GENERALITES

La bibliothèque française de prospective s'enrichit d'une synthèse bien actualisée qui ne fait pas double emploi avec les livres et articles  bien connus de Michel GODET.

L'auteur principal, Fabrice HATEM, vient du Commissariat au Plan et s'occupe maintenant d'investissements internationaux au Ministère de l'Economie.

Bibliographie du futur

Le futur sur Internet

L'après-guerre affirme l'utilité de la prospective et donc le souci méthodologique d'une discipline désormais incorporée aux préoccupations de gouvernement, notamment aux Etats-Unis ( Rand Corporation) et en France( G. Berger, B.de Jouvenel, Commissariat au Plan).

On la lira d'abord comme une description des organismes nationaux- Think tanks- qui directement ou indirectement façonnent l'opinion et encadrent la prise de décision à l'étranger ou en France sur certains grands enjeux. Il ne faut pas sous-estimer en politique l'influence de ces visions du monde futur relayées par les journaux, sans méconnaître bien sûr le rôle de la tactique et du calendrier, voire de l'évènement.

On s'intéressera aussi aux nombreux travaux réalisés en prospective internationale. Fabrice HATEM y décèle trois tendances lourdes( mondialisation, écologie, nouveau système socio-technique) débouchant sur trois incertitudes majeures( évolution des hiérarchies entre nations, transformation du rôle des états, mise en place d'un nouvel ordre international). Voir à titre d'exemple l'exercice effectué en 1990 sur la sécurité en Europe.

Les entreprises paraissent moins convaincues par la nécessité d'éclairer leur avenir: manque de moyens pour des études coûteuses et apparemment désintéressées? déceptions causées depuis la crise pétrolière par les échecs des prévisionnistes classiques? souci exclusif du court terme, notamment aux Etats-Unis? croyance aveugle aux vertus d'un management" endogène" selon les évangiles selon Saint Mac et Saint Peter? Ce pragmatisme n'a d'ailleurs pas empêché les financiers de se tromper collectivement sur les prêts aux PVD ou sur l'immobilier de bureau.

• Le but est d'élaborer des" scénarios", panoramas cohérents des futurs possibles pour éclairer l'action.
• - "l'analyse structurelle" doit mettre en évidence les variables-clés et leurs interactions;
• - le repérage des "jeux d'acteurs" introduit l'humain qui raisonne sur des enjeux et des stratégies;
• - "la consultation d'experts"( ex: méthode Delphi) suscite des évaluations sur les probabilités, les dates, les valeurs paramètriques des phénomènes étudiés.
• Tout ceci peut être manipulé avec des instruments mathématiques destinés à diminuer l'incertitude ou l'incohérence des traitements de l'information disponible.

Savoirs des futurs

Et qui donc garantit la pertinence des espaces, agents et facteurs pris en compte ainsi que l'estimation de leur rôle? Qui pose les bonnes questions et qui donne les bonnes réponses?

La prospective se tire de ce mauvais pas en affirmant avec Michel GODET que ce qui prévaut sur la difficile anticipation, c'est l'appropriation et l'action. A la limite on pourrait la considérer la prospective comme un processus de formation des visions du monde, ce qui est noble ou, plus modestement, comme une forme bien rémunérée de conseil en communication.

La prospective est bien la meilleure et la pire des choses.