservoir de main-d'oeuvre. Ce pays ruiné par la guerre civile est en voie de pacification. La Namibie est une des principales routes africaines des trafiquants de tous ordres, mais la conjoncture y est stable.

Le deuxième cercle rassemble des pays dont le degré de dépendance est moindre et qui ont formé contre l'Apartheid la Southern African Developement Conference (SADC) en 1980. Le Zimbabwé, un temps une Afrique du Sud au petit pied, n'est plus aujourd'hui le pôle industriel de la SADC. Son industrie ne peut plus concurrencer celle du leader régional depuis la fin du blocus. La Zambie et le Malawi font face à des situations aussi tendues : la première doit repenser les structures de son économie du fait de la fin de la production du cuivre. Quant au Malawi, la transition démocratique y est ardue et la corruption sévit.

Tout les pays de la zone gagneraient à voir s'établir une coopération régionale. Ils affrontent à des degrés divers l'obsolescence des moyens de production, le manque de qualification de la main d'oeuvre et l'étroitesse des marchés. La coopération imposée par l'exploitation et la commercialisation du potentiel minéral et agricole a jeté les bases d'une véritable intégration..

L'Afrique australe est moins marginalisée que le reste du continent. Son avenir dépendra de la capacité des dix pays à articuler leurs économies, et à se rattacher aux grands pôles économiques dominants. Les voyages de Nelson Mandela en Asie vont d'ailleurs dans cette dernière direction.  

C.Grunspan

  Un sud-africain sur 10 est séropositif; Ici comme ailleurs, la population a du mal à pratiquer la prévention. Confronté à l'énorme coût des trithérapies, le gouvernement sud-africain avait favorisé  l'importation et la production locale á bas prix de médicaments génériques. Les laboratoires pharmaceutiques qui avaient attaqué en justice cette loi sud-africaine , ont retiré leur plainte. 

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