L’opération « Borloo à Matignon » a-t-elle du plomb dans la mèche ? L’actuel ministre de l’Écologie s’était annoncé lui-même au poste de Premier ministre avant l’été, en assurant à certains de ses interlocuteurs qu’il avait reçu des assurances de Nicolas Sarkozy et que, s’il n’était pas nommé, il quitterait la politique.
Depuis, Sarkozy souffle le chaud et le froid, et plus personne ne sait si Borloo, portant en bandoulière son centrisme, son radicalisme, sa social touch et ses bonnes relations avec les syndicats, remplacera Fillon.
Mais Borloo a laissé des plumes, coincées dans le blocage des raffineries, laissant dire qu’il n’y avait pas de pénurie, à l’heure où les Français, un peu ronchons, faisaient la queue dans les stations-service. À Matignon, on a peu apprécié. Les collaborateurs de François Fillon et de Jean-Louis Borloo se sont sévèrement expliqués, les premiers n’étant pas fâchés de faire dégringoler la cote du second. Depuis, des ministres sont montés au front médiatique pour rattraper le coup : Marc-Philippe Daubresse dans le Figaro, Fadela Amara dans le Parisien (celle-ci qualifiant au passage Fillon de « bourgeois de la Sarthe ») sont venus dire que, pour eux, pas de doute, c’est Borloo qu’il faut à la France.
L’intéressé, qui soigne une coiffure un peu plus sage et boit de l’eau à table, assure qu’il n’a jamais, au grand jamais, parlé de Matignon avec le Président. Il préfère qualifier de « boules puantes » les attaques et les doutes de ceux qui pensent que, s’il va à Matignon, le grand bazar est garanti. Or, à dix-huit mois de la présidentielle, Sarkozy ne peut prendre aucun risque. Sauf surprise, le remaniement ne devait pas intervenir avant l’Armistice, le 11 novembre. Un signe d’apaisement ?