Une certaine confusion régnait le mardi 1er juin au cabinet de la ministre de la Justice Mme Alliot-Marie autour de la demande de réouverture de l’information judiciaire pour homicide volontaire sur la personne de Robert Boulin déposée le 23 mars sur le bureau du procureur général de Paris.
Le nouveau procureur général, M. François Faletti avait fixé rendez-vous le 8 juin à Mme Fabienne Boulin-Burgeat, la fille du ministre, et son conseil Me Olivier Morice pour faire le point sur cet épineux dossier.
Or Michéle Alliot-Marie, la Garde des Sceaux, en visite le 31 mai à Libourne, la ville dont Robert Boulin fut le maire pendant 20 ans, a déclaré : "le dossier est clos, et en l’absence de faits nouveaux, je m’en tiens aux décisions qui ont été prises".
Interrogée mardi par Bakchich, la chargée des relations presse au cabinet de MAM a affirmé "tout ignorer" du rendez-vous du 8 juin, et n’a pas été en mesure de préciser si les propos de la ministre prenaient en compte la demande de réouverture du 23 mars ou si ils s’appliquaient à la précédente demande de réouverture que Laurent Le Mesle, le prédécesseur de M. Faletti, avait rejeté en octobre 2007.
La nouvelle demande de réouverture, très fouillée, s’appuyait notamment sur la récente jurisprudence Grégory, qui avait amené le procureur général de Dijon à rouvrir l’information sur l’assassinat du petit Grégory car les progrès de la science permettent désormais des recherches d’ADN qui n’étaient pas envisageables lors de la clôture de l’instruction. Dans l’affaire Boulin, une recherche ADN est demandée pour les lettres posthumes attribuées par la justice au ministre, censé les avoir lui-même photocopiées, mises sous enveloppe et timbrées…
De son côté, Fabienne Boulin-Burgeat , dans un courrier adressé ce jour par son conseil au procureur général de Paris, lui fait part "de sa très vive indignation " et du caractère "inacceptable" de la "prise de position cavalière" de madame la Garde des Sceaux.