INSTRUCTION DU 14 MAI 1955
relative à l'application du décret du 22
mars 1955 portant réglementation de la sécurité des
silos et trémies dans les mines, minières et carrières
(1)
Le ministre de l'industrie et du commerce
à
Messieurs les préfets
(copie à Messieurs les ingénieurs en chef
des mines).
Les accidents qui surviennent dans les silos et trémies
appellent par leur gravité exceptionnelle des mesures spéciales
et particulièrement strictes de prévention.
Les risques de chute à l'extérieur à
partir de leurs parties élevées ainsi que ceux présentés
par leurs appareils d'alimentation, de distribution, d'évacuation
et de vidage ne leur sont pas exclusifs et sont justiciables des prescriptions
et précautions édictées et recommandées d'une
manière générale.
Par contre, ils comportent des dangers caractéristiques
qui leur sont propres et sont encore beaucoup trop méconnus, aussi
biens de la maîtrise que de la main-d'œuvre. Ces dangers tiennent
essentiellement à la nature pulvérulente ou grenue des produits
secs ou humides qui y sont accumulés et qui peuvent aller des schlamms
et fines de moins de 1/10 mm, aux sables ayant jusqu'à 3 mm, et
aux grains et graviers de 20 mm et davantage.
II en résulte une diminution insidieuse du pouvoir
portant, dont l'exemple le plus connu est fourni par les sables mouvants
de certaines grèves à marée montante, et l'apparition
du phénomène de boulance dont la conséquence est un
enlisement progressif, le plus souvent aggravé et accéléré
par les mouvements instinctifs que fait l'ouvrier en péril pour
se dégager.
Si, comme il arrive souvent, celui-ci se trouve dans
un creux de la surface libre, il peut aussi provoquer en se débattant
l'éboulement des produits environnants, en équilibre précaire
suivant leur pente d'écoulement, et être complètement
enseveli en quelques instants. Le danger d'éboulement se présente
encore pour des granulométries beaucoup plus élevées
que celles qui créent le danger d'enlisement et il suffit à
justifier les mesures de prévention envisagées.
Les mêmes phénomènes peuvent résulter
du moindre mouvement imprimé aux produits, par exemple par les sauveteurs
s'affairant imprudemment aux abords, même non immédiats, ou
par un vidage par dessous qui produit alors une véritable succion
aspiratrice.
I1 s'ensuit qu'une victime réduite à ses
propres moyens risque de s'enfoncer irrésistiblement dans un milieu
semi-fluide dont la densité apparente est cependant élevée.
Les constatations médicales ont établi que
la mort intervenait alors rapidement par asphyxie et non par étouffement.
Tant que la tête reste dégagée, la contrainte exercée
sur la cage thoracique n'atteint en effet pas la limite admissible de 100
g/cm2, quoiqu'elle puisse être accrue légèrement par
les mouvements respiratoires et considérablement par tout effort
éventuel de dégagement de la victime, qu'il soit effectué
par celle-ci ou par des sauveteurs.
On distingue en effet l'effort de poussée exercée
sur un élément de surface se bornant à retenir le
milieu pulvérulent qui, par exemple, est venu à son contact
par éboulement ou remplissage normal et l'effort de butée
beaucoup plus considérable qui intervient lors de tout mouvement
relatif de l'élément de surface et du milieu pulvérulent
tendant à comprimer celui-ci. Cette différence résulte
des frottements internes.
L'expérience a montré que la situation d'une
victime rapidement secourue par des témoins présents dès
le début, était pour ces raisons le plus souvent aussi désespérée.
Même si la victime est capable de rester immobile dans un milieu
sans éboulement parle bas, et si les sauveteurs, s'abstenant de
descendre sur la surface libre, arrivent à l'encorder sous les bras,
les efforts de traction qu'il faudrait exercer pour l'arracher à
l'emprise des produits atteignent rapidement des valeurs dangereuses. Tandis
qu'ils restent inférieurs à 200 kilogrammes pour un enfoncement
jusqu'aux genoux, ils dépassent facilement plusieurs tonnes pour
un enfoncement jus-qu'aux épaules.
II est ainsi arrivé souvent que les sauveteurs
les plus diligents n'ont pu empêcher l'ensevelissement de la victime
sous les éboulements successifs des talus voisins.
L'évacuation des produits que l'on croit alors
devoir effectuer d'urgence n'a jamais eu que des conséquences néfastes,
que l'on ait eu recours au dispositif normal de vidage ou à des
orifices supplémentaires de secours ou même à des découpages
de tôles au chalumeau.
La pratique prolongée de la respiration artificielle
s'est montrée inefficace sur des victimes qui n'étaient pourtant
restées ensevelies que moins de quinze minutes.
On en est arrivé à proposer de descendre
autour de la victime encordée mais simplement soutenue, un cuvelage
d'au moins 60 cm de diamètre et de chercher à enfoncer celui-ci
comme une trousse de forage grâce à des puisages appropriés
tant intérieurs qu'extérieurs. Encore faudrait-il que la
mise en place certainement délicate d'un matériel pesant
tenu constamment prêt fût faite avec la rapidité désirable.
Cette méthode de sauvetage n'a pas encore fait ses preuves.
On doit conclure à la nécessité impérative
de s'opposer d'une manière absolue à tout début d'enlisement
et à toute possibilité d'ensevelissement.
Tel est le but des prescriptions ci jointes qui sont applicables
aux silos et trémies de plus de 1,5 m de profondeur et appellent
les instructions et commentaires suivants.
Les enlisements dans les silos, trémies, accumulateurs
et installations analogues sont toujours dus à l'une des deux causes
suivantes:
I. - La victime est tombée intempestivement dans
un silo ou une trémie ouvert soit qu'elle assurât le service,
soit qu'elle ait simplement circulé à proximité;
II. - La victime a pénétré dans la
trémie et s'est trouvée sur la surface libre des produits
soit par imprudence, soit à la suite d'une chute ou d'une perte
d'équilibre.
Ces deux causes appellent tout d'abord les mêmes
mesures de deux ordres:
a) I1 importe que tout le personnel intéressé
soit instruit des risques inhérents aux silos et trémies.
Les informations développées ci-dessus et ci-après
peuvent fournir la matière d'enseignements capables de frapper les
esprits et de leur faire prendre conscience d'un danger mortel encore ignoré
de beaucoup.
La conviction selon laquelle on peut sans danger s'aventurer
sur les produits, d'autant plus qu'ils sont rendus résistants par
le blocage lui-même, doit être combattue avec énergie.
Celui-ci comporte souvent immédiatement au-dessus de l'orifice d'écoulement
un vide surmonté d'une voûte que le seul poids d'un ouvrier
ou le moindre coup de ringard suffit à faire écrouler. De
sorte qu'aux risques d'enlisement par pouvoir portant insuffisant et d'ensevelissement
par éboulement s'ajoute celui tout aussi grave d'un effondrement
qui a déjà été à lui seul la cause de
nombreux accidents mortels.
Des affiches et des pancartes convenablement établies
et apposées s'opposent utilement à l'oubli et à l'accoutumance.
Le recours périodique à cet enseignement de la sécurité
dans le cadre de la formation professionnelle est indispensable. Cependant,
ces moyens d'ordre personnel ne sauraient suffire;
b) I1 est nécessaire de prendre des mesures matérielles
ne faisant pas appel à la main-d'œuvre et palliant des défaillances,
même passagères, en empêchant, d'une part, les chutes,
d'autre part, la pénétration à l'intérieur.
Pour les silos et trémies clos, la solution réside
dans le verrouillage de toutes les trappes, fenêtres et autres ouvertures
dont on pourrait craindre qu'elles laisseraient passer le corps d'un adolescent,
les clefs en étant détenues par un agent de maîtrise
désigné comme responsable.
Pour les silos et trémies ouverts dans lesquels
la reprise s'effectue par -dessous, la meilleure solution consiste en une
grille de résistance suffi-sante, en obturant totalement la partie
supérieure et solidement fixée à demeure à
celle-ci.
I1 parait difficile de préciser des normes uniformes,
les dimensions et modalités devant plutôt être adaptées
à chaque cas d'espèce. On ne peut donner ici que des indications
très générales.
Aucune circulation normale du personnel ne doit avoir
lieu sur la grille et l'écartement des barreaux ou les dimensions
des mailles doivent être suffisamment petits pour éviter le
passage du pied tout en permettant celui des ringards, perches ou barres
métalliques utilisés pour rétablir par piquage un
écoulement normal des produits occasionnellement entravé.
Les vibrateurs portatifs sont de dimensions plus importantes et il serait
inadmissible d'y adapter l'écartement des barreaux ou la grandeur
des mailles; il convient de les passer une fois pour toutes en dessous
de la grille et de les y accrocher avec leur emmanchement.
Il est recommandable que l'alimentation en produits se
fasse en dessous de la grille à l'aide d'un dispositif convenablement
protégé et ne permet-tant pas d'accéder à l'intérieur
du silo.
On utilise parfois des rangées de barreaux souples
ou même de câbles parallèles. De tels systèmes
ne sauraient constituer une protection efficace et doivent être proscrits,
même si on dispose l'une au-dessus de l'autre deux rangées
de directions perpendiculaires.
Les grilles doivent être suffisamment fortes pour
résister à la chute d'un corps humain à partir des
points les plus hauts qu'on doive raisonnable-ment envisager. Un simple
grillage serait très insuffisant.
L'installation de grilles efficaces doit être en
principe toujours exigée sur tous les silos et trémies ouverts,
quelles que soient l'ancienneté de leur construction et la date
de leur mise en service.
On ne devra tolérer leur absence que dans des
cas exceptionnels et pour de sérieuses raisons techniques et encore
à la condition que d'autres moyens efficaces empêchent totalement
les chutes intempestives et entra-vent sérieusement la pénétration.
A défaut d'un rebord de la trémie elle-même
dépassant suffisamment la passerelle de service ou le passage de
circulation le plus élevé, un garde-corps ne sera admis que
s'il est de hauteur et résistance suffisants, constitué de
manière à ne pouvoir être renversé, protégeant
sans lacune la totalité du périmètre ainsi desservi
et en débordant nettement les extrémités.
L'interdiction de la pénétration en service
normal conduit à déconseil-ler l'établissement de
portes d'accès, de trappes, de trous d'homme, etc. sur les parois
verticales ou obliques. Si des raisons techniques en imposaient, ils devraient
être constamment fermés et verrouillés, les clefs étant
détenues par un agent de maîtrise désigné comme
responsable.
Des accidents sont résultés de la pénétration
par l'orifice normal d'écoulement des produits dans un silo estimé
vide. L'éboulement d'une seule nappe de produits retenus par les
parois, suffit à entraîner l'ensevelissement de l'imprudent.
On veillera donc à ce qu'une telle pénétration soit
toujours impossible en complétant si nécessaire les installations
par un obstacle efficace.
Nombre d'accidents mortels ont une raison futile; la victime
se proposait par exemple d'aller reprendre un outil ou un vêtement
lâché par mégarde.
Mais la raison pour laquelle on désire le plus
souvent pénétrer dans un silo ou une trémie réside
dans l'arrêt de l'écoulement régulier des produits
par suite d'un engorgement, d'un blocage, de la formation d'une voûte
au-dessus de l'orifice d'écoulement;
1° Une construction et une installation rationnellement
adaptées aux produits permettent de réduire sinon de supprimer
cette cause première de la grande majorité des accidents
mortels;
2° Sinon, il convient d'y pourvoir par des dispositifs
ou procédés appropriés permettant de rétablir
l'écoulement normal sans avoir à pénétrer à
l'intérieur;
3° Enfin, si la mise en œuvre de ces dispositifs
ou procédés échoue et que la pénétration
dans un silo ou trémie non entièrement vide s'avère
indispensable, il faut absolument qu'elle soit faite avec toutes les précautions
nécessaires.
La pénétration peut également être
motivée par l'exécution d'un entre-tien ou d'une réparation;
les mêmes principes sont alors applicables.
I. - Adaptation rationnelle de la construction
et de l'installation aux produits stockés.
Il s'agit avant tout de la forme géométrique
à donner à l'intérieur du silo. Du coefficient de
frottement interne du produit résulte la pente naturelle d'équilibre
qui peut être relativement bien définie si la granulométrie
est homogène et l'humidité constante. Mais elle peut devenir
imprécise si l'humidité varie et surtout si, cas fréquent,
la granulométrie est hétérogène. Pour peu que
(alimentation ne soit pas centrale et isotrope, surtout dans un plan vertical
comme il arrive par exemple avec les bandes transporteuses, il se produit
inévitablement un véritable classement des différentes
granulométries, aboutissant à la ségrégation
des gros grains aux parties externes et inférieures des tas constitués.
Dans tous les cas, il est essentiel que les parois internes
aient partout une pente, non pas au moins égale à la pente
naturelle d'équilibre que l'on constate notamment lors du remplissage,
mais nettement supérieure à celle-ci.
Il faut en effet tenir compte du frottement sur les parois
qui peuvent être très rugueuses par exemple dans les silos
en béton ou comporter des facteurs de rétention tels que
les rivets des silos métalliques. Les tôles sont elles-mêmes
favorables au glissement. I1 faut bien entendu éviter toute cornière,
toute entretoise intérieures. Les échelles fixées
à la paroi intérieure du silo ou de la trémie constituent
également un élément important de rétention
concourant à la production des incidents d'exploitation auxquels
elles prétendent ultérieurement remédier; c'est pourquoi
on tend de plus en plus à les supprimer.
Les fonds plats ou les parties horizontales autour de
l'orifice d'écoule-ment retiennent facilement des produits qui peuvent,
à moins de purgea-ges aussi fastidieux que pénibles sinon
même dangereux, s'agglomérer, se détériorer
et se désagréger ensuite en blocs produisant des obstructions;
ils
sont donc à éviter à moins d'être équipés
de dispositifs efficaces y remédiant.
Un silo rationnel est par exemple constitué par
un cylindre vertical de révolution terminé à sa base
par un cône également de révolution dont le demi-angle
au sommet est nettement inférieur au complément de l'angle
de frottement interne. L'alimentation à la partie supérieure
est centrale et aussi isotrope que possible. Des goulottes à clapets
ou des entonnoirs verticaux permettent de réduire ou même
de supprimer à cet effet la vitesse horizontale des produits. L'écoulement
à la partie inférieure est également central sans
parties horizontales environnantes. De tels silos maintenant classiques
présentent rarement des arrêts de l'écoulement régulier
des produits.
On recourt cependant encore beaucoup, surtout dans l'industrie
minérale, aux sections rectangulaires. Dans ce cas, c'est la section
carrée qui doit être recommandée, parce que plus favorable,
tant par son meilleur rapport de la surface au périmètre
qu'au point de vue de la pente accrue des faces de la pyramide terminale
inférieure. Il faut cependant retenir ici que certains filets d'écoulement
des produits, qui se comportent effectivement comme ces fluides, suivent
les arêtes de la pyramide. La pente de celles-ci sur l'horizontale
doit donc être supérieure à la pente naturelle d'équilibre.
Une pratique excellente, quoique augmentant peut-être encore le nombre
déjà plus élevé des rivets des silos quadrangulaires,
consiste à arrondir tous les dièdres intérieurs à
50 cm de rayon au moins.
Les silos rectangulaires de grande longueur sont moins
favorables, à moins d'être partagés en une série
de silos quadrangulaires indépendants, solution meilleure que celle
d'un silo unique à orifices multiples disposés en ligne à
la base du dièdre terminal inférieur. On a pu cependant mettre
à l'avantage de celui-ci que l'ouverture d'un orifice produisait
parfois le rétablissement de l'écoulement par l'orifice immédiatement
voisin qui s'était engorgé ou bloqué.
Les silos dont les faces inférieures n'ont pas
toutes la même inclinaison, les unes pouvant par exemple être
verticales, ne donnent presque jamais de bons résultats. Il en résulte
en effet une situation latérale de l'orifice d'écoulement,
but souvent même poursuivi, et un écoulement dissymétrique
des produits. A plus forte raison doit-on déconseiller les orifices
d'écoulement sur parois latérales obliques ou sur rallonges
horizontales que l'on voit parfois rajouter à la base pour des considérations
d'emplacement ou de liaison avec l'appareil d'évacuation et qui
témoignent d'une mauvaise conception initiale.
Ce peut être ici le lieu de signaler la solution
originale adoptée récemment pour un silo à charbon
pulvérisé. Afin de ménager une meilleure progressivité
de la section horizontale décroissante offerte à l'écoulement
des produits, on a disposé dans la partie inférieure un noyau
central pointu vers le haut, qui réduit sans doute la capacité
d u silo, mais dont l'intérieur a pu, en outre, et grâce aux
grandes dimensions de l'ensemble, être rendu accessible d'une manière
sûre à un ouvrier dès lors bien placé pour procéder
par des orifices dirigés vers le bas au piquage d'un engorgement.
On peut également rattacher à la simple
construction du silo les moyens de se rendre compte de l'état de
son remplissage : éclairage établi à la partie supérieure
en tarit que de besoin, mais alors suffisamment puissant, bien orienté
et abrité, muni d'écrans convenables. La solution classi-que
des regards de petites dimensions sur les parois latérales est parfaitement
admissible. On doit cependant signaler les récents dispositifs électroniques
à électrode palpeuse qui ont déjà fait leurs
preuves.
Dans les cas de matières sèches combustibles,
les silos et trémies doi-vent être construits en matériaux
résistant au feu; l'éclairage doit y être de sécurité
à l'égard des gaz, poussières ou mélanges à
redouter.
II. - Dispositifs et procédés permettant
d'assurer ou de rétablir l'écoulement normal des produits
sans pénétrer à l'intérieur du silo ou de la
trémie.
a) VIBRATIONS. - On a déjà disposé
avec succès sur les parois inférieures des silos, aux points
enseignés par la pratique, des vibrateurs dont l'action est transmise
soit directement à la paroi immédiatement voisine, soit à
un noyau intérieur flottant, convenablement situé et relié.
On cherche maintenant à utiliser des vibrateurs portatifs ou même
de simples marteaux pneumatiques.
On peut reprocher aux uns et aux autres, le bruit intense
qu'ils produisent, la nécessité qu'ils imposent de renforcer
la construction et leur efficacité rapidement décroissante,
lorsque les volumes augmentent. Sous ces réserves, les vibrations
peuvent évidemment être employées d'une manière
constante en service normal et remédier dans une certaine mesure
à la conception défectueuse ou à la mauvaise construction
d'un silo de type ancien.
b) BRASSAGE INTÉRIEUR. - Un écoulement régulier
des produits peut être recherché par brassage intérieur
à l'aide de palettes, agitateurs, etc. ou par vis d'Archimède.
Mais pour éviter les ruptures, un déclenchement en cas de
blocage est alors nécessaire et le rétablissement ultérieur
de condi-tions normales peut être laborieux.
c) AIR SOUS PRESSION. - Son emploi inconsidéré
risque de soulever beaucoup de poussières ce qui appelle des silos
et trémies clos. I1 convient de réduire toujours la pression
au minimum compatible avec l'efficacité. L'air comprimé peut
être amené aux points névralgiques du silo par des
canalisations établies à demeure. Mais l'enfoncement, vertical
ou non, d'une canne soufflante dans une agglomération de matières
pulvérulentes y progresse en général mieux qu'un ringard
de piquage et suffit à la désagréger. On est arrivé
à obtenir des enfoncements de près de dix mètres qui
nécessitent alors un guidage au départ.
L'emploi fréquent et même permanent de l'air
sous faible pression per-met de mettre en turbulence la masse pulvérulente
et d'en assurer l'écoul-ment régulier en supprimant les blocages.
On ne signalera que pour mémoire l'emploi de l'eau
sous pression qui ne doit être pratiqué qu'après essais
préalables
ayant établi l'efficacité dans le cas particulier.
d) CHAUFFAGE. - Le gel des produits même peu humides,
particuliè-rement à craindre en certaines régions
ou en altitude, entraîne des blocages qui se produisent surtout pendant
les interruptions de travail (jours fériés ou nuits).
I1 faut alors disposer latéralement ou centralement
des engins fixes de chauffage, radiateurs à vapeur ou à eau,
plus rarement résistances électriques, et se souvenir que
la transmission de la chaleur et plus encore la résolution du blocage
peuvent demander beaucoup de temps.
e) PÉTARDAGE. - L'introduction de cartouches d'explosif
de faible puissance (la poudre noire suffit largement) peut être
admise si elle est faite avec les précautions nécessaires
et seulement après l'échec des autres procédés.
On peut rapprocher des trous latéraux de ringardage
les petits orifices circulaires de 40 à 70 mm de diamètre,
que l'on dispose dans certains pays sur les parois latérales des
silos pour y passer le fleuret d'un marteau perforateur ou une barre à
mine. On obtient ainsi en milieu suffisamment compact, un véritable
trou de mine que l'on charge ensuite faiblement par ledit orifice qui est
à cet effet bagué de cuivre, laiton ou bronze.
Dans le cas de matières sèches combustibles,
l'envoi d'air sous pression, l'installation de résistances électriques
chauffantes, le pétardage sont interdits.
III. - Précautions à prendre lors de la
pénétration
dans un silo ou une trémie.
Avant d'exécuter une réparation ou un entretien
dans un silo ou une trémie, il faut en effectuer le purgeage complet.
Le soin pris dans la construction et l'installation, la mise en œuvre des
dispositifs et procédés indiqués, favorisant le vidage
sans pénétration, peuvent déjà réduire
notable-ment sinon supprimer entièrement le purgeage nécessaire.
S'il subsiste encore des nappes de produits accrochées aux parois,
il faudra les faire tomber en prenant les précautions indiquées
ci-après et les évacuer.
En cas d'arrêt dans l'écoulement des produits,
on doit d'abord toujours appliquer méthodiquement et avec insistance
les divers procédés indiqués, en cherchant ainsi à
le rétablir sans s'introduire à l'intérieur. Ce n'est
qu'après un échec persistant de toutes les méthodes
applicables, dûment constaté par l'agent de maîtrise
désigné comme responsable, qu'on se résoudra à
pénétrer dans un silo plus ou moins rempli de produits.
La pénétration doit se
faire exclusivement par la partie supérieure. Les grilles de protection
et les garde-corps qui y sont établis doivent à cet effet
comporter soit une trappe amovible par emboîtement ou par charnière,
soit un portillon.
Seul 1'agent de maîtrise désigné
comme responsable doit être en mesure de procéder à
leur déverrouillage à l'aide des clefs dont il est seul à
disposer.
II doit alors prendre effectivement la direction des
opérations suivant une consigne approuvée par l'ingénieur
en chef des mines. Celle-ci devra s'inspirer des principes suivants
1° L'agent de maîtrise doit assister personnellement
à la totalité des opérations et ne se retirer qu'après
s'être assuré qu'il n'y a plus aucun ouvrier dans le silo
ou la trémie et avoir verrouillé lui-même à
nouveau toutes les trappes et portillons. Il doit se faire aider par un
nombre convenable d'ouvriers et ne pas descendre lui-même dans la
trémie;
2° Avant le déverrouillage des trappes de
descente ou des portillons d'accès, l'agent de maîtrise doit
procéder lui-même au blocage et verrouillage de tous les engins
d'alimentation.
L'ouverture et la fermeture des orifices d'évacuation
ainsi que la mise en marche et l'arrêt des engins de déblocage
sont effectués à son seul commandement et par un ouvrier
confirmé convenablement instruit et posté par lui;
3° Avant le commencement de la descente, l'agent
de maîtrise doit pourvoir à un éclairage satisfaisant
et à l'évacuation des vapeurs et gaz nocifs pouvant se trouver
dans le trémie. Il doit s'assurer que les poussières sont
suffisamment déposées ou éliminées et que le
masque antipoussières, mis en tant que de besoin à la disposition
de l'ouvrier, est bien ajusté par celui-ci;
4° Le plus souvent la descente d'un seul ouvrier
suffit à remédier à l'incident d'exploitation. Le
meilleur procédé consiste à utiliser une corbeille
ou sellette descendue, à l'aide d'un treuil ou d'un pont roulant
comportant les sécurités et actionné avec les précautions
nécessaires. Bien que l'engin de descente soit aménagé
de manière à éviter toute chute de l'ouvrier, celui-ci
doit être muni dune ceinture de sûreté ou dispositif
équivalent éprouvé et correctement mis. La longe ne
doit pas être attachée au câble de suspension, mais
elle doit être constamment tendue aussi verticale que possible par
les soins d'un aide confirmé. Lorsque la descente a atteint le point
voulu et avant que l'ouvrier commence ses opérations, la longe et
le treuil sont immobilisés d'une manière sûre. La remontée
se fait suivant les mêmes principes;
5° La descente à l'aide d'échelles
verticales ou obliques, fixées à la paroi intérieure
du silo ou de la trémie, est déconseillée, même
si leur utilisation s'accompagne de l'emploi d'une ceinture de sûreté.
Tout d'abord elles sont constamment soumises à la corrosion de produits
en mouvement et qui sont plus ou moins abrasifs. Les usures qui en résultent
par-fois rapidement, tant sur leurs fixations que sur leurs montants et
leurs barreaux, peuvent être une cause imprévue d'accident.
De plus, l'ouvrier qui s'y trouve est toujours dans une position incommode,
face à la paroi et en équilibre précaire. Devant agir
en général au centre du silo et se trouvant latéralement,
il doit par exemple manœuvrer un ringard non verticalement, ce qui nécessite
des efforts pénibles et la libre disposition des deux mains. I1
faudrait alors qu'en plus de la ceinture de sûreté, il s'amarrât
à l'échelle par mousqueton, sans pouvoir pour autant se tourner
aisément vers les piquages à effectuer.
La dispositions autour de l'échelle, de treillages
antichutes, sans présenter ici d'efficacité réelle,
ne ferait que rendre le travail quasi impraticable. Enfin l'échelle
plonge le plus souvent dans les produits et la tentation subsiste de prendre
pied sur ceux-ci, ce qui doit être formellement interdit, ou mieux
rendu impossible.
L'utilisation et même la disposition d'échelles
amovibles posées ou non sur les produits, fussent-elles munies de
patins ou accrochées aux parois doit être formellement interdite.
II en est de même des échelles de corde, des cordes lisses
ou à nœuds, etc.;
6° II est essentiel qu'au cours de toutes les manœuvres
et opérations, l'ouvrier reste toujours nettement au-dessus des
parties supérieures des amas de produits les plus élevés.
I1 ne doit être descendu plus bas et par paliers qu'au fur et à
mesure que ces amas sont tombés. II ne doit ainsi jamais pouvoir
prendre appui ni directement ni indirectement sur les produits. C'est à
l'agent de maîtrise dirigeant les opérations qu'il appartient
d'assurer le respect de ces principes intangibles.
Le ministre de l'industrie et du commerce
Par délégation
Le président de section,
chef de l'inspection générale des mines,
G.DUVAL