Depuis des années, le Front National colle des affiches avec comme slogan « Le social, c’est le Front National ». Pendant les campagnes électorales, on voit même Marine Le Pen arpenter les sorties d’usines menacées de fermetures pour apporter son soutien aux ouvriers et dénoncer les patrons voyous. Ce que n’omet d’ailleurs pas de souligner Le Monde ( 5mars 2010) en titrant à propose des Régionales sur "la campagne très sociale de Marine Le Pen" dans le Pas-de-Calais"
Dans le même mouvement ou presque, le 30 mars prochain, cinq anciens salariés du FN vont, eux, se présenter devant le tribunal des prud’hommes de Nanterre. Anciens cadres ou simples employés, tous contestent les méthodes de licenciement dont ils affirment avoir été été victimes. Licenciements pour faute lourde pour les uns, licenciements économiques déguisés pour les autres ou encore non-paiement des heures supplémentaires. Des procédés dignes des multinationales que dénonce si fort le parti de la « France aux Français » devant les caméras.
Par ailleurs il ne fait pas bon vouloir devenir représentant du personnel surtout lorsque, c’est contre les représentants désignés par la direction du FN. Pour ne pas en avoir tenu compte, le directeur de l’atelier graphique et le directeur national du FN Jeunesse ont eu la mauvaise surprise de se voir licenciés pour faute lourde au lendemain du dépôt de leurs candidatures. Pour un motif contesté les intéressés.
S’en suivra un an de chicanes entre les deux salariés et la direction du Front. Placardisés, sans bureaux, sans ordinateurs, interdits d’accès aux locaux, interdits de sortir parfois, les deux mutins vont faire constater par huissier les entraves dont ils sont victimes pour se rendre sur leur lieu de travail. Pour tromper leur inactivité forcée, les deux compères tenteront même de monter une cellule CFTC, un journal syndical sera même lancé un temps… Du jamais vu au FN !
En 2008, profitant la débâcle financière qui a suivi les mauvais résultats des élections législatives, le FN licencie une petite moitié de ses cinquante permanents et requalifie les deux licenciements pour fautes lourdes en licenciements économiques. La manœuvre n’a pas l’effet escompté les deux "félons "ne désarment pas et persistent à assigner le FN et Jean-Marie Le Pen devant le tribunal des prud’hommes.
Dans cette charrette, on trouve surtout les petites mains du « Paquebot » et la direction, pour sauver ce qui peut l’être, fait le choix des amis du premier cercle plutôt que des compétences. Des postes sont supprimés sans pour autant disparaître comme celui de la préposée aux adhésions qui passe ses journées à mettre à jour le fichier des adhérents. Après quatre ans de dévouement à sauver la France elle finit, elle aussi à trouver à son éviction un parfum d’injustice et de favoritisme. Et d’engager une procédure devant les tribunaux pour contester la réalité de son licenciement « économique ».
Au Front national, les heures supplémentaires, on ne connaît pas : car c’est du militantisme ! Donc pas question de les comptabiliser. Le responsable de la sécurité du Paquebot et le chauffeur de Bruno Gollnisch n’ont jamais été avares de leur temps. Sur le pont pratiquement 24h sur 24 pendant des années, les trente-cinq heures ne sont pour eux qu’une lointaine abstraction. Aussi quand le FN décide de les virer sans ménagement, comprennent-ils ,un peu tard, qu’on ne les y prendra plus…
Pour l’heure ils refusent le solde de tout compte qui leurs est chichement octroyé. La douloureuse pourrait s’avérer particulièrement lourde pour le FN, si les Prud’hommes décidaient de leur donner raison. A eux cinq, ils réclament un peu plus de 850 000 euros à leur ancien employeur. De quoi creuser, encore un peu plus, le passif de la PME familiale et…si sociale !
Pierre Jardin
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