Dans son interview télévisée du 12 juillet, Nicolas Sarkozy a consacré un passage surréaliste à la Cour des Comptes, assurant : « j’ai voulu nommer à la tête de la Cour des Comptes un député socialiste » sans préciser qu’il ne l’avait fait que parce que le précédent premier président de la Cour, Philippe Séguin, était mort. Puis il a évoqué les nominations précédentes : « M. Joxe était l’ami du président de la République » (François Mitterrand) et « M. Séguin était l’ami du président de la République » (Jacques Chirac).
Alors là, Nicolas Sarkozy , outre que réduire Séguin à son amitié pour Jacques Chirac manque singulièrement de classe vis-à-vis d’un mort, a perdu la mémoire. Car Philippe Séguin avait été nommé premier président de la Cour des Comptes lors du Conseil des ministres du 21 juillet 2004, « sur proposition du ministre de l’Economie », un certain… Nicolas Sarkozy. Mieux : le 14 juillet 2004, après la phrase assassine de Chirac sur Sarkozy (« je décide, il exécute ») Philippe Séguin avait été rongé par le doute : il était persuadé que Sarkozy risquait de démissionner et que sa démission remettrait en cause sa propre nomination. Il estimait donc qu’il la devait davantage à Sarkozy qu’à Chirac.