« Je pense que le futur établissement public du Grand Paris devra être présidé par un homme d’une cinquantaine d’années qui aura à gérer des réalisations pendant une dizaine d’années ».
Prononcée fin mars en conférence de presse, cette petite phrase de Jean-Pierre Fourcade, rapporteur au Sénat du projet de loi du Grand Paris, est beaucoup moins anodine qu’il n’y paraît.
En fait, il s’agit de barrer la route à André Santini, 69 ans, maire Nouveau Centre d’Issy-les-Moulineaux qui se verrait bien présider ce machin. Une structure qui brassera avec des procédures spéciales un monceau de pognon notamment pour gérer un consistant programme immobilier et construire le métro automatique imaginé par Blanc ( au bas mot 21 milliards d’euros).
Car le projet de loi sur le Grand Paris visé fin 2009 par l’Assemblée nationale a introduit un amendement aux petits oignons sur le profil du futur capitaine. Le député Nouveau Centre Jean-Christophe Lagarde ex-UDF qui l’a tricoté estime dommage que « la Société du Grand Paris ne puisse pas faire appel à des personnes dont l’expérience et le talent ne pourraient lui être bénéfiques ». Suivez mon regard. Du coup, l’âge limite de 65 ans a volé en éclat. Et en plus d’être vieux, le futur président pourra aussi être un élu national ou local.
Mais voilà, ex-maire UDF de Boulogne, Fourcade n’a toujours pas digéré le soutien que Santini, son voisin des Hauts-de-Seine, a apporté à Pierre-Christophe Baguet, nouveau maire de Boulogne. Lequel élu sous l’étiquette UMP-Nouveau Centre a défait Fourcade aux municipales de 2007.
Du coup, le texte proposé par la commission Sénat et qui est débattu dans l’hémicycle les 7, 8 et 9 avril a retiré une partie des exceptions. Pas question que le futur président du Grand Paris soit un élu. Mais la disposition sur la limite d’âge n’a pu être retirée.
Rancune quand tu nous tiens ! Il ne restera plus à Santini qu’à abandonner ses mandats électifs s’il veut y aller. Et à condition aussi qu’il ne soit pas barré par les affaires judiciaires en cours. Par ricochet, la sortie verbale du sénateur Fourcade sur l’âge du capitaine vaut aussi pour Christian Blanc. A 68 ans, l’actuel secrétaire d’Etat au Grand Paris lorgnerait le fauteuil du président du futur établissement public.
Un beau projet d’avenir en forme de maison de retraite !
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