Comme d’habitude, beaucoup de ministres ont été parmi les derniers informés. Dimanche, Jean-Marie Bockel (sorti) déjeunait en famille à Mulhouse. Maurice Leroy (entrant) a pris à toute allure le TGV pour revenir de la Côte atlantique. Il se voyait à l’espace rural, il aura la Ville. Fadela Amara (sortie) déjeunait dans un restaurant parisien et ne se faisait déjà plus d’illusions. Valérie Pécresse rêvait de remplacer à la Justice Michèle Alliot-Marie, promue au quai d’Orsay. Alain Marleix (sorti) se voyait déjà aux relations avec le Parlement. Michel Mercier n’était pas certain d’être de l’équipe suivante. Prudente, Anne-Marie Idrac (sortie) ne prévoyait à son agenda rien d’autre que les obligations parlementaires. Tous attendaient un message sur leur portable, un sms, un rendez-vous. Hervé Morin (sorti) a fait croire la veille à ses amis qu’il resterait ministre.
Les proches de Borloo (Létard, Daubresse) attendent la décision de leur patron. Pierre Lellouche (passe à Bercy) prépare un voyage à Weimar pour le mardi. Eric Woerth (sorti) veut encore y croire. Patrick Devedjian (sorti) pense à sa défaite programmée à la fédération UMP des Hauts-de-Seine, le lundi soir. Gérard Longuet espère toujours quitter le Sénat pour le gouvernement et Jean-Claude Gaudin a déjà claironné qu’il accepterait de se sacrifier pour le remplacer à la tête du groupe UMP… Juppé, lui, a déjà annoncé son retour aux Bordelais.
Mais en milieu d’après-midi, coup de théâtre : Borloo s’en va, ses amis du Parti radical aussi. Il faut donc donner un lot de consolation aux centristes. Ce sera le ministère de la Justice. Mais avec qui ? En moins de deux heures, le choix s’arrête sur Michel Mercier. Pas de chance pour Pécresse, qui reste à l’enseignement supérieur. Lundi, Mercier ministre de l’espace rural devait inaugurer un distributeur de billets à Chessy-les-Mines, dans le Rhône. Il devra se plonger dans la réforme de la garde à vue, sur laquelle il a sûrement des idées arrêtées.