C’est la question qui agite le petit monde des affaires actuellement : Lindsay Owen-Jones va-t-il pouvoir rester président de L’Oréal ? Après avoir été un PDG efficace (il a multiplié la valeur de la société par 50 entre 1988 et 2006), il a laissé les manettes opérationnelles à Jean-Paul Agon pour se contenter de la présidence, un poste qu’il doit occuper jusqu’en 2014 et qui est rémunéré environ 2 millions d’euros par an tout de même.
Mais la désormais célèbre "affaire Bettencourt" a montré une autre face de celui qui est surnommé "OJ" dans le groupe. On a appris que Liliane Bettencourt lui avait donné 100 millions d’euros. Une bonne manière de la part d’une actionnaire reconnaissante ? Peut-être mais le conseil d’administration n’a pas été informé. Ce qui chagrine quelques pontes du monde patronal qui pensaient que L’Oréal était particulièrement respectueux des fameuses règles de gouvernance.
Surtout, les enregistrements secrets du maître d’hôtel de Liliane Bettencourt ont montré que “OJ” était proche de Patrice de Maistre, qui avait travaillé comme commissaire aux comptes pour L’Oréal avant de travailler pour l’héritière. “OJ”, toujours tiré à quatre épingles, apparaît aussi comme très proche de François-Marie Banier, cet artiste auto-proclamé qui s’est donné pour mission d’amuser les vieilles dames en échange de quelques menues monnaies. L’Oréal verse ainsi depuis les années 1990 (à l’époque où OJ était patron opérationnel) plusieurs centaines de milliers d’euros par an (705.000 actuellement, selon Le Monde).
Dans les enregistrements, de Maistre semble compter sur Owen Jones pour contrer la fille de Liliane Bettencourt, Françoise, qui a eu le malheur de déclencher une enquête pour sortir sa mère de l’emprise de Banier. Les proches de Liliane accusent Françoise et son mari Jean-Pierre Meyers de vouloir prendre le pouvoir chez L’Oréal afin de vendre le groupe à Nestlé (déjà actionnaire à hauteur de près de 30%).
Quel jeu joue “OJ” dans cette stratégie ? Pour plusieurs familiers des affaires financières, l’ancien patron emblématique n’a pas trop à craindre de la justice mais sa position chez L’Oréal est désormais intenable car certaines de ses décisions passées seront examinées en fonction de ses relations avec de Maistre et Banier. Des plaintes sont d’ailleurs en cours pour abus de bien social. Surtout, il est perçu comme l’homme d’un clan alors qu’il doit conserver un équilibre entre les tous administrateurs. Pour certains patrons, son départ serait bienvenu car cela donnerait plus de visibilité à Agon, qui, bien que patron opérationnel, demeure dans l’ombre.
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