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Risque de conflit d’intérêt pour Frère

mardi 3 août 2010
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Le milliardaire belge Albert Frère s’apprête à entrer dans le capital du troisième armateur mondial, la compagnie marseillaise CMA-CGM. Ce faisant, il ne tient aucun compte du conflit d’intérêt que ne manquera pas de provoquer son association dans cette opération avec le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), dont il vient d’embaucher le patron.

Coutumier des opérations financières à gros rapport, ce self-made-man (la légende veut qu’il ait commencé en vendant des clous), né en 1926 en Wallonie, fit, dès l’âge de 30 ans, l’acquisition d’entreprises sidérurgiques. Lorsque s’annonce, à la fin des années 70, la crise de l’acier, il vendit ses entreprises sidérurgiques à l’état belge, qui assuma seul les lourdes charges de la reconversion des salariés.

Frère réinvestit alors dans la banque, l’assurance, l’énergie, les médias… Il créé en 1981, avec l’aide du financier canadien Paul Desmarais, la holding suisse Pargesa, profitant du chaos créé par les nationalisations bancaires voulues par le président François Mitterrand.

Papy flingueur du capitalisme européen

Albert Frère achète en 1982 le Groupe Bruxelles Lambert (GBL). Il prend une participation dans la compagnie pétrolière Total (à hauteur de 4%, ce qui en fait le premier actionnaire), dans le groupe financier et industriel Suez (à hauteur de 7,2% ; 8,3% en 2006), le cimentier Lafarge (21,1%), dans lequel sa participation monte sensiblement depuis la fin 2005.

En 2007, la fortune d’Albert Frère était estimée à 3,1 milliards d’euros. Frère est le seul Belge présent dans la liste des personnalités les plus riches du monde, établie par le magazine Forbes.

En 2008, Albert Frère et son associé Paul Desmarais ont été faits "Grand Croix de la Légion d’honneur" par le président Sarkozy, dont ils sont proches. Ils étaient tous deux parmi les invités du Fouquet’s au soir du 6 mai 2007.

Un armateur au bord du naufrage

La CMA-CGM, lestée de 5 milliards d’euros de dettes est en grave difficulté, d’autant que son patron Jacques Saadé, avait, avant la crise, passé commande d’une dizaine de porte-conteneurs géants, qu’il va falloir régler sous peine de perdre les copieuses (les arrhes étant déjà payées)… Plusieurs tentatives de sauvetage de l’armateur ont échoué, notamment en raison du refus de M. Saadé de partager le pouvoir. Depuis la semaine dernière, un projet de recapitalisation associant le groupe Albert Frère et le FSI est annoncé. Le FSI, fonds souverain à la française, est une création du président Sarkozy, associant depuis décembre 2008, la Caisse des dépôts et Consignations et l’Etat, avec à sa tête Gilles Michel.

Selon le schéma présenté au tribunal commercial de Marseille, le principal holding du groupe Frére, la CNP (Compagnie Nationale de Portefeuille) s’apprête à mettre 300 millions d’euros dans un pot commun avec le FSI, qui investirait de son côté 200 millions d’euros, afin de prendre 30 % du capital du troisième armateur mondial. Ce montage est considéré comme aléatoire : Au cas où la reprise économique mondiale s’essouflerait, les taux de frêt s’effondreront à nouveau, et la CMA-CGM n’échappera pas au naufrage. De là à supposer qu’Albert Frère a obtenu auprès du FSI des conditions particulières lui évitant des pertes …

Conflit d’intérêt

En juin de cette année, IMERYS, une filiale détenue à 56% par M. Frére, annonce avoir choisi son nouveau PDG, Gilles Michel, l’actuel patron du FSI. Un communiqué du 30 juillet du conseil d’administration d’IMERYS précise que M. Michel prendra ses fonctions chez M. Frére à l’automne 2010. Il se trouve que M. Frére et le FSI , ainsi que la Caisse des Dépôts et Consignations, ont déjà été partenaires dans plusieurs opérations qui ont défrayé la chronique. Bakchich a rendu compte des soupçons qui entourent l’achat par la Caisse des Dépôts de la chaine belge de restauration rapide Quick à un moment où Albert Frère souhaitait monter dans le capital de Suez, lors de la privatisation de Gaz de France.

Savoir que l’actuel patron du fonds souverain à la française est responsable d’un co-investissement (avec des capitaux publics, au nom de l’Etat français), avec son nouvel employeur peut jeter la suspicion sur l’ardeur et la sincérité avec laquelle les intérêts français sont défendus. Comment les intérêts particuliers de M. Frére pourraient-ils converger avec ceux de l’Etat français ?

Cette divergence est d’autant plus flagrante que M. Frére prétend depuis le mois de juin avoir été spolié lors de la cession par le FSI du groupe fromager Entremont dans lequel il détenait une participation minoritaire. Avec cette nouvelle association pour recapitaliser la CMA-CGM, le milliardaire belge trouve là une bonne occasion de "se refaire".

L’Elysée suit de très près le dossier CMA-CGM et M. Michel n’a sûrement pas été nommé à la tête du FSI pour contrer ce qui se décide au Palais. Eric Woerth et sa double casquette de trésorier de l’UMP et de ministre du budget n’étant donc pas un cas isolé. Qu’en pense le si sourcilleux jeune ministre du Budget Baroin ? Et la grande avocate d’affaires américaine ministre de l’Economie Christine Lagarde ?

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