Monographie de la Librairie du Congrès 

Egypt, with National Anthem, Flag, Map and its People, Economy,

L'Egypte de Hosni Moubarak a réussi à se repositionner aux premières loges de la scène internationale. Attaché au processus de paix au Proche-Orient, le raïs fait de la solidarité arabe son principal objectif dans la reconquête du leadership régional. Cette légitimité est pourtant contestée par une situation interne encore instable.

"Pas de guerre au Moyen-Orient sans l'Egypte", disait en 1973, l'ancien secrétaire d'Etat américain Henri Kissinger. La région entrait alors dans un quatrième conflit israélo-égyptien en moins d'un quart de siècle. Vingt ans après, la logique est toute autre et l'Egypte joue un rôle majeur dans le processus de paix du Proche-Orient.

Plusieurs fois millénaire, l'Egypte figure à nouveau comme le véritable pilier du monde arabe. Pilier géographique d'abord puisque le pays est situé le long du Nil, entre les deux entités géopolitiques arabes que sont le Maghreb (de la Mauritanie à la Libye) et le Machrek (du Sinaï à l'Irak). Pilier politique ensuite, tant il semble évident qu' aucune décision d'échelle régionale ne peut être prise sans un accord du Caire. Hier, véritable moteur des guerres qui furent menées contre Israël, l'Egypte joue aujourd'hui un rôle de pivot régional dans toutes les décisions politiques ou économiques que connaît le Proche-Orient. C'est ainsi qu'en 1996 le pays a accueilli successivement le sommet anti-terroriste de Charm el-Cheikh en mars, le premier sommet arabe depuis la guerre du Golfe, en juin et la Conférence économique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord en novembre. De plus, Le Caire demeure l'unique capitale régionale où tout les pays liés au processus de paix (Israël, Syrie, Autorité Palestinienne ou Jordanie) acceptent de se rencontrer.

Marginalisée dans le contexte arabe à la suite des accords de paix séparés de Camp David, signés en 1979 avec l'état hébreu, l'Egypte semble donc avoir retrouvé la confiance de l'ensemble de ses partenaires arabes, grâce notamment à la volonté et au discours modéré de son chef d'Etat, Hosni Moubarak. Une confiance qui doit permettre au Caire de retrouver son leadership régional. En effet depuis son accession au pouvoir en 1981, le raïs égyptien n'a eu de cesse de voir replacer son pays au coeur du dispositif diplomatique régional pour faire du plus peuplé de tous les Etats arabes (avec 60 millions d'habitants, un Arabe sur quatre est Egyptien), un partenaire incontournable.

Après avoir repris sa place dans la Ligue arabe en 1989 et assuré le retour de celle-ci au Caire, son siège d'origine, l'Egypte peut maintenant se draper d'une nouvelle légitimité et son président endosser le costume de chef naturel de la communauté arabe. Un rôle qui permettrait à Hosni Moubarak de reprendre à son compte le vieux rêve nassérien de l'unité arabe. La diplomatie égyptienne tente donc, avec un certain succès, d'aplanir les divergences de ses voisins, particulièrement sur les questions du soutien au processus de paix au Proche-Orient ou pour débarrasser la région des arsenaux nucléaires.

Une route semée d'embûches

Attaché au processus de paix actuel, l'Egypte se place comme un véritable stabilisateur dans cette région du monde. Sur le plan international, Le Caire y gagne en crédibilité et peut ainsi renforcer sa position à l'heure où l'arrivée au pouvoir de Benyamin Natanyahu fragilise celle d'Israël auprés des diverses chancelleries. Le désir d'Hosni Moubarak de fédérer les volontés arabes est vu d'un assez mauvais oeil par une administration américaine dont les intérêts régionaux passent forcément du côté de l'état hébreu. Mais les Etats-Unis ne peuvent risquer de se brouiller avec un pays qui se trouve être un partenaire incontournable dans les négociations menées entre Arabes et Israëliens. L'Egypte demeure actuellement pour Washington un allié clé, ne serait-ce que par ses propos mesurés à un moment où plus que jamais le président Clinton veut éviter toute escalade. Mais qu'elle importance conservera Le Caire pour la diplomatie américaine, une fois que tous les pays arabes auront signé la paix avec Israël?

Avec 2.1 milliards de dollars par an (soit près de 11 milliards de francs), l'Egypte est le deuxième pays au monde à bénéficier de l'aide américaine...après Israël. Cette manne, accordée en contrepartie des accords de Camp David n'a pas été remise en question jusqu'à maintenant, mais la menace n'a jamais encore été aussi pressante. Devant le vice-président américain Al Gore, en visite au Caire, le président Moubarak, lui même, a déclaré "savoir que l'aide américaine ne sera pas éternelle". Sans doute est ce dans cette perspective qu'il faut voir les différentes mesures économiques prises au Caire parmi lesquelles se place la conférence internationale qui se déroule en novembre dans la capitale égyptienne.

Si dernièrement l'Egypte a réussi à conforter sa position internationale, sa situation interne est elle davantage facteur d'inquiétudes. Deux graves problèmes peuvent détruire le bel édifice : la situation économique et la confrontation entre le pouvoir et les Islamistes. Avec un tiers de sa population vivant sous le seuil de pauvreté et environ 20% de chômeurs, l'Egypte se doit de réagir rapidement. Et les multiples attentats organisés par les Islamistes du mouvement des Fréres musulmans font énormément souffrir une économie axée sur le tourisme. Depuis 1990, l'Egypte est en effet le théâtre d'actes de terrorisme répétés à l'encontre des touristes, des Chrétiens coptes (qui forment 12% de la population), mais aussi du chef de l'Etat lui même comme en juin 95 dans la capitale éthiopienne d'Addis-Abeba.

Ces deux bombes à retardement, Hosni Moubarak devra les désamorcer pour voir son pays continuer à avancer sur le terrain miné du Proche-Orient, à la reconquête de son leadership.

ÉGYPTE: Que reste-t-il de la révolution de 1952 ? http://www.courrierinternational.com/actual/aujourdhui_etranger.asp (23/07/2001) Le 23 juillet 1952, le Mouvement des officiers libres mettait fin à la monarchie en Egypte. La révolution du 23 juillet a été un tournant décisif dans l'histoire contemporaine de l'Egypte... Avec "Al Ahram Hebdo"