0 I- POURQUOI DES QUESTIONS? (et d'ailleurs pourquoi pas?)

• 1°)POURQUOI LA QUESTION?

Toute connaissance est la réponse à une question (Bachelard); toute action aussi.

La question est l'ouvre-boîte de nombreuses professions:

- police judiciaire, magistrats du pénal: QUI? POURQUOI?

- juge civil et commercial: QUOI, COMBIEN, QUI (art.1382 Code Civil)

- audit: combien, à qui?

- enquêteur: interview, sondage, étude de marché: quoi, qui, combien?

- chercheur: établir la réalité des faits, la comprendre(structure, système), l'expliquer (causes, finalités)

- le décideur: quel problème se pose? que dois-je faire,

comment le faire? Problem-solving

La question par demande d'information:enquête, recherche, interrogation, situation de difficulté, perplexité, problème. "Jacques DELORS se pose 40 questions par jour, le rôle de Pascal LAMY est d'en éliminer 39"

Question par doute, incertitude, suspicion, scepticisme, méfiance, manque de conviction

1   2°) LA BONNE QUESTION?

"Le but de la prospective est d'aider l'homme d'aujourd'hui à se poser les bonnes questions, à comprendre l'évolution passée et à réduire l'incertitude sur les scénarios possibles. L'expérience montre qu'imaginer l'avenir autrement, c'est déjà changer le présent" Michel GODET, Interview dans"Sciences Humaines août-septembre 91)

On remarquera que poser les bonnes questions:

- c'est déjà comprendre (interpréter?) l'évolution passée.

- c'est déjà changer le présent

- c'est réduire (par l'action) l'incertitude sur les avenirs possibles

- enfin poser une bonne question c'est souvent induire une bonne réponse. Alors qu'une mauvaise question induit toujours une mauvaise réponse sauf si, par ses excès, elle conduit à reformuler la question.

Les bonnes questions s'imposent par l'expérience(à défaut d'expérience on peut énumérer des questions classiques: quoi, qui, pourquoi, comment etc...)

2   3°) QUI POSE LES QUESTIONS? Une question est une décision, la décision de ne traiter qu'un champ de la réalité et sous un certain angle. Un peu comme un peintre devant son tableau figuratif. On sélectionne une partie du réel et on hiérarchise les éléments. Il en résulte presque nécessairement une conclusion prédeterminée par le champ et l'approche envisagés. A condition simplement de respecter quelque rigueur dans l'enquête et le raisonnement (géométrie euclidienne) ou la mise en scène affective (Dieu existe mais il a besoin des cloches et des évêques).

Cette décision est en quelque sorte un postulat arbitraire. Poser une question, c'est lui donner une valeur absolue par rapport aux autres questions possibles:"le véritable problème est celui-là"http://www.geoscopie.com. De quoi on parle, de quoi faut-il parler en priorité (l'agenda des politiques)

Poser une question est un acte de pouvoir, réservé aux rois, juges, policiers, journalistes. Le "peuple souverain" répond à des questions ( Maastricht ou non? Duchemol ou Molduche comme député?), il en pose peu sauf quand il se révolte et prend une partie du pouvoir...de questionner. Questionner suppose une légitimité incontestée par les questionnés.

L'acceptation par autrui de se voir poser une question (par politesse, règle du jeu, bonne volonté de coopération...) confie provisoirement un pouvoir: en user, ne pas en abuser.

Le droit de poser des questions peut être...remis en question:

- par le refus d'y répondre: la non-coopération

- par une réponse qui implique d'autres questions (voir tactique des questions); "J'ai les bonnes réponses, qui donc détient les bonnes questions?"Woody Allen

- par des questions posées par une autorité supérieure (pouvoir institutionnel ou moral, Abbé Pierre ou gendarme)

- par intervention d'un tiers qui perturbe la relation de pouvoir esquissée par la question: le bouffon qui fait rire, le tumulte populaire

3   II-STRATEGIE DES QUESTIONS1

• °) La question d'inventaire:

porte sur le sujet, le  thème; de quoi on parle

Délimiter l'objet: espace, temps, profondeur, définition par extension

Inventorier l'objet: éléments, dimensions et attributs des éléments et de l'objet, structures et rapports d'ordre, systèmes et relations

Dynamique: acteurs(qui, identité,attributs, attitudes et aptitudes) forces.

• 2°) La question d'évaluation:

suppose des critères de réalité (existence, preuve, cohérence), de valeur morale ou esthétique

- jugement de réalité: vrai/faux, important/non important, permanent/temporaire...

-jugement de valeur pratique: utile/inutile, possible/non possible, efficace/non efficace, rentale/non

-jugement de valeur morale ou esthétique: beau, bien, juste.

4 III- TACTIQUE DES QUESTIONS

• 1°) La question, instrument de vérité:

Détermine ce dont on parle (thème) et ce qu'on en dit (proposition, jugement).

Les questions de fond ne remontent jamais à la surface. Sauf si on pose de bonnes questions.

"On mesure le fond de la mer avec une sonde; si la sonde ramène du sable , c'est que le fond est sableux; si la sonde ramène de la vase, c'est que le fond est vaseux, si la sonde ne ramène rien , c'est que la ficelle et trop courte."

Rechercher l'information décisive plus qu'exhaustive. L'expert est celui qui sait de plus en plus de choses sur un domaine de plus en plus restreint: à la limite c'est celui qui sait tout sur rien.

L'angle d'approche est essentiel:"Une huître,vue de l'extérieur, c'est un caillou" (Francis PONGE)

a- la question fermée, unique: Précise, elle appelle une réponse précise: qui, avec qui, quand, où?

Etes-vous, avez-vous?

b-question fermée à réponses alternatives ou multiples:

Deux ou plusieurs réponses possibles

Portent souvent sur des préférences, des intentions, des choix: aimez-vous Pierre ou Paul, la mer ou la montagne?

Plutôt que des questions multicritères sur la vérité, poser des multiquestions sur les approches possibles des vérités: comment voyez vous cela en tant qu'auteur, que lecteur? que père? que citoyen?

c) questions ouvertes: appellent des confidences, commentaires, digressions.

Qu'en pensez-vous? racontez-nous cela? comment comptez-vous faire? Pour qui, dans quel but?quelle est votre opinion?

d) question-relais:

invite à prolonger la première réponse: c'est-à-dire? par exemple? dans quel sens? dans quel domaine?

approfondit un énoncé, suscite un avis.

La question-miroir renvoie un énoncé pour le vérifier, le recentrer, éviter la fausse piste

e) Le recadrage des questions:pour changer de prémisses, de postulat. "Cognitive Change"

2°) La question, instrument de conflit:

a) question affirmative: "ne pensez-vous pas que?" (généralement précédée d'un interminable exposé des motifs)

question dirigée, interronégative, suscitant hostilité: "vous ne pourrez pas honorer votre parole, n'est-ce pas?"

Qui oserait prétendre aujourd'hui?

b) la question renvoyée: et vous, comment vous en tirez-vous?

permet au moins de prendre du recul, rejette le fardeau de la preuve ou de la faute sur l'interrogateur.

"Ma réponse est oui, mais quelle est donc votre question?"(Woody Allen) invite à recadrer dans un but de coopération par rapprochement de points de vue.

c) question-piège:par présupposé ou contre-vérité

"avez-vous cessé de battre votre femme?"

d) question personnelle: mise en cause de l'interlocuteur;

Savez-vous ce que vous risquez? allez-vous longtemps poursuivre vos erreurs? Comment en êtes-vous arrivé là?

e) les questions-brouillard: occupent le devant de la scène, montrent l'accessoire et cachent l'essentiel. Comme les statistiques et les maillots de bain

f) pour éliminer les mauvaises questions: extrapoler les réponses en poussant à la limite. Toute solution finale a un caractère excessif, apocalyptique et peut se retourner contre le poseur de question.

Si on accepte la question (ex:emple de question nazie: comment éliminer l'influence des Juifs dans la vie allemande)on est conduit à des réponses de modalité (moyens et méthodes) et non de finalité (faut-il éliminer les Juifs? comment coopérer avec une minorité qu'il est hors de question d'éliminer? un Juif est un être humain comme un autre).

3°) La question, instrument de coopération:

a) la question qui sécurise, en fournissant des informations sur le questionneur

b) question ouverte:invite à parler

Plusieurs réponses et commentaires possibles

c) la question psychothérapeutique: variété de question ouverte: parlez-moi de vous, racontez-moi votre histoire dites-moi de quoi vous souffrez. 

5   III- OBSERVATIONS DIVERSES:

"Enfant, on pose des questions sans obtenir de réponses

Adolescent, on connaît les réponses sans poser de questions,

A l'âge mûr, on connaît les réponses aux questions, mais on ne connaît pas les solutions"

Quatre façons de dire non: "NON et NON!"; "Non car..."; "Oui, mais"; "Oui, oui (Cause toujours...)"

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La vérité sur Internet

La question: Presses Universitaires de Lyon

SPERBER: La pertinence

Belnar Steel: "Logik von Frage und antwort" ViewegWiesbaden 1985

Kaiser: "Frage technik: Richtig fragen, mehr erfahren" DVA, Stuttgart, 1977

Méthodologie des questions: "mailto:LISTSERV@KENTVM.KENT.EDU"