Le 19 mai, chez Flammarion, Régis Debray va régaler la France et le monde d’un ouvrage qu’il annonce « fortement critique » sur la politique d’Israël. Comme il est courageux mais pas téméraire, le meilleur ami de Villepin a demandé à Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France et historien, de lui faire une réponse. Le livre sera donc un zéro-zéro, la balle au centre, tout le monde à raison.
Dans sa réponse à Debray, Barnavi reprend, contre Edgar Morin, Danièle Sallenave et Sami Naïr des accusations qui, un temps, ont valu à ces intellectuels d’être condamnés pour « antisémitisme », avant d’être relaxés en appel.
Voici les passages retenus, et incriminés au départ, par la justice :"On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en “ peuple dominateur et sûr de lui ” et, à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier."
" Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs victimes de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité. Les juifs, boucs émissaires de tous les maux, “ bouc-émissarisent ” Arafat et l’Autorité palestinienne, rendus responsables d’attentats qu’on les empêche d’empêcher."
Mêmes causes mêmes effets, les trois diffamés ont demandé au ténor William Bourdon, de porter cette nouvelle affaire devant le tribunal.