Gérard Mestrallet, le patron de GDF Suez, a de la suite dans les idées. En 2007, pour pouvoir mettre la main sur Gaz de France, il avait accepté la condition posée par Sarko Ier : céder la majorité de sa filiale eau et propreté, baptisée Suez Environnement. C’était à prendre ou à laisser.
Consolation pour Mestrallet : il avait obtenu de conserver 35% du capital pendant trois ans. Cette période touche à sa fin et Mestrallet aimerait bien reprendre la majorité de Suez Environnement, désormais cotée en bourse et qui a réalisé l’an dernier un résultat brut d’exploitation de 2 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 12,3 milliards. Il va de soi qu’acheter des actions en bourse serait difficile car l’action se traite aujourd’hui à peu près au même niveau (14 euros) que lors de l’introduction en bourse, en 2008. Racheter à bon compte la majorité de la société dans ces conditions serait mal vue par les petits actionnaires d’autant que Mestrallet est président du conseil d’administration de Suez (le directeur général étant Jean-Louis Chaussade).
Les équipes de GDF Suez ont réfléchi et pensent avoir trouvé une solution : il faut une opération industrielle. Ils étudient donc la possibilité d’apporter à Suez Environnement l’activité “Energie Services” de GDF Suez, qui a généré l’an dernier un chiffre d’affaires de 13,6 milliards et un résultat brut d’exploitation de 921 millions. Il va de soi que Suez Environnement n’aurait pas les moyens de payer cette opération en cash et devrait donc émettre des actions au profit de GDF Suez, dont la participation passerait ainsi de 35% à plus de 50%. Il y aurait un autre intérêt : le nouveau Suez aurait un chiffre d’affaires total de près de 26 milliards et se rapprocherait ainsi de Veolia (34,6 milliards), groupe dont le président est toujours Henri Proglio, patron d’EDF et qui empêche Mestrallet de dormir.
Pour diriger le nouveau Suez Environnement, un nom circule déjà : celui de Jérôme Tolot, actuel responsable de la branche “Energie Services” et proche de Mestrallet.
Les proches de GDF Suez sont impatients de connaître la réaction de Super Sarko à ce meccano.