Comme chaque année, le prix de l’audace créatrice – eh oui, cela existe ! – était décerné à Matignon, le samedi 18 septembre, par François Fillon. Une petite sauterie à laquelle aucun ministre n’a cru bon de participer. De rares journalistes avaient fait le déplacement, dont un Jean-Pierre Elkabbach fringant, accompagné d’une charmante et jeune créature.
Un peu désabusé, le Premier ministre se dit « libéré », déjà « en vacances ». Il est entouré de ses vrais fidèles, de nombreux polytechniciens et industriels, dont le patron de Dassault. Peu de représentants du monde financier, à l’exception d’un Alain Minc un peu esseulé dans le rôle du traître de service. « Ils n’attendent qu’une chose à l’Élysée : une bavure, un gros pépin dont ils pourraient me faire porter le chapeau », a confié Fillon ce jour-là à ses proches.
On l’aura compris, le Premier ministre est pressé d’en finir. Au début de l’été, il avait fait savoir à Sarkozy qu’il souhaitait partir depuis trois mois déjà. Le chef de l’État lui avait alors demandé de rester jusqu’au vote du projet de loi sur les retraites en lui faisant miroiter un joli point de chute : la présidence de l’UMP ou celle du groupe parlementaire.
Et depuis, aucune nouvelle venue de l’Élysée : « Apparemment, poursuivait Fillon samedi devant ses amis, je ne suis plus dans le coup, cela se passe au-dessus de moi. » Au point de tout ignorer du nom de son successeur. « La rumeur, prétend-il, a même donné le nom de DSK. » Une certitude, ce ne sera pas Fillon qui rempilera.