Lors de la présentation des résultats annuels d’Areva, jeudi 4 mars, Anne Lauvergeon a établi un bilan des dernières années, en forme de testament alors que les rumeurs sur son limogeage se multiplient.
Tous les objectifs fixés en 2004 avaient été atteints, a-t-elle déclaré, le groupe avait “su anticiper le renouveau du nucléaire”. Elle a aussi défendu le modèle intégré de son groupe en affirmant que 80% du marché nucléaire venait d’électriciens déjà présents dans le nucléaire et que ces acteurs voulaient une offre combinant réacteurs et cycle du combustible.
Sur la question de la filière nucléaire, elle a déclaré à trois reprises qu’Areva n’avait “jamais prétendu être leader” sur l’appel d’offres perdu à Abou Dhabi. Elle a dit ne pas comprendre pourquoi Areva était critiqué : “Nous étions six entreprises impliquées. Si on avait gagné, il y aurait six vainqueurs. Comme on a perdu, il n’y a qu’un seul responsable et c’est Areva. Pourquoi ? Mystère”. Elle a dénoncé une “auto-flagellation française” suite à cet échec.
La patronne d’Areva a reconnu que dans les pays nouveaux dans le nucléaire, Areva ne pouvait pas se contenter de vendre des réacteurs comme c’est le cas dans les pays développés. “Il faut qu’un électricien soit le leader”.
Sur les rumeurs faisant état de son remplacement prochain à la tête d’Areva, elle a dénoncé “les rumeurs suscitées par des gens dont on connaît les réseaux”. Et "Atomic Anne" de préciser : “Comme les rumeurs sur le démantèlement d’Areva sont terminées, il faut démanteler autre chose. Mais je suis encore intégrée”.
Anne Lauvergeon a encore expliqué que l’idée d’un rapprochement entre Areva et EDF était stupide. “Nous sommes Airbus et EDF est Air France. Si Airbus fusionne avec Air France, on ne peut plus vendre d’avions aux autres compagnies. Dans le nucléaire, c’est pareil. Si Areva est contrôlé par EDF, les autres électriciens ne voudront plus acheter de réacteurs chez Areva”.
Notons que Henri Proglio n’a jamais proposé un rapprochement entre EDF et Areva. Le nouveau patron d’EDF souhaite qu’EDF redevienne le chef de file du nucléaire et qu’Areva se contente de son rôle de fournisseur.
Proglio devra aussi s’appliquer à colmater les fuites au sein d’EDF. On apprend en effet que le réseau "Sortir du nucléaire" a réussi à mettre la main via une "source interne à EDF" sur une série de documents qui mettraient en cause la sûreté du réacteur EPR dit de troisième génération.
Brutalement résumé, l’EPR, déjà soumis à rude épreuve en Finlande (3 ans de retard) ferait courir "le risque très réel d’un accident nucléaire". Un simple "document de travail, dont il ne faut pas tirer de conclusion, ni sortir de son contexte" a-t-on sobrement expliqué au sein d’Edf.
De quoi, pour Areva, vérifier que sa route est semée d’embuches.